Michel Barnier remplacé par le chouchou de Brigitte Macron
En ce moment, Emmanuel Macron est dans l’impasse. Rien ne fonctionne depuis sept ans qu’il est au pouvoir en France. Mais, malgré tout, le président veut quand même continuer à prendre les décisions importantes, même si ça va à l’encontre du vouloir du peuple.
Et, même si ce choix peut ne pas plaire, c’est peut-être Brigitte Macron qui aura le dernier mot sur la nomination du futur premier ministre.
La France enlisée dans une crise politique profonde
Depuis 2017, première élection d’Emmanuel Macron, les crises s’enchaînent en France. Gilets Jaunes, Covid-19, inflation, manifestations et grèves, pénuries… le président a traversé de nombreux problèmes et ce n’est pas terminé.
Élu une seconde fois en 2022, toujours face à Marine Le Pen du Rassemblement National, Emmanuel Macron a finalement eu cinq premiers ministres en sept ans, tous avec un gouvernement différent.
À l’issue des élections européennes durant lesquelles les Français ont placé le Rassemblement national en tête des votes, Emmanuel Macron a pris une décision à laquelle personne ne s’attendait. Reconnaissant sa défaite, le président de la République a fait le choix de dissoudre l’Assemblée nationale.
Une décision qui a mené à la tenue de nouvelles élections législatives anticipées. Un choix qui a conduit le président à être vivement critiqué par son entourage. Il faut dire que la décision était particulièrement risquée puisqu’il y avait de fortes chances que le camp présidentiel perde sa majorité à l’Assemblée nationale.
C’est en effet ce qui s’est passé puisque c’est l’alliance des partis de gauches (Nouveau Front populaire) qui est arrivée en tête des suffrages. À la suite de ce résultat, Gabriel Attal a déposé sa démission comme le veut la tradition.
Alors que tout le monde espérait un changement rapide de gouvernement, il a fallu patienter près de deux mois. Une attente qui a provoqué la colère des oppositions, menant même au lancement d’une procédure de destitution d’Emmanuel Macron.
Michel Barnier, un Premier ministre qui ne fait pas l’unanimité
Après Edouard Philippe, Jean Castex, Elisabeth Borne et Gabriel Attal, c’est Michel Barnier qui a finalement été nommé à Matignon par le président le 5 septembre dernier. « Le Président s’est assuré que le Premier ministre et le gouvernement à venir réuniraient les conditions pour être les plus stables possibles et se donner les chances de rassembler le plus largement« , annonçait alors un communiqué de l’Élysée.
Nominé après la dissolution surprise et les législatives, Michel Barnier a eu du mal à convaincre le peuple et les opposants. Républicain, nominé alors que c’est la gauche qui a remporté la majorité relative (certes très faible), il a également nommé un gouvernement républicain et macroniste.
En nommant Michel Barnier, Emmanuel Macron choisissait un homme du compromis et avait obtenu la garantie qu’il ne soit pas censuré immédiatement après sa nomination. Le Premier ministre pouvait compter sur le soutien des Républicains et des trois formations macronistes (Renaissance, Modem, Horizons).
Ce choix convenait aussi au Rassemblement national qui ne l’a pas censuré dès sa nomination. Le parti de Marine Le Pen disait vouloir juger sur place et a fixé ses conditions pour la non-censure. Depuis le début, la gauche, qui réclamait la nomination de Lucie Castets, a dénoncé le choix d’un conservateur qu’ils accusaient d’être sous la tutelle de l’extrême droite.
Le budget 2025 : le gouvernement déploie le 49.3
En plus d’être le candidat que personne n’attendait, il a commencé ses fonctions sur un sujet très épineux : le budget 2025. Vous le savez, mais la France fait face à une dette nationale colossale.
La France est le troisième pays le plus endetté de l’Union européenne. Cela lui a valu d’être épinglée par l’UE et risque même une grosse amende. Pour redresser la barre, le projet de loi des finances 2025 a donc été proposé par le gouvernement de Michel Barnier.
Un budget pour 2025 proposé très tardivement en raison de la nomination tardive de Michel Barnier par Emmanuel Macron. Sauf que dans ce projet, 60 milliards d’économies sont envisagés.
Pour y parvenir, plusieurs mesures ont donc été proposées. Par exemple, une hausse des taxes sur l’énergie, une augmentation des impôts, pour ne citer que celles-ci.
Et très récemment, les députés de l’Assemblée nationale, une Assemblée divisée en trois grands blocs (gauche, centre et droite), ont débattu pour le budget de l’Assurance santé.
Un peu avant, Marine Le Pen et Michel Barnier se sont entretenus et l’ex-présidente du RN a demandé plusieurs concessions sur ce budget. Notamment : l’annulation de la désindexation des retraites sur l’inflation et l’annulation du déremboursement de certains médicaments.
En effet, dans cette proposition de loi, Michel Barnier pense désindexer les retraites et abaisser le remboursement de certains soins et médicaments.
Marine Le Pen, qui représente en partie le Rassemblement National, a demandé au premier ministre de renoncer à ces mesures. Mais, il n’y semblait pas disposé.
Ainsi, lors du débat sur le budget de l’Assurance maladie, et face aux discordes des députés, Michel Barnier a prononcé le 49.3. Le 49.3 permet de passer une loi en force sans vote.
