Stealthing : cette effrayante agression sexuelle à laquelle beaucoup (trop) de femmes se retrouvent confrontées…
Dans une société où les violences faites aux femmes (et aux hommes) sont de plus en plus dénoncées, certaines pratiques semblent pourtant contourner les lois. Il est grand temps de venir à bout des « oui mais elle a pas dit non explicitement » ou des« oui mais elle avait l’air d’accord » … On va vous simplifier la compréhension : du sexe consensuel c’est du sexe. Du sexe non consensuel c’est du viol. Et quand le préservatif est retiré sans l’accord du partenaire c’est … du stealthing. Donc une agression sexuelle.
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Le stealthing, une pratique répandue sur les campus universitaires
Le terme stealth signifie furtif en français. C’est donc une pratique qui consiste à retirer le préservatif pendant l’amour, sans l’accord de son ou sa partenaire. Le stealthing est très répandu notamment aux États-Unis où beaucoup d’étudiantes ont déjà été confrontées à cette violence. Le pays de Donald Trump ne semble pas savoir comment qualifier légalement cet acte moralement répréhensible. Pour la France, cela s’appelle un viol.
C’est la juriste Alexandra Brodsky qui a alarmé l’opinion publique sur ce phénomène en 2017. En effet, celle-ci travaille au National Women’s Law Center et a publié une étude effrayante sur le stealthing dans le Columbia Journal of Gender and Law. Elle insiste sur le fait que cette violence n’est pas inédite. Mais qu’elle se répand de manière dramatique aux États-Unis en touchant majoritairement les étudiant.es.
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Les dangers du stealthing
Cette pratique très répandue aux États-Unis qui consiste à retirer le préservatif lors d’un rapport sexuel sans le consentement du partenaire peut avoir des conséquences dramatiques. Les peurs les plus répandues chez les victimes sont en général les mêmes : une grossesse non désirée et la transmission de maladies sexuellement transmissibles. À ces souffrances physiques, s’ajoute l’impact psychologique d’une telle agression. Suite au stealthing, nombreux sont ceux et celles qui n’arrivent plus à faire confiance. Il est même possible qu’une « angoisse du sexe » se développe et cela se peut se révéler être un handicap bloquant les victimes dans leurs relations futures.
En 2012, Emma a été victime de stealthing par son compagnon et a tenu à s’exprimer sur ce qu’elle a ressenti : « Il m’a fallu du temps pour m’en remettre. Pendant plusieurs mois, j’avais peur d’avoir de nouveaux partenaires. Et quand les choses se sont apaisées, que j’ai repris confiance en moi, j’ai continué à être paranoïaque. Dès que j’avais un rapport, je vérifiais que le préservatif était bien en place, quitte à choisir des positions sexuelles qui me permettaient d’avoir cette sécurité-là. »
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Le stealthing est-il un viol ?
Alors que cette pratique se répand en laissant de nombreuses victimes sur son passage, il est très difficile pour les États-Unis de lui trouver un « statut juridique » . En France, c’est différent, car selon la loi : « un viol est un acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par la violence, contrainte, menace ou surprise. » Un Français de 47 ans a alors été condamné pour viol en 2017 après avoir retiré le préservatif sans le consentement de sa partenaire. Ce n’est pas un cas isolé, mais celui-ci a servi de jurisprudence.
Alexandra Brodsky travaille dans un centre d’aide aux victimes de viol et reçoit de nombreux appels d’étudiantes au sujet du stealthing. D’après elle, les témoignages commencent souvent de la même manière : « Je ne suis pas sûr.e que ce soit un viol, mais… »
Une violence qui alimente la culture du viol
Il est très difficile pour des jeunes filles de considérer cet acte comme un viol. En effet certains hommes en font l’apologie et ne s’en cachent même pas. Une réelle communauté en ligne d’hommes hétérosexuels et homosexuels s’est développée, encourageant le stealthing. Pire encore, certains y partagent leurs expériences et les astuces pour piéger discrètement sa/son partenaire.
Voici des extraits des forums qui ne devraient pas vous laisser de marbre : « C’était ma première expérience de stealthing et le rush que j’ai ressenti était plus intense que je ne peux le décrire. Ce n’était pas ma première expérience de barebacking (rapport anal non protégé) mais je n’ai jamais autant kiffé. » ou encore « J’ai développé mes propres petites astuces et techniques pour atteindre mon objectif principal à chaque fois que j’ai des relations sexuelles, pour m’assurer de me vider bien au fond de la ***** des filles qui ne se doutent de rien. »
Malheureusement en 2019, cette pratique est toujours d’actualité. Il est temps de se rendre compte que ce genre de comportement ne fait qu’alimenter la culture du viol. Un acte non consenti quel qu’il soit est un viol. Ce n’est pas un gros mot ni un tabou, juste une honte pour le prédateur sexuel.
[TW viol]
Le "#stealthing" n'est pas "une forme de viol", C'EST UN VIOL, point barre ! #CultureDuViol https://t.co/afuJFD528y— Laure Salmona (@curiosarama) April 26, 2017