Laure Manaudou : Pourquoi son nouveau métier fait polémique ?
Depuis sa retraite des bassins, Laure Manaudou n’a cessé de surprendre. Après une carrière légendaire en natation, elle s’est lancée dans diverses entreprises, de la joaillerie à la consultation télévisuelle. Aujourd’hui, c’est vers la kinésiologie, une pratique alternative inspirée de la médecine chinoise, qu’elle se tourne avec enthousiasme. Pourtant, cette reconversion suscite des inquiétudes.
Cette technique, fréquemment présentée comme une méthode de bienêtre, dissimule des bases très discutables.
Alors qu’elle affirme avoir terminé ses 600 heures de formation et qu’elle s’apprête à passer sa certification, les avis sont partagés. Derrière cette pratique se cachent des théories sans fondement scientifique, souvent dénoncées comme des pseudosciences.
En France, la Miviludes, organisme de lutte contre les dérives sectaires, met régulièrement en garde contre les dangers de telles méthodes.
Kinésiologie : un vernis scientifique pour une pratique douteuse
La kinésiologie est une approche née dans les années 1960, élaborée par le Dr George Goodheart, chiropraticien américain. Son idée ? La condition physique et neurologique d’une personne pourrait être évaluée par des tests musculaires.
À partir de cette évaluation, le diagnostiqueur pourrait alors rétablir des « énergies bloquées » dans le corps. Si cela peut sembler inoffensif ou en outre séduisant à ceux qui cherchent des solutions alternatives, la communauté scientifique reste catégorique : aucun de ces concepts n’a jamais été validé.
Les bases mêmes de la kinésiologie sont floues et reposent sur des croyances plutôt que sur des preuves tangibles. Laure Manaudou déclare vouloir « aider mentalement les autres », mais cette méthode, qui place souvent la responsabilité des troubles sur le patient, peut devenir un terrain propice aux abus.
C’est ce qui inquiète la Miviludes, qui alerte sur le fait que ces thérapies, présentées sous un angle « psychologisant », sont parfois utilisées pour exercer une emprise psychique sur des individus fragiles.
Des dérives sectaires et dangereuses
Les exemples de dérives ne manquent pas. En Allemagne, en 1996, les autorités ont retiré une fillette atteinte d’un cancer de la garde de ses proches après qu’ils aient refusé de lui administrer une chimiothérapie.
Préférant suivre les recommandations de la kinésiologie. Si la petite a finalement été sauvée grâce à une intervention curative. Cette affaire démontre les limites, voire les dangers de cette méthode.
En France, le cas du petit Kerywan, décédé à 16 mois en 2000, est une évocation glaçante des dérives potentielles de ces soins alternatives. Les parents, convaincus par les bienfaits de la kinésiologie, avait soumis l’enfant à un régime extrêmement restrictif.
Entrainant sa mort par malnutrition. Ces tragédies, bien que rares, illustrent l’impact dramatique de ces pratiques lorsqu’elles remplacent les soins médicaux traditionnels.
Les praticiens de la kinésiologie se présentent souvent comme des « thérapeutes », mais il faut rappeler que cette profession n’est pas reconnue, et personne n’encadre leurs formations, qui ne garantissent donc aucune compétence médicale.
Pourquoi la kinésiologie séduit-elle autant de Français ?
Le Covid-19 a joué un rôle dans l’essor de ce type de traitements. Pendant la pandémie, avec l’isolement, la défiance envers la médecine traditionnelle et une quête de solutions alternatives. Des milliers de Français se sont tournés vers des méthodes en aucune façon conventionnelles. Son approche, prétendument holistique, a ainsi connu un regain d’intérêt.
Cependant, la Miviludes a observé une forte augmentation des signalements liés à ces méthodes depuis cette période. Elle estime que 70 % de ceux-ci concernent des procédés thérapeutiques en aucun cas homologués, comme la kinésiologie.
Ces pratiques exploitent souvent la vulnérabilité des patients en leur promettant une guérison rapide ou un bienêtre immédiat. Or, le danger est réel. Lorsque la kinésiologie remplace des soins médicaux conventionnels, les conséquences peuvent être tragiques.
Laure Manaudou, avec sa notoriété, apporte une visibilité nouvelle à cette approche controversée. Pourtant, ses bonnes intentions pourraient bien encourager, malgré elle, des dérives.
La kinésiologie peut sembler, pour certains, une méthode de bien-être, mais elle doit impérativement rester dans un cadre strict de confort et d’accompagnement. Jamais elle ne devrait se substituer à la médecine traditionnelle,