L’Asexualité: cette orientation sexuelle où le désir sexuel est absent
De nos jours la sexualité a une place omniprésente dans la société. La parole autour de la sexualité est de plus en plus libérée et maintenant, les femmes, les homosexuels et d’autre groupes minoritaires sont de plus en plus représentés et leur sexualité de plus en plus acceptée. Mais dans ce monde où le rapport au sexe est si important, le vie de celles et ceux qui ne s’y reconnaissent pas peut être solitaire voire douloureuse. Le sexe est de plus en plus considéré comme quelque chose d’important et de normal, ce qui n’est pas une mauvais chose, mais qu’en est t-il de ceux qui ne s’y intéressent pas ? Qu’en est t’il des personnes qui n’ont pas de désir sexuel? Qu’en est t-il des asexuels?
L’asexualité c’est quoi ?
L’asexualité c’est l’absence d’attirance sexuelle, c’est un terme relativement nouveau. Les asexuels représentent 1% de la population française. Longtemps considérée comme maladie mentale, il faudra attendre 1997 pour que la première communauté asexuelle apparaisse, donnant ainsi naissance à des associations telles que AVEN ou AVA.
Aujourd’hui ces associations existent dans le but de sensibiliser les gens à l’asexualité afin qu’ils se rendent compte que cela existe. On appelle « ace » une personne qui se situe sur le spectre de l’asexualité. Parmi elles, certaines ont l’impression d’être « défectueuses » car elles n’ont pas les mêmes besoins que le reste du monde. Cette méconnaissance de cette orientation peut même mener a des traumatismes. En effet certaines personnes aces se forceraient à « rentrer dans le moule » de peur d’être différents.
L’Asexualité n’est pas un choix, c’est une orientation sexuelle à part entière qui consiste en l’absence d’attirance sexuelle. En effet, « les personnes asexuelles n’éprouvent pas le besoins à l’intérieur d’elles d’impliquer la sexualité dans les relations avec les autres » détaille AVA, l’Association pour la Visibilité Asexuelle. Mais surtout, l’asexualité n’est pas une maladie. Ce n’est pas un défaut ou un trouble quel qu’il soit, ce n’est pas un déficit hormonal, un symptôme de mal être dans son corps ou un trouble mental. L’asexualité est une orientation sexuelle normale.
L’asexualité n’est pas un choix
La première chose à savoir et à comprendre sur l’asexualité c’est que ce n’est pas un choix. C’est une orientation sexuelle à part entière comme le sont l’homosexualité, l’hétérosexualité etc.. Ainsi une personne ne choisit pas d’être asexuelle, de la même manière qu’une personne ne choisi pas d’être homosexuelle ou hétérosexuelle. Ses préférences en matière de sexe sont alors très simple: la personne asexuelle n’a pas d’attirance sexuelle, que ce soit pour un homme ou une femme. Attention, cela ne veut pas dire qu’elle est incapable d’aimer ou d’être attirée par quelqu’un.
Olivier, 24 ans explique : « Il peut s’agir d’un attirance intellectuelle, sentimentale, esthétique, une envie de mieux connaitre une personne, de partager ses expériences, de passer du temps ensemble… Tout sauf une envie de sexe. Après tout, certaines personnes ont des relations sexuelles sans amour alors pourquoi pas l’inverse » . L’asexuelle n’a donc pas d’envie de sexe mais cela ne fait pas pour autant de lui un abstinent.
En effet l’abstinence est un choix. Peu importe par quoi il est motivé, les personnes abstinentes font le choix de ne pas pratiquer pour des raisons culturelles ou personnelles. Mais, leur désir sexuel est bel et bien présent. Alors qu’un abstinent ne pratique pas de relations sexuelles mais en conserve l’envie, un asexuel peut très bien avoir des rapports sexuels, cependant il n’en trouvera pas l’envie.
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Quel est le rapport au sexe?
C’est bien cette question qui pose le plus de problèmes et qui « choque » les autres personnes lorsque l’on parle d’asexuelité. Étant considéré comme l’un des plus grands plaisirs du monde, il est semble t-il impossible qu’une personne n’ait pas envie de faire l’amour et n’en éprouve pas de plaisir.
Mais c’est là que la nuance est importante. Si les personnes aces n’ont pas de désir sexuel, cela ne veut pas dire pour autant qu’elles ne peuvent pas avoir de plaisir sexuel lors de l’acte. Ce n’est pas le cas de toutes les personnes, certaines n’ont aucune relation sexuelle, d’autres en ont mais ne ressentent aucune excitation, d’autres en ont et ressentent une excitation qui peut venir de plusieurs facteurs différents, comme celui de faire plaisir à son partenaire. Les asexuels peuvent avoir des relations sexuelles, seulement ça ne les intéresse pas. Olivier explique ainsi « Être asexuel ne veut pas dire non plus que l’on est pas capable d’avoir des relations sexuelles. Pour la plupart d’entre nous tout fonctionne très bien. Nous pouvons ressentir du plaisir dans l’acte sexuel mais nous n’en avons pas envie. »
Le sexe: figure omniprésente de la société moderne
Alors que nous vivons dans une société qui met de plus en plus en avant les mouvements de libérations sexuelles et qui rejette les tabous et les oppressions pesant sur la sexualité, il est aussi important qu’elle fasse le contraire. Aujourd’hui, quand une personne ace explique son orientation sexuelle les réponses sont souvent les mêmes : » Tu dois avoir un problème hormonal« . « Tu devrais consulter c’est pas normal » . « C’est juste que tu n’es pas tombé sur la bonne personne« . Mais non. Ne pas avoir de désir sexuel n’est pas grave. Le sexe n’est pas l’aboutissement d’une vie, ce n’est pas un cap à passer. C’est une pratique propre à chacun.
Tyane , 23 ans est asexuelle. Elle explique qu’elle ne supporte pas la façon dont le sexe est valorisé dans notre société. « Ce qui me dérange le plus réside dans l’hypocrisie qui consiste à présenter la valorisation de l’activité sexuelle comme moyen d’émancipation, et en faisant ainsi une règle stigmatisant les personnes qui n’y adhérent pas » . Certaines personnes aiment les rapports sexuels d’autres non, il n’y a pas de mal à ça.
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Être asexuel ne veut pas dire être anti sexe
Ainsi les asexuels ne sont pas contre le sexe non plus. Ce ne sont pas des soldats qui luttent pour que le monde arrête de faire l’amour, loin de là. Il ne s’agit pas de juger les relations des autres ou de considérer les rapports sexuels comme dégoutants. En réalité la plupart des personnes ont une réaction neutre face à la sexualité.
Olivier explique: « Être asexuel ne signifie pas qu’on a peur du sexe ou que l’on est dégoûté, la plupart des aces ont une attitude tout à fait neutre à propose du sexe. Pour nous le sexe c’est une peu comme se brosser les dents, ce n’est ni un plaisir ni une corvée, s’il faut le faire alors on le fait. » Si sa métaphore est imagée, elle n’est pas non plus a prendre au pied de la lettre. Il ne faut pas oublié qu’il y a presque autant de forme d’asexualité que de personnes aces.
Ainsi la question n’est pas de comprendre l’asexualité, d’en faire son éloge ou la critique. L’important est d’en parler. L’important c’est que cette orientation sexuelle ne soit plus stigmatisée afin que ceux qui s’y reconnaissent puissent comprendre ce qu’il leur arrive, poser un nom dessus et savoir qu’ils ne sont pas seuls. Aujourd’hui un seul défi revient et demeure: Le respect de l’autre dans sa différence.