Marine Le Pen : Cette vengeance qu’elle prépare contre Macron
Marine Le Pen est-elle rancunière, après ses deux défaites aux élections présidentielles 2017 et 2022 face à Emmanuel Macron ? La nomination de Michel Barnier comme premier ministre ne cacherait-elle pas une stratégie du Rassemblement National (RN) pour se venger du président ?
Emmanuel Macron : la nomination du premier ministre très tendue
Tandis qu’une information judiciaire a été ouverte pour le financement de sa campagne de 2022, Marine Le Pen observe désormais dans l’ombre la nomination d’un nouveau premier ministre récemment nommé par le président. Une nomination difficile pour le chef d’État, mais assez satisfaisante pour le RN.
Une perte de pouvoir pour le parti présidentiel
Après la dissolution de l’Assemblée nationale, une décision qui a fait chuter sa popularité, Emmanuel Macron a vu dégringoler tout son plan en seulement quelques mois.
Le parti présidentiel a perdu les élections européennes face au RN, puis Renaissance a aussi perdu sa majorité relative. Jusqu’ici, Emmanuel Macron avait le choix du gouvernement car son parti politique avait un nombre de députés à l’Assemblée en majorité.
Le gouvernement doit, traditionnellement, refléter l’Assemblée. Mais, après la dissolution menant à des élections législatives, tout a changé. Le RN a dominé le premier tour des suffrages et, après une campagne de barrage, c’est le Nouveau Front Populaire (NFP) qui a obtenu la majorité relative.
L’alliance de partis de gauche (comme La France Insoumise, les écologistes ou encore les socialistes) a obtenu un nombre de députés lui offrant une majorité relative, mais très faible.
Ensemble, soit l’alliance du Modem, du parti Horizons d’Edouard Philippe et Renaissance, est arrivé très proche en seconde position. Finalement, le RN et ses alliés Républicains sont arrivés troisième.
Une Assemblée divisée et un choix cornélien
« Personne ne l’a emporté », disait Macron. Une Assemblée désormais divisée en trois grands blocs politiques. Suivant la tradition, Gabriel Attal a donc démissionné de ses fonctions de premier ministre macroniste, laissant la France sans leader durant toute la durée des Jeux Olympiques de Paris.
Emmanuel Macron a eu du mal à choisir un nouveau premier ministre. Avec une Assemblée divisée, le président a envisagé plusieurs profils de bords différents, rejetant néanmoins le profil de Lucie Castets, favorite du NFP.
Un choix anti-démocratique pour la gauche, mais aussi pour certains membres de la droite qui estimaient que choisir un premier ministre du NFP était logique, étant donné le résultat en sa faveur aux législatives.
De son côté, le RN est le parti politique unique qui a le plus de députés dans l’hémicycle (donc hors alliances). Pour Marine Le Pen, son ex-présidente avant Bardella, ne pas nommer un premier ministre de droite serait tout autant anti-démocratique.
Un non-respect pour « les onze millions de Français qui ont voté pour le Rassemblement national », a-t-elle tweeté. Emmanuel Macron a d’ailleurs reçu Marine Le Pen avant de rendre sa décision.
Marine Le Pen, a-t-elle un lien avec la nomination de Michel Barnier ?
D’ailleurs, Marine Le Pen aurait donné son avis sur la question. Il semblerait qu’elle ait indiqué vouloir censurer le gouvernement si c’était Xavier Bertrand qui était nommé premier ministre. Ce dernier était favori.
Marine Le Pen contre Xavier Bertrand ?
Il paraitrait que Marine Le Pen et Xavier Bertrand ne soient pas en bons termes. « Je ne vous cache pas que j’ai toutes les réserves, humainement, sur Xavier Bertrand, mais au-delà de ma satisfaction personnelle », disait-elle en 2021.
« Xavier Bertrand est le seul des candidats qui a toujours exprimé une hostilité, voire de la haine, à l’égard du Rassemblement national, et de moi-même d’ailleurs », avait-elle ajouté.
Macron nomme un Républicain
Emmanuel Macron envisageait plusieurs profils vers la gauche, comme vers la droite, mais toujours dans une dimension centriste, pour rester dans une politique macroniste, sans grandes réformes de gauche ou de droite.
Finalement, il a justement choisi un profil centriste, issu du parti des Républicains, mais allié avec Emmanuel Macron. Le nouveau premier ministre a été nommé dans la surprise générale, mais aussi dans une grande indifférence, car c’est un profil qui peut « convenir » à tous. Il s’agit de Michel Barnier, 73 ans.
Un choix qui n’est pas du NFP. Dans ce cadre, il est donc possible que le NFP pose une motion de censure contre le gouvernement à venir. Mais, du côté du RN, le choix de Michel Barnier ne semble pas forcément déplaire.
Si le RN et le NFP n’approuvaient pas, tous les deux, cette nomination, une motion de censure aurait certainement été déposée et votée.
Le RN assez satisfait de la nomination de Michel Barnier ?
Mais, le RN a déclaré que « Michel Barnier sur l’immigration, semble avoir le même constat que le nôtre ». L’immigration étant une notion importante pour le RN, le parti semble, pour le moment, approuver sa nomination.
Récemment condamnée en appel pour diffamation envers l’association la Cimade, la fille de Jean-Marie Le Pen faisait récemment l’objet d’un article sur Le Monde, publié ce 10 septembre 2024.
Dans cet article, les journalistes dressent le tableau d’une forme de vengeance pour Marine Le Pen, contre Emmanuel Macron et à l’aide de la nomination de Michel Barnier.
Le Pen VS Macron, des concurrents présidentiels
Pour rappel, Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont un peu des « ennemis de toujours ». Ils étaient concurrents directs aux élections présidentielles de 2017 et 2022.
Selon beaucoup d’experts et de citoyens, la nomination de Michel Barnier serait un bon moyen pour le RN et Marine Le Pen de reprendre la main dans le gouvernement.
Pour le moment, nous ne savons pas qui il va nommer comme ministres, mais on peut imaginer qu’il y aura du centre, un peu de gauche et un peu de droite.
Marine Le Pen n’aurait pas demandé à Macron de nommer Barnier, mais ça ouvre des portes
Néanmoins, Marine Le Pen a quand même démenti les propos de certains médias qui disaient qu’elle avait échangé jusqu’au dernier moment avec le président. Cela suggérait qu’elle aurait appuyé la candidature de Michel Barnier.
Ce ne serait donc pas le cas. Par contre, elle aurait demandé que le candidat ne soit pas du NFP, par respect pour les électeurs RN. « Je ne suis pas DRH d’Emmanuel Macron », a-t-elle déclaré.
Dans son article, Le Monde explique toutefois que Michel Barnier serait « le ‘profil idéal’ pour ne pas braquer la fille de Jean-Marie Le Pen et le président de la République », relaie Gala.
Ainsi, Marine Le Pen semble reprendre la main et faire peser ses décisions dans la balance. Une vengeance pour son parti qui aurait été « marginalisé ». « Ils ont voulu nous marginaliser ? On ne leur fera aucun cadeau« , aurait déclaré un proche.
Toutefois, elle assure qu’il n’y a pas de « deal secret » entre elle et Emmanuel Macron pour la nomination de Michel Barnier. Cette décision ne viendrait donc pas d’elle, mais exclusivement du président. Par contre, cette décision du président ne serait pas en défaveur du RN, au contraire.