Des gynécologues utilisent leur propre sperme pour des inséminations
C’est ce qu’a révélé une enquête de FranceInfo. Le Conseil national de l’Ordre des médecins a été alerté par l’association PMAnonyme. Trois hommes, gynécologues, sont accusés d’avoir réalisé des inséminations avec leur propre sperme. Des faits qui se seraient déroulés entre 1974 et 1986.
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Preuves ADN à l’appui
L’association PMAnonyme a adressé un message au Conseil national de l’Ordre des médecins à propos de « fautes éthiques et déontologiques graves » durant les années 1970 et 1980. Selon FranceInfo, l’association accuse trois hommes gynécologues d’avoir inséminé à des patientes leur propre sperme à leur insu. C’est pourquoi trois femmes, nées entre 1974 et 1986 d’une insémination avec donneur en cabinet de gynécologie, ont réalisé des tests ADN. Elles font également parti de l’association.
Grâce à ces tests, l’une d’elles, Natacha Jolivet, a découvert qu’elle serait la descendante des parents du gynécologue de sa mère. « Au vu des dates de naissance et des données de l’arbre généalogique, le gynécologue est bien le géniteur de Natacha » , confirme une spécialiste de généalogie génétique chez Franceinfo. Marjorie Mendes, autre présumée victime, a contacté ses cousins génétiques suite aux résultats ADN.
Elle remarque très vite le nom du gynécologue de sa mère durant les échanges. La femme possède des similitudes génétiques avec sept membres de la famille du gynécologue, ainsi qu’une correspondance ADN de 20% avec un homme qui pourrait être son demi-frère. La mère de cet homme avait consulté le même gynécologue que celle de Marjorie, pour une insémination prévue avec les spermatozoïdes de son mari.
Une vérité qui survient tardivement
Ce qui est problématique avec cette histoire, c’est que sur les trois hommes soupçonnés d’avoir effectué ces inséminations, deux sont morts. Le seul encore vivant a été contacté par France Info pour s’exprimer à ce sujet, mais l’homme a contesté ces accusations. Il a évoqué que le sperme en question appartiendrait à celui d’un cousin. Une affirmation qui n’est pas de l’avis de spécialistes en généalogie, également sollicités par le média. En effet, ils affirment que « la probabilité que le gynécologue ou l’un de ses frères soit le géniteur de Marjorie Mendes est de « 99,9% » par rapport au scénario d’un cousin » .
Dans les années 1970, « les inséminations artificielles se faisaient dans un certain nombre de cabinets médicaux, selon les pratiques qui étaient celles des gynécologues concernés » , raconte le biologiste de la reproduction Pierre Jouannet. L’ancien président de la Fédération française des Cecos chez Franceinfo affirme également que certains gynécologues pouvaient par exemple faire appel à des étudiants en médecine pour des dons de sperme frais, notamment à cause des multiples échecs que peuvent causer les dons congelés. C’est finalement le 31 décembre 1991 qu’une loi est instaurée afin de mettre fin aux dons de sperme frais. L’interdiction est confirmée trois ans plus tard avec les premières lois de bioéthique.
En attendant, la PMAnonyme assure « signaler de façon informelle » ces faits et les questionnements qu’elles posent « sans objectif de contentieux » . Les patientes pourront également porter plainte si elles le souhaitent.
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