Fin d’un second jour férié pour sauver les EHPAD ? Le projet est sur la table
Ce lundi, l’Assemblée nationale s’apprête à débattre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. Dans ce contexte tendu, marqué par des déficits en hausse et des besoins croissants, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a relancé une piste sensible : instaurer une deuxième journée de solidarité.
Objectif affiché : injecter des fonds dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), où la précarité financière atteint des sommets. Ce projet divise, mais pourrait générer près de 2,4 milliards d’euros de recettes. Faut-il vraiment se résoudre à perdre un jour férié pour soutenir ces structures essentielles ?
Un modèle d’EHPAD en crise financière : les chiffres alarmants
Les EHPAD en France, qui hébergent actuellement environ 600 000 habitants, traversent une crise pécuniaire sans précédent. Selon le rapport sénatorial de septembre dernier, la part des établissements déficitaires est passée de 27 % en 2020 à 66 % en 2023. Cette dégradation rapide met en péril non seulement le confort des internes, mais aussi les conditions de travail du personnel soignant, déjà en sous-effectif. Le modèle de financement des EHPAD repose de nos jours sur trois piliers :
- Les départements : pour les dépenses de dépendance.
- L’Agence régionale de santé (ARS) : pour la prise en charge des traitements.
- Les résidents et leurs familles : pour les frais d’hébergement.
Malgré ce système, les fonds manquent cruellement, obligeant les établissements à des choix drastiques. La création d’une deuxième journée de solidarité offrirait un soutien monétaire conséquent pour maintenir la qualité des soins et des services. « C’est une proposition très intéressante qu’on instruit qu’il faut regarder de près », a déclaré Antoine Armand sur le plateau de LCI. Cette initiative pourrait-elle suffire à redresser la situation ?
La deuxième journée de solidarité : une option « étudiée de près » par le gouvernement
Depuis son instauration en 2004, la première journée de solidarité — le lundi de Pentecôte travaillé — a permis de dégager des fonds pour l’aide aux personnes âgées et handicapées.
À l’heure actuelle, le ministre de l’Économie souhaite renforcer ce modèle en introduisant une seconde journée. Selon Armand, cette mesure serait un levier nécessaire pour répondre aux exigences évolutives de financement, sans alourdir le budget de la Sécurité sociale.
En effet, le sénat évalue que cette journée supplémentaire, envisagée sous la forme d’une abrogation d’un autre jour chômé, pourrait générer 2,4 milliards d’euros par an. « En France, on travaille moins que dans divers États… nous voulons renforcer le pays en créant de la croissance et on a besoin d’une plus grande quantité de travail », a-t-il expliqué. Si cette proposition voit le jour, quelle date fériée serait supprimée ? La question, hautement sensible, pourrait bien susciter des réactions vives chez les Français.
Un enjeu de solidarité et de réduction des déficits sociaux
La proposition d’une deuxième journée de solidarité ne se limite pas à une question de financement. Pour le ministre, elle s’inscrit dans une volonté plus large de réformer la formule économique français et de réduire les déficits sociaux.
Antoine Armand le rappelle : « Il faudra travailler davantage et il faudra dépenser moins ». Cette vision, bien que controversée, aligne les priorités du gouvernement sur un modèle d’équilibre budgétaire, où la solidarité nationale joue un rôle central.
Parmi les autres recommandations du rapport sénatorial, les sénatrices à l’origine du texte préconisent également de perpétuer le fonds d’urgence de 100 millions d’euros mis en place en juillet 2023 pour les EHPAD en difficulté. Toutefois, cette mesure à court terme ne saurait combler le besoin d’une solution plus pérenne pour assurer l’avenir de ces établissements. La création d’une deuxième journée de solidarité, en revanche, pourrait inscrire ce soutien dans la durée.