Pourquoi la fonte des calottes glaciaires est-elle plus rapide que prévu ? Les chercheurs révisent leurs modèles climatiques
La montée des eaux est une problématique majeure de notre époque. Un nouvel éclairage pourrait bouleverser notre compréhension de ce phénomène : et si les scientifiques s’étaient trompés sur la vitesse de fonte des calottes glaciaires ? Une étude récente remet en question les modèles climatiques utilisés jusqu’à présent. Peut-être avons-nous sous-estimé l’ampleur de cette crise. Plongeons dans les détails de cette découverte qui pourrait changer notre perception de l’avenir climatique de notre planète.
Une nouvelle étude remet en cause les modèles climatiques actuels
Les scénarios climatiques sophistiqués évaluent principalement la fonte des calottes polaires. Chloe Clarke et son équipe de l’université de Californie à Irvine ont récemment mis en lumière des erreurs significatives dans ces formules. Selon cette recherche, le modèle E3SM v.2 surestimait l’albédo de la neige. Cette propriété essentielle détermine la quantité de rayonnement solaire renvoyée par la surface des glaces.
Le modèle E3SM v.2 (Energy Exascale Earth System Model version 2) est un outil de simulation climatique. Il prévoit les changements environnementaux à l’échelle mondiale. Ce modèle intègre les diverses composantes du système terrestre : l’atmosphère, les océans, les calottes polaires et la biosphère. Il crée ainsi des projections précises. Les scientifiques s’en servent pour comprendre les interactions complexes entre les éléments du climat et leurs impacts futurs.
La réverbération élevée signifie que plus de rayonnement solaire est réfléchi. Moins de chaleur est absorbée, ce qui ralentit le dégel. En réalité, les zones en bordure des calottes sont souvent grises. Des lacs, des algues ou des poussières parsèment ces surfaces, ce qui diminue leur brillance. Elles consomment alors plus de chaleur et disparaissent plus rapidement que prévu.
Les résultats de cette étude, publiés dans le Journal of Geophysical Research: Atmospheres, montrent que la deuxième mouture du schéma surévaluait l’albédo de la neige d’approximativement 5 %. En recalculant ce paramètre à l’aide de données satellitaires recueillies sur le Groenland, les chercheurs ont constaté une fonte dans cette région d’à peu près six-milliards de tonnes additionnelles par an. Cela par rapport à l’estimation de l’ancienne version du modèle.
Entre 2000 et 2021, cette perte supplémentaire s’élève à environ 145 milliards de tonnes. Cela représente une accentuation de 0,4 millimètre de la montée des eaux.
Des chiffres alarmants sur la fonte des calottes polaires et la montée des eaux
L’étude a révélé que la fonte au Groenland était sous-estimée de six-milliards de tonnes par an. Entre 2000 et 2021, cela représente une perte supplémentaire de 145 milliards de tonnes. Cette fonte correspond à une élévation du niveau de la mer de 0,4 millimètre. Si cette quantité semble faible comparée aux 20 centimètres de hausse mesurés au cours du siècle dernier, elle souligne un écart alarmant lié à l’albédo du Groenland.
Les conséquences globales sont encore plus préoccupantes. D’autres superficies gelées de la planète, comme les glaciers des Andes et ceux de l’Alaska, devront être étudiées pour évaluer cette surestimation.
Les modifications actuels enclenchent un cercle vicieux. Lorsque la neige coule, l’albédo de surface diminue. Le réchauffement s’amplifie et la fonte s’accélère. Cela crée une boucle de rétroaction positive. Les effets du changement climatique s’accentuent et pourraient entrainer des niveaux de mer bien plus élevés que ceux projetés.
La fonte des glaces est-elle responsable de la montée des eaux ? Voyons ça ensemble 🤓 pic.twitter.com/RSWn5VUDeU
— Jamy Gourmaud (@gourmaud_jamy) April 11, 2024
Impact mondial : conséquences et implications climatiques
Cette étude met en évidence que des propriétés physiques à petite échelle peuvent avoir des conséquences importantes sur le climat mondial.
Il existe aussi des mécanismes potentiels pour un cercle vertueux. Par exemple, une analyse récente de l’université d’Aarhus au Danemark suggère que des microbes géants découverts sur le Groenland pourraient réduire la fonte. Ils réguleraient la prolifération des thallophytes chlorophylliens qui noircissent la neige au printemps.
Ces algues de couleur sombre réduisent l’albédo de la neige. Elles augmentent ainsi la fonte. Les virus pourraient jouer un rôle crucial en contrôlant cette prolifération. Ils limiteraient leurs impacts des sur les calottes.
Poursuite des recherches et perspectives futures
Reconsidérer les modèles climatiques actuels permettrait de mieux comprendre et anticiper la montée des eaux. Les erreurs dans la prévision de l’albédo de la neige pourraient entrainer des sous-évaluations significatives de la fonte. Par conséquent, les niveaux futurs des océans seraient également sous-estimés.
Il est crucial de poursuivre les recherches pour affiner nos paradigmes. Obtenir des projections plus précises est essentiel. Même avec des découvertes potentiellement positives comme celle des virus géants, il est impératif de continuer à réduire nos émissions de gaz à effet de serre pour atténuer les impacts du changement climatique.
L’avenir de notre planète dépend de notre capacité à comprendre et à réagir aux bouleversements environnementaux en cours. Cette étude nous rappelle que la science évolue constamment. Nous devons rester vigilants et ouverts aux nouvelles données pour mieux protéger notre sort.