Science : une enfance violente accélère le vieillissement
Une étude en passe d’être publiée dans la revue Biological Psychiatry est formelle : la maltraitance physique durant l’enfance accélère le vieillissement. A l’inverse, les privations alimentaires, quant à elles, ralentissent le processus de développement.
Maltraitance durant l’enfance : l’autre peine
La maltraitance physique et/ou psychologique durant l’enfance n’a pas seulement des répercussions sur le court terme ou uniquement psychologiques. Un travail de recherche mené par des chercheurs en psychologie, biologie et médecine des universités de Washington, Columbia et Harvard donne des résultats effrayants.
Les différentes formes d’adversités infantiles n’ont pas le même type d’incidence sur le développement biologique et le vieillissement. On parle d’un bouleversement biologique. Certaines formes de maltraitances accélèrent le vieillissement cellulaire tandis que d’autres le ralentissent.
Cela concrétise donc l’existence de la théorie évolutionnaire des histoires de vie. Katie McLaughlin, auteure principal de l’étude, explique qu’« une exposition à la violence dans l’enfance accélère le vieillissement biologique dès 8 ans ». Autrement dit, on comprend mieux pourquoi les enfants maltraités connaissent, une fois adultes, plus de problèmes et de complications de santé que les enfants ayant grandi dans la bienveillance.
Enfance : la théorie des histoires de vie
L’étude est choquante. Les chiffres, affreux. Mais nous n’avons pas d’autre solution que de vous expliquer comment l’étude a été menée pour arriver à de telles conclusions.
L’étude portait sur 247 enfants et adolescents âgés de 8 à 16 ans. Tous issus de la région de Seattle.
- 48% de filles et 52% de garçons
- 61% de non-blancs
- 27% issus de foyers à faibles revenus
Parmi ces enfants
- 25% ont connus des violences sexuelles
- 42% des violences physiques
- 16% n’ont pas toujours mangé à leur faim
Une fois les constats établis, des analyses génétiques ont été menées. Elles visaient à étudier un possible décalage entre âge biologique et âge chronologique.
Les résultats ont tranché : le vieillissement cellulaire (et, par conséquent, le développement pubertaire) est plus avancé et précoce chez les enfants ayant subi des violences physiques.
Des résultats qui prouvent que la théorie des histoires de vie a de beaux jours devant elle. Il s’agit d’une branche de la biologie évolutive qui émet l’hypothèse que les êtres vivants ont tendance à moduler leur développement en fonction des dangers qu’ils rencontrent durant leur enfance.
Autrement dit, et dans le cas de violences physiques, le corps devient fertile plus rapidement afin de transmettre ses gènes à la génération suivante. En revanche, lorsque le corps est privé de nourriture, il se met en « pause » afin de préserver le peu d’énergie qu’il est en capacité de fournir.