Marine Le Pen candidate en 2027 malgré sa condamnation ? Ce scénario possible
Ce lundi 31 mars, Marine Le Pen a été reconnue coupable par le tribunal correctionnel de Paris de détournement de fonds publics. Sa candidature pour la présidentielle de 2027 est compromise puisqu’elle a été condamnée à une peine d’inéligibilité de cinq ans.
La leader du Rassemblement national est ainsi inéligible jusqu’en 2030, chamboulant ses plans pour l’élection présidentielle prévue en avril 2027. Malgré sa condamnation, Marine Le Pen a encore une chance de pouvoir se présenter pour succéder à Emmanuel Macron. On vous explique tout au sujet de ce scénario qu’il ne faut pas écarter.
Marine Le Pen face à la justice
Marine Le Pen vit des dernières semaines compliquées. Après avoir vécu la disparition de son père, Jean-Marie Le Pen, elle doit faire face à la justice. La politicienne est en effet impliquée dans une sombre affaire : l’affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen.
Ce n’est pas la première fois que la leader du Rassemblement national se retrouva face à la justice. En 56 ans, elle a notamment été condamnée pour diffamation après une plainte déposée par l’ancien membre du FN Christian Baeckeroot.
Elle a également vu son permis de conduire annulé après avoir perdu tous ses points entre 2007 et 2012. Mais, elle est surtout visée dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen où plusieurs personnes sont accusées de détournement de fonds publics européens.
Qu’est-il reproché aux membres du parti ? Concrètement, il s’agit de soupçons d’emplois fictifs concernant des assistants parlementaires des députés européens du Front national (FN), alors devenu RN.
Les députés sont soupçonnés d’avoir employé ces assistants pour servir les intérêts de leur parti sans travailler réellement sur les dossiers européens. Dans le cas où ces accusations seraient fondées, cela correspondrait à des emplois fictifs financés par le contribuable européen, constituant un délit représentant un préjudice évalué entre 5 millions d’euros (entre 2012 et 2017) et 7,5 millions d’euros (entre 2010 et 2016).
Parmi les personnalités mises en examen par la justice française pour détournement de fonds publics ou complicité pour ce délit, figurent notamment Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, Wallerand de Saint-Just, Nicolas Bay, Julien Odoul et Louis Aliot.
Plusieurs figures du RN condamnées
Alors que le procès s’est tenu du 30 septembre au 27 novembre 2024, le jugement a été rendu ce 31 mars 2025. Marine Le Pen est huit députés européens au moment des faits ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics. Au total, ce sont 24 personnes qui comparaissaient devant la justice et 23 ont été condamnées.
Le FN, devenu RN, a écopé d’une condamnation à deux millions d’euros d’amende, dont un million ferme, ainsi qu’à la confiscation d’un million d’euros saisi pendant l’instruction. Des dommages et intérêts ont aussi été octroyés au Parlement européen.
Au total, neuf anciens députés européens, dont Marine Le Pen, ont été reconnus coupables d’avoir embauché et payé des assistants parlementaires qui n’ont pas travaillé pour eux, mais pour le parti. Dans le détail, le vice-président du RN Louis Aliot a été condamné à 18 mois de prison dont 6 mois ferme et une inéligibilité de trois ans, sans exécution immédiate.
Procès du RN: "Je conteste le fond du jugement", déclare Louis Aliot après sa condamnation pic.twitter.com/xklE9l1bEt
— BFMTV (@BFMTV) April 1, 2025
Marie-Christine Arnautu a été condamnée à une peine de 18 mois avec sursis, 8 000 euros d’amende dont 3 000 euros avec sursis et une inéligibilité de 3 ans. Nicolas Bay, ancien secrétaire général du parti puis vice-président, a été condamné 12 mois de prison dont 6 mois ferme, 8 000 euros d’amende et 3 ans d’inéligibilité, avec exécution provisoire.
Bruno Gollnisch a été sanctionné de 3 ans de prison dont 1 an ferme sous bracelet, 50 000 euros d’amende et une inéligibilité pendant 5 ans avec exécution provisoire. Fernand Le Rachinel a été condamné à 2 ans avec sursis, 15 000 euros d’amende, 3 ans d’inéligibilité.
Marie-Christine Boutonnet, Dominique Bilde et Mylène Troszczynski ont quant à elles étaient condamnées à 18 mois avec sursis et inéligibilité durant 3 ans avec sursis. Douze personnes ont également été sanctionnées pour avoir bénéficié d’emplois fictifs d’assistants parlementaires.
Notre démocratie est en voie d'effondrement. Hier, des millions de Français ont été éliminés politiquement !
— Julien ODOUL (@JulienOdoul) April 1, 2025
Par tous les moyens, même les pires, le système veut empêcher le #RN et nos idées d'arriver au pouvoir. #JeSoutiensMarine @SudRadio pic.twitter.com/rYlKfiJgeY
Parmi ces personnes, on retrouve Julien Odoul qui a été condamné à huit mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité sans exécution provisoire. On peut aussi citer Yann le Pen, la sœur de Marine Le Pen et mère de Marion Maréchal, qui a été condamnée à 12 mois avec sursis et 2 ans d’inéligibilité avec sursis.
