Une bénévole des Restos du cœur virée pour avoir participé à un meeting du RN ?
Après l’agression d’un membre du Rassemblement National avec une terrasse de café, une bénévole des Restos du cœur aurait été évincée de l’association pour avoir participé à un meeting du RN.
Une bénévole des Restos du cœur évincée pour être adhérente du RN ?
Le Rassemblement National (RN) est le parti politique de l’extrême droite, actuellement dirigé par Jordan Bardella et dont l’ancienne tête d’affiche était Marine Le Pen.
Et même si le RN compte de nombreux partisans en France, beaucoup de gens se montrent également formellement opposés à ses principales idées. Serait-ce le cas des Restos du cœur, l’association d’aide alimentaire aux plus démunis ?
C’est en tout cas ce qui transparaît. Le cas de Colombe, bénévole, est très marquant. Bénévole des Restos du cœur du département des Pyrénées-Orientales, elle était présente lors d’un meeting du RN mené par Jordan Bardella, ce 1ᵉʳ mai à Perpignan.
Sur place, TF1 a enregistré son témoignage sur le sujet épineux de l’emploi en France. « Aujourd’hui, je ne trouve pas de travail, mais je suis bénévole aux Restos du cœur », a-t-elle confié. « Moi, je suis au RSA et on a du mal à vivre. On est tous en colère », a-t-elle aussi déclaré.
Une déclaration qui a beaucoup fait réagir. Cet extrait vidéo du témoignage de Colombe a fait le tour de la toile, remontant alors aux oreilles des Restos du cœur.
Même Marine Le Pen a parlé de Colombe dans un tweet sur X. « Quand certains jours la bataille politique nous paraîtra difficile, il suffira de penser à Colombe. Elle nous rappellera toujours pour quoi et pour qui nous nous battons », lit-on.
Sauf que, après cet enregistrement de TF1, il semble que Colombe ne soit plus bénévole chez les Restos du cœur. Elle aurait été évincée par l’association. Les Restos du cœur ont-ils viré une bénévole pour ses convictions politiques ?
Elle aurait démissionné, mais aurait été « poussée vers la sortie », selon son avocat
En réalité, sachez que quand vous devenez bénévole dans l’organisation, vous devez signer une charte. Et dans cette charte, il est justement demandé de rester discret quant à ses convictions politiques.
L’article 5 demande une « indépendance complète à l’égard du politique et du religieux » à ses bénévoles. Normalement, Colombe a donc signé cette charte, l’obligeant ainsi à ne pas communiquer sur ses valeurs politiques en association avec les Restos du cœur.
Mais, son avocat, Me Jérémy Kalfon, n’est pas forcément d’accord avec cela. Pour lui, sa cliente n’a « aucune activité politique active et nullement, dans ses propos, associé l’image des Restos du cœur aux positions ou à l’action du Rassemblement national ».
Selon l’avocat, sa cliente a démissionné de l’association, mais « à contre-cœur ». Toujours d’après l’avocat, une responsable locale de l’association lui aurait soumis « l’instruction » de démissionner « à la suite de ses propos » lors de ce meeting, enregistrés par TF1.
L’avocat ajouté qu’il pense que sa cliente a été « poussée vers la sortie ». Une chose que dément Yves Mérillon, porte-parole national des Restos du cœur, dans le Figaro.
« On lui a rappelé un principe qui n’est pas négociable, c’est la neutralité politique. Et On le rappelle d’ailleurs à nos bénévoles quand ils sont candidats à des élections, ils n’ont pas le droit de faire état de leur bénévolat. On n’a pas l’intention de se faire instrumentaliser par qui que ce soit », lit-on.
Selon lui, la bénévole aurait donc décidé de partir d’elle-même. Auprès de TF1, un autre responsable de l’association confirme les dires d’Yves Mérillon :
« On lui a juste fait un rappel au règlement. Peut-être qu’elle s’est sentie poussée dehors. Et donc elle est partie. Il y a une procédure d’exclusion des bénévoles qui n’a pas du tout été enclenchée », a déclaré le responsable.
« Je dis aux Restos du cœur qu’ils devraient avoir honte »
De son côté, Marine Le Pen a réagi à la situation. « Je dis aux Restos du cœur qu’ils devraient avoir honte de leur comportement », a-t-elle déclaré.
« Pousser à la démission Colombe, une femme qui a seulement exprimé le désarroi qui est celui de millions de Français, alors qu’elle donnait de son temps et de son cœur, c’est indigne », lit-on dans un tweet.
Colombe a finalement été réintégrée à l’association
La sexagénaire qui était bénévole aux Restos du cœur a néanmoins eu gain de cause, puisque l’organisation a décidé de réintégrer Colombe après la polémique.
Selon Le Figaro, celle qui était bénévole dans l’association « depuis 1990 » aurait décidé de revenir sur cette démission et de réintégrer Colombe dans ses rangs après les multiples réactions à ce scandale.
« Les bénévoles des Restos du Cœur sont bien évidemment des citoyens libres de leurs opinions, quelles qu’elles soient. En revanche, la neutralité politique est un principe intangible des Restos », a expliqué l’association à l’AFP.
« Mais, les Restos du Cœur des Pyrénées-Orientales ont entendu le désarroi de Colombe, son appel d’aujourd’hui et ont accepté de la réintégrer au sein des équipes du département, dès lors qu’elle confirme son adhésion à notre charte », a aussi déclaré la direction.