Santé : Pourquoi le gouvernement dérembourse t-il l’homéopathie ?
À partir du 1er janvier 2021, l’homéopathie ne sera plus du tout remboursée par la Sécurité Sociale, a annoncé Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, pour le Parisien. Les laboratoires Boiron, entreprise fabriquant des produits homéopathiques, dénoncent « la méthode employée pour massacrer l’homéopathie. »
En forme de petites billes de sucre, les tubes d’homéopathie sont remboursés à 30% à l’heure actuelle. Fin mai, la Haute autorité de la santé (HAS) avait déclaré que ce produit avait une « efficacité insuffisante » et souhaitait un déremboursement total. Le gouvernement a annoncé adopter ce point de vue. Dans une interview pour le Parisien, Agnès Buzyn, actuelle Ministre de la Santé, a expliqué ce choix parlant d’un « effet placebo » de ces granules.
L’homéopathie n’a pas « d’intérêt en santé publique ni dans le soin des pathologies courantes »
Depuis plusieurs jours, la rumeur traînait dans les couloirs des rédactions et des institutions. Pour le Parisien, Agnès Buzyn a annoncé officiellement que ce déremboursement total se fera crescendo jusqu’au 1er janvier 2021 : « Pour se laisser le temps de la pédagogie et accompagner les patients, j’ai souhaité organiser une période de transition. À partir du 1er janvier 2020, nous mettons donc en place une année de remboursement intermédiaire à 15 %, contre 30 % aujourd’hui. Cela laissera aussi le temps aux industriels de s’organiser » a t-elle déclaré.
Pour justifier ce choix, la ministre de la Santé a affirmé que l’évaluation de la HAS sur les produits homéopathiques avait joué un rôle dans la décision : « La HAS vient de rendre une évaluation indépendante et estime, après analyse de 800 études sur le bénéfice pour les patients, que ces granules ont une efficacité équivalente à un placebo. » Cependant, la ministre d’Etat ne compte pas interdire la prescription de l’homéopathie mais souhaite mettre en garde les citoyens face à cette substance non performante sur le plan de la santé : « Je comprends l’attachement des Français à ce type de traitements. Mais ils n’ont ni prouvé leur intérêt en santé publique ni dans le soin des pathologies courantes. »
Les laboratoires Boiron risquent de licencier 1 000 salariés
Principal fabricant des médicaments homéopathiques, l’entreprise française Boiron s’est montrée très en colère face à cette décision dite « massacrante » : « C’est un choc, un manque de respect manifeste, nous sommes très en colère : nous dénonçons la méthode employée pour massacrer l’homéopathie » a clamé Valérie Poinsot, directrice générale, au micro d’Europe 1, ce matin. La dirigeante raconte que l’impact économique, suite à cette décision gouvernementale, pourrait être importante : « Nous allons être obligés d’envisager un plan, 1.000 emplois sont menacés. »