Cadavres à même le sol, décomposés, dévorés par des souris… énorme scandale autour d’un Centre de don des corps à Paris
À Paris, le Centre du don des corps de la faculté de médecine René Descartes fait scandale après la publication d’une enquête édifiante réalisée par L’Express. Depuis plusieurs dizaines d’années, ces corps donnés à la science ont été accueillis dans conditions éthiques et sanitaires indignes.
« J’ai toujours rêvé qu’un journaliste vienne et raconte comment sont traités les corps » . Voici ce qu’a affirmé à la journaliste de l’Express, l’ancien directeur du Centre du don des corps (CDC) de la faculté de médecine René Descartes. C’est dans la rue des Saints-Pères, en plein coeur de Paris, que ce centre accueille des milliers de cadavres dans des conditions effroyables.
Pour cette enquête, le magazine a réussi à obtenir plusieurs photos des locaux où des dizaines de corps étaient présents. « Nus. Démembrés. Les yeux ouverts. Amoncelés sur un brancard. Une tête gisant sur le sol. Des sacs-poubelles débordent de morceaux de chair… » , décrit la journaliste. Face à l’horreur des images, le journal n’a pas souhaité publié ces clichés par respect pour les familles des défunts.
Ces corps de personnes dédiés à la science étaient conservés plusieurs semaines après le décès. Parfois, ils étaient empilés sur des brancards ou accumulés dans des couloirs. Des conditions qui entrainent la décomposition avancée de certains corps. De ce fait, ces cadavres sont jetés et incinérés alors qu’ils sont censés être utilisés pour former de jeunes médecins.
Dans un document de 27 pages dont s’est procuré l’Express, il est souligné que les locaux étaient envahis de rongeurs. « Les souris passent par les nombreux trous de la chambre froide et trouvent un garde-manger idéal » , est écrit sur la légende d’une photo intégrée au dossier.
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Les conditions de travail du personnel pointées du doigt
Pendant cette enquête, la journaliste a pu constater l’état affolant du CDC de la faculté de médecine René Descartes. En raison de la rouille, l’une des portes des trois chambres froides ne ferme plus. Les sols sont décrits comme « souillés » . Tellement sales que le personnel n’arrivent même pas à les nettoyer.
Le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHDC) déplore le « stress lié à la peur de contamination par des maladies/affections non dépistées » .
Trafics au sein du CDC de la faculté de médecine René Descartes
L’enquête dévoile un second scandale. Des cadavres et membres seraient vendus à des organismes privés. Une pratique allant à l’encontre des règles éthiques entourant le don du corps à la science. Ces ventes ont participé au chiffre d’affaires du CDC à hauteur de 75% en 2013.
À noter que les médecins et enseignants doivent payer pour avoir accès aux corps. Le prix d’un corps est facturé 900 euros. Pour un travail au sein même du CDC parisien, le tarif varie entre 420 à 900 euros.
Face à cette polémique, l’Union française pour une médecine libre (UFML), a décidé de porter plainte. « Je crains que cette affaire déconsidère la profession et l’anatomie française » , a expliqué Jérôme Marty, président du syndicat de médecins, rapporte Franceinfo. « Les gens qui n’ont rien dit, qui ont laissé faire, sont à mon sens totalement coupables » , a-t-il par ailleurs souligné.
En France, il existe 28 CDC repartis sur tout le territoire.