Ozempic, Wegovy et Mounjaro : ces coupe-faim qui s’arrachent
Les nouveaux médicaments coupe-faim, tels qu’Ozempic, Wegovy et Mounjaro, réalise une explosion des ventes et suscitent une concurrence acharnée entre laboratoires pharmaceutiques. Avec des chiffres atteignant des sommets.
Ces traitements contre l’obésité et le diabète ne cessent d’alimenter l’enthousiasme, mais également de créer des tensions sur le marché. Retour sur ce phénomène qui fait vibrer l’industrie tout en confrontant les labos à des défis inattendus.
Le succès fulgurant des coupe-faims en chiffres
Depuis que le danois Novo Nordisk a commencé la production de l’Ozempic en 2017, suivi par le Wegovy, la demande pour ces coupe-faims a littéralement explosé. Ces traitements, à l’origine développés pour lutter contre le diabète, se sont rapidement imposés comme des alliés efficaces dans la perte de poids.
Le marché des traitements antiobésité, avec ces deux produits phares, a généré un chiffre d’affaires impressionnant : plus de 19 milliards de dollars en 2023. La bonne fortune de Novo Nordisk ne passe pas inaperçue et ses concurrents, en particulier Eli Lilly, ne sont pas loin derrière avec la sortie de Mounjaro.
Selon Bloomberg, cet essor attire désormais des dizaines d’autres laboratoires qui se lancent dans la recherche de nouvelles thérapies. Plus de 50 médicaments antiobésité sont actuellement en développement, tandis que 200 candidats sont déjà en phase d’essai clinique.
Les montants donnent le vertige, et le cabinet spécialisé Airfinity n’hésite pas à prévoir que d’ici la fin de la décennie, le marché des traitements contre l’obésité pourrait atteindre un chiffre colossal de 130 milliards de dollars de ventes par an.
La pénurie alimente la concurrence
Le succès de ces médicaments n’est pas sans conséquence. Avec une demande en constante augmentation, les laboratoires doivent aujourd’hui faire face à une pénurie mondiale. Aux États-Unis, la situation est telle que les autorités sanitaires ont permis depuis mars 2022 les pharmacies à produire des copies des traitements analogues du GLP-1, comme l’Ozempic et le Wegovy. Cette décision, motivée par la rupture d’approvisionnement, n’a fait qu’accroitre la compétition entre les premiers et les seconds.
De leur côté, Novo Nordisk et Eli Lilly investissent en grande partie pour répondre à cette demande. Ils prévoient de bâtir de nouvelles usines dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis et en Europe. Ces installations devraient permettre de relancer la production.
Mais elles ne seront pleinement opérationnelles qu’à partir de 2027. En attendant, les géants pharmaceutiques s’efforcent de gérer la crise en proposant des concessions sur les prix pour maintenir leur leadeurship et inciter les assurances à rembourser leurs traitements.
En France, le Wegovy est disponible depuis le 8 octobre 2024 en pharmacie, mais uniquement sur ordonnance. Ce médicament est réservé aux personnes souffrant d’obésité sévère et reste onéreux (environ 300 euros par mois), sans prise en charge par l’Assurance-maladie.
L’Ozempic, quant à lui, est remboursé en tant qu’antidiabétique, mais son utilisation à des fins de perte de poids est strictement encadrée. La prudence est de mise, car le détournement de ces traitements, en particulier pour la baisse de masse rapide chez des individus non corpulente, devient une préoccupation croissante pour les autorités de santé.
Une bataille commerciale à l’échelle mondiale
La concurrence entre laboratoires pharmaceutiques s’intensifie chaque jour. Novo Nordisk et Eli Lilly ne sont plus seuls sur le marché. Des acteurs majeurs comme AstraZeneca, Pfizer et Amgen se préparent à lancer leurs propres médicaments antiobésité d’ici à 2030.
Les enjeux financiers sont énormes, et selon le Financial Times, Eli Lilly pourrait bien surpasser Novo Nordisk avec ses propres produits à base de GLP-1. Le laboratoire américain prévoit de générer 27 milliards de dollars de revenus d’ici à 2027, un chiffre qui dépasserait celui de ses concurrents danois.
La bataille pour le leadeurship sur ce marché prometteur ne se limite pas aux ventes. Aux États-Unis, les prix exorbitants des injections (jusqu’à 1 000 dollars par mois) ont forcé les laboratoires à justifier leurs tarifs devant le Sénat. En réponse, les industriels ont proposé des ristournes pour séduire les assurances maladie et préserver l’accès de leurs marchandises à un plus grand nombre de patients.
Malgré ces difficultés, l’avenir des traitements contre l’obésité semble prometteur. Les analogues du GLP-1, ces molécules complexes et couteuses à produire, sont désormais au cœur de la recherche pharmaceutique.
De nouveaux investissements massifs, notamment en Suisse, où se trouvent trois des quatre plus importantes entreprises spécialisées dans la fabrication de peptides, devraient permettre de réagir à la demande croissante et de garantir un approvisionnement suffisant dans les années à venir.