Macron annonce une nouvelle ère politique avec Barnier aux commandes
En visite au Havre le 12 septembre 2024 pour célébrer le 80e anniversaire de la libération de la ville, Emmanuel Macron a fait des déclarations qui donnent à réfléchir. Dans un contexte politique tendu, marqué par un Parlement morcelé et une France plus divisée que jamais, le Président de la République a évoqué une « ère nouvelle ».
Cette expression, loin d’être anodine, reflète l’importance des compromis qui devront se construire dans cette autre configuration nationale. Avec Michel Barnier à la tête du gouvernement, l’objectif est de bâtir une France qui tire parti de sa diversité parlementaire tout en conservant une stabilité ministérielle. Mais dans quelle mesure cette « ère inédite« va-t-elle changer la donne ?
Un parlement morcelé, un gouvernement en construction
L’une des grandes difficultés que rencontre aujourd’hui l’exécutif réside dans la composition fragmentée du Parlement. Ce clivage est symptomatique d’une France de plus en plus divisée, où les lignes de fractures politiques se multiplient. Le Président, conscient de cet enjeu, a souligné l’importance des compromis : « c’est ce dont on a besoin ». Le ton est donné : pour administrer efficacement, il faudra apprendre à faire des concessions, à écouter et à rassembler. Une tâche qui s’annonce particulièrement ardue dans un tel contexte.
À ce stade, Michel Barnier, depuis peu nommé Premier ministre, a entamé une série de consultations avec les différents partis incarnés au Parlement. L’objectif ? Composer un gouvernement qui soit non seulement représentatif de cette diversité, mais aussi capable de garder le cap malgré les divergences. Cette tâche de construction et de négociation, Barnier le mène discrètement, loin des caméras, comme l’a d’ailleurs souligné Macron : « on travaille dans une intimité, une confiance ».
Cette méthode concertée montre que Barnier entend impliquer toutes les forces politiques pour créer un consensus, ou du moins éviter les blocages. Une approche pragmatique qui pourrait bien être la clé pour maintenir une forme de stabilité dans cette période de turbulences.
Un président Macron à l’écoute, mais ferme
Si Macron a confié une part importante du pouvoir exécutif à Michel Barnier, il n’arrête pas pour autant d’être inactif. Lors de son discours au Havre, il a insisté sur sa responsabilité constante de chef d’État : « Je tiens le rôle que j’ai toujours tenu, en étant au contact de nos compatriotes ». En d’autres termes, Macron souhaite rester à l’écoute des Français. Tout en laissant une certaine marge de manœuvre à son nouveau Premier ministre.
Malgré les rumeurs de tensions entre les deux hommes, Macron s’est voulu rassurant. Il a affirmé qu’il entretenait avec Barnier une relation basée sur la confiance et le respect des institutions. Une « intimité » entre l’Élysée et Matignon qui pourrait permettre de surmonter les crises à venir. Ce message semble avoir été renforcé par la présence d’Edouard Philippe, ancien Premier ministre, aux côtés du chef de l’exécutif lors de cet évènement.
Mais Macron reste aussi ferme sur une ligne directrice qu’il suit depuis son premier mandat. « C’est comme ça que la France peut être bien présidée et bien gouvernée », a-t-il affirmé. Soulignant qu’il ne dévierait pas de ses principes. En somme, si Emmanuel Macron écoute, il n’est pas question pour lui de céder sur ses fondamentaux.
Vers une « ère nouvelle » de consensus ?
L’expression « ère nouvelle » utilisée par Macron pourrait faire écho à une volonté de transformation. Après plusieurs années marquées par des réformes souvent impopulaires, le Président semble vouloir entamer une nouvelle phase de son quinquennat. Cette phase serait basée sur la recherche de rapprochement, non seulement entre les différentes forces politiques. Mais aussi avec la société française dans son ensemble.
Le défi pour Macron et Barnier sera donc de trouver un équilibre entre les aspirations des uns et des autres. Le Parlement, avec sa diversité, reflète cette complexité : il faut gouverner pour une France plurielle. Mais dans une démocratie, la négociation et le compromis sont parfois synonymes de paralysie. Parviendront-ils à éviter cet écueil ?