Pourquoi certaines personnes fantasment-elles sur leurs patrons ?
Avez-vous déjà rêvé, imaginé ou fantasmé d’une situation (bien) plus que professionnelle avec votre N+1 ? Vous êtes vous déjà surpris en train de rêvasser au bureau en zieutant votre supérieur ? Si c’est le cas, sachez que vous êtes loin d’être le ou la seul(e). En effet, il paraitrait qu’environ 25% des Français âgés de 25 à 34 ans avouent avoir déjà fait un rêve érotique avec leur patron(ne) ou supérieur(e) hiérarchique. Mais si cette attirance est si fréquente, d’où puise-t-elle sa source ?
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Complexe d’Oedipe ou perspective d’évolution ?
Encore un sujet à la fois très courant, mais aussi très complexe. Fantasmer sur son supérieur ? Banal. Mais savoir déceler si ce sentiment est réel, ou s’il existe justement parce que c’est et que ça restera un fantasme ? Plus compliqué. Alors, déjà, on commence par une chose importante : on essaye de se rendre à la source du problème.
Alerte cliché : si vous avez des relations compliquées avec votre parent du sexe opposé, cela peut largement y tenir son rôle, et ça s’appelle le complexe d’Oedipe. Pour ceux qui auraient séché les cours de français, cela correspond à un concept central de la psychologie qui se manifeste par un grand intérêt que démontre un enfant pour son parent de sexe opposé. Une phase qui survient habituellement entre l’âge de 3 à 6 ans. Puis, vous faites vieillir cet enfant, qui devient donc un adulte, et pouf, magique : ça fait des failles internes, et la personne ne voudra se taper que des gens supérieurs à elle sur le point hiérarchique, ou du moins qui lui rappellent une certaine figure d’autorité. Grand classique.
Cela peut en choquer certains, pourtant, ce syndrome et les failles auxquelles il amène sont loin d’être isolées. En effet, selon un article de Welcome to the jungle à ce sujet, deux enquêtes menées en 2015 et 2018 indiqueraient que 78 % de femmes mariées fantasmeraient sur leurs supérieurs, et que 53 % des hommes avaient déjà fantasmé sur un.e collègue (sans spécifier si cela concernait spécifiquement leur N+1). Mais c’est là que s’installe la barrière invisible de la philosophie de comptoir : simple désir ou réelle attirance ? Et bien, dans la plupart des cas, ces pensées relèvent généralement du fantasme pur et dur. Et si le fameux complexe d’Oedipe joue son rôle là-dedans, il n’est pas le seul à impacter sérieusement votre dirty mind. En effet, cela pourrait être aussi le fruit de votre ambition (cocasse).
La figure du patron mise sur un piédestal
Pour cause, les patron.nes incarnent le symbole de la réussite professionnelle, un « triomphe social qui les transforme en totems suscitant des désirs » , comme l’affirme la psychologue clinicienne, Johanna Rozenblum. Dans la société, il est à la fois très mal vu d’engager des relations intimes avec son supérieur, car cela indique une légère forme de favoritisme, et fait surtout passer l’ensemble de votre travail pour une « promotion canapé » . Toujours selon la psychologue, ce fantasme serait d’ailleurs plus poussé au sein de secteurs à « hiérarchies pyramidales où la figure du boss est particulièrement idéalisée, comme dans l’industrie du luxe » .
Il est effectivement anodin, voire normal, que vous ayez déjà pensé à l’idée de, potentiellement, avoir un rapport de type charnel avec votre patron.ne ou même un simple supérieur, et il n’y a pas forcément de faille psychologique qui se cache derrière cela. En fait, c’est même un fantasme très répandu : que ce soit sur les sites pornos, dans les livres de fiction ou dans les films, la relation employée/supérieur est souvent utilisée comme sujet d’intrigue. Parce que c’est mal, c’est interdit et c’est tabou. Et nous, en tant que bons vieux êtres humains, on a tendance à aimer ça, le danger. Encore rien de très original finalement.
En définitif, si vous avez déjà songé à entamer une relation du type Christian Grey/Anastasia, ce n’est pas très grave. En revanche, pour les plus canailles d’entre vous qui sont déjà passés à l’acte, aucun problème non plus, si ce n’est le cas où la relation frise l’obsession. Pour cause, si votre liaison hante votre esprit en continu et que votre comportement au travail devient moins efficace, cela pourrait être de l’érotomanie, et ça par contre, c’est pas cool du tout. En clair, cela désigne le fait d’être convaincu d’être aimé par une personne pour qui cela n’est pas réciproque. Et si depuis le début de l’article, nous parlons bien de fantasme, cela ne doit en revanche pas en être un à propos de l’existence même d’une potentielle relation. Vous suivez ?
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