Michel Barnier contraint de démissionner après l’adoption de la motion de censure
Quelques secondes après l’utilisation du 49.3 par Michel Barnier, la gauche a déposé une motion de censure. Marine Le Pen a rapidement déclaré que son parti comptait non seulement déposer sa propre censure, mais aussi qu’il comptait voter pour la motion de censure de la gauche.
Ce qui était attendu est arrivé puisque le gouvernement de Michel Barnier est tombé ce mercredi 4 décembre. Un évènement inédit depuis 1962. Après deux heures de discours par les présidents de chacun des 11 groupes de l’Assemblée et une prise de parole du Premier ministre, les députés ont exprimé leurs votes.
331 députés sur 577 ont décidé de mettre fin au gouvernement, constituant une majorité absolue. Une censure qui entraine la démission automatique du gouvernement selon la Constitution. Autre conséquence de ce vote : le budget de la Sécurité sociale est rejeté.
Quelles conséquences politiques ?
Emmanuel Macron doit désormais nommer un nouveau Premier ministre. À noter qu‘il ne peut pas dissoudre l’Assemblée et convoquer de nouvelles élections législatives avant juillet 2025.
Plusieurs options s’offrent donc au chef de l’État. Il pourrait choisir de renommer Michel Barnier, ce qui semble très peu probable. En l’absence de majorité, le chef de l’État a aussi la possibilité de nommer un Premier ministre « technique ». Il s’agirait d’une personnalité extérieure à la sphère politique chargée d’expédier les affaires courantes.
Autre possibilité : choisir une nouvelle majorité politique. Le président pourrait tenter de créer une nouvelle majorité du centre, et non plus à droite, en essayant de rallier des soutiens socialistes. La rumeur d’une nomination de Bernard Cazeneuve est toujours sur la table.
Mais les différents partis de gauche sont pour l’heure en désaccord sur le sujet. Alors que la France insoumise refuse de tendre la main aux macronistes, les socialistes y sont plus ouverts. Le chef des députés socialistes, Boris Vallaud, a dit vouloir proposer à tous les partis, sauf le RN, « de poser la question des conditions d’une non-censure ».
Le dernier choix possible serait une démission d’Emmanuel Macron, qui mènerait à la tenue d’une élection présidentielle anticipée. Une hypothèse voulue par certains membres de l’opposition ainsi que les Français.
Le 29 novembre dernier, CNews a d’ailleurs dévoilé un sondage CSA selon lequel 62% des Français souhaitent la démission d’Emmanuel Macron si le gouvernement du Premier ministre était censuré.
Le président a réagi à cette rumeur auprès de CNews, ce mardi 3 décembre, et il a été très clair. « Je serai là jusqu’à la dernière seconde. Je ne fais pas dans la politique fiction », a-t-il déclaré, coupant court à l’hypothèse d’une démission.
L’hypothèse de la démission écartée, Emmanuel Macron doit donc trouver un remplaçant à Michel Barnier et plusieurs noms circulent déjà depuis plusieurs jours.
Plusieurs noms circulent pour entrer à Matignon
D’après plusieurs sources, le chef de l’État ne pencherait pas pour l’hypothèse d’un Premier ministre de gauche. « Même Bernard Cazeneuve, je ne suis pas sûr que ça ne ferait pas perdre une partie de la Droite républicaine », confie une source à BFMTV.
« Il ne voit pas la solution à gauche », assure un autre proche d’Emmanuel Macron. Plusieurs autres noms sont évoqués. Parmi les noms qui circulent, figurent François Bayrou, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le président du Sénat Gérard Larcher ou encore François Baroin, séparé depuis peu de Michèle Laroque.
François Bayrou semble est un candidat qui apaprait très pertinent. Selon un élu de droite, l’homme politique « coche beaucoup de cases ». Il pourrait également être accepté par l’extrême droite puisqu’il est l’un des rares à avoir parrainé Marine Le Pen lors de la dernière présidentielle.
Mais un autre nom est aussi régulièrement cité. Il s’agit d’un ministre actuellement en poste, qui serait poussé par Brigitte Macron.
Le chouchou de Brigitte Macron bientôt Premier ministre ?
Celui qui est régulièrement cité pour succéder à Michel Barnier n’est autre que Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées. En effet, selon Julien Nény, journaliste sur France Inter, le politicien de 38 ans pourrait être le candidat idéal pour le clan Macron.
Jeune et déjà en poste à Matignon, il aurait même récemment été vu lors d’une réunion à l’Élysée en train « de dessiner sur une feuille la future composition d’un gouvernement« .
Toujours selon le journaliste, Sébastien Lecornu serait d’ailleurs « très poussé par Brigitte Macron ». Si vous ne le savez pas, Brigitte Macron et Sébastien Lecornu auraient des relations amicales depuis des années. Ils auraient même déjà passé des vacances ensemble, dans le Var ou au fort de Brégançon.
Sébastien Lecornu pourrait permettre de rassembler les LR, les macronistes, sans être censuré par le RN. D’après le journaliste politique Gauthier Le Bret, le Ministre des Armées « a déjà vu Marine Le Pen, il traite le RN, il ne le méprise pas. Et on sait combien c’est important pour elle ».