La lourde condamnation de la leader du RN
Mais la condamnation la plus importante concerne Marine Le Pen. La leader du RN a d’ailleurs quitté la salle d’audience furieuse après avoir été reconnue coupable de détournement de fonds européens, et ce avant même l’annonce de sa peine. Après son départ, le tribunal correctionnel de Paris a rendu plus sévère que ce que tout le monde avait imaginé.
La cheffe de file du RN a été condamnée à quatre ans de prison, dont deux ans ferme à réaliser sous bracelet électronique, comme Nicolas Sarkozy. Elle a aussi écopé d’une amende de 100 000 euros, mais surtout, elle a été condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, ce qui l’empêche de se présenter à la présidentielle de 2027.
Marine Le Pen a immédiatement annoncé faire appel de ce jugement. Le soir de sa condamnation, la femme politique de 56 ans s’est exprimée sur le plateau du JT de TF1. « La présidente a rendu une décision politique », a jugé la leader du RN, qui estime que la magistrate a voulu l’empêcher de se « présenter à l’élection présidentielle ».
🔴 Marine Le Pen (@MLP_officiel), invitée du JT de 20H
— TF1Info (@TF1Info) March 31, 2025
🗣️ "Je vais faire appel parce que je suis innocente. Nous sommes tous innocents. Les juges se sont trompés. J'avais compris que nous serions jugés de manière particulièrement partiale." pic.twitter.com/VhGsf5JTO0
« Je suis innocente », a clamé Marine Le Pen, qui estime avoir été jugé de manière « partiale ». Si la leader du RN ne veut pas se laisser abattre, elle risque malgré tout de ne pas pouvoir se présenter en 2027, quelles options s’offrent alors au parti ? Faut-il s’attendre à une candidature de Jordan Bardella ?
Jordan Bardella candidat à la présidentielle de 2027 ?
« Bardella peut être un candidat rassurant. Certains électeurs qui n’auraient jamais voté Marine Le Pen à cause de son nom pourraient être séduits. Certes il est jeune, très jeune, mais il peut faire un ticket avec Marine Le Pen. À lui l’Élysée, à elle Matignon », assure un député.
L’ancienne candidate à la présidentielle avait déjà avancé cette idée en janvier 2024 : « J’ai pris la décision comme potentielle candidate à la présidentielle de présenter aux Français celui qui serait le Premier ministre si j’étais élu », avait-elle déclaré. Marine Le Pen serait-elle prête à inverser les rôles ?
Une chose est sûre, la cheffe de file du RN croit en Jordan Bardella. Au micro de BFMTV, elle a récemment assuré que le jeune politique avait « la capacité d’être président de la République ». Sur TF1, Marine Le Pen a décrit le président du parti comme « un atout formidable pour le mouvement ».
🔴 Marine Le Pen (@MLP_officiel), invitée du JT de 20H
— TF1Info (@TF1Info) March 31, 2025
🗣️ "Jordan Bardella est un atout formidable pour le mouvement. J'espère que nous n'aurons pas à user de cet atout plus tôt qu'il n'est nécessaire. En attendant je suis combattive, je ne vais pas me laisser éliminer." pic.twitter.com/OFBb8fBS7D
« J’espère que nous n’aurons pas à user de cet atout plus tôt que nécessaire », nuance-t-elle toutefois. Il faut dire que cette condamnation de Marine Le Pen tombe mal puisque la veille, un sondage la plaçait très haut dans les intentions de vote pour 2027.
La candidate du RN cumule 37% d’intentions de vote au premier tour, soit dix points de plus qu’en 2022. L’Élysée n’a jamais été aussi proche pour Marine Le Pen, mais sa condamnation a tout chamboulé. Pourtant, la leader de l’extrême droite a encore une infime chance de pouvoir se présenter en 2027.
Ce scénario sur lequel compte Marine Le Pen
Il existe en effet un scénario qui rendrait possible la quatrième candidature de Marine Le Pen à l’Élysée. La première condition est de faire appel, ce qu’a l’intention de faire la députée. La suite est une question de calendrier. Le procès en appel n’aura pas lieu en 2025, mais pourrait se tenir en 2026.
Rappelons-nous le cas de François Fillon. Il s’est écoulé moins de 17 mois entre sa condamnation le 29 juin 2020 et l’ouverture du procès en appel le 15 novembre 2021. Sa condamnation en appel a eu lieu le 9 mai 2022, c’est-à-dire 679 jours après sa condamnation en première instance.
Si on applique ce calendrier pour Marine Le Pen, on arrive au 8 février 2027. Si elle est relaxée à cette date, elle serait automatiquement éligible et pourrait participer à la présidentielle qui doit avoir lieu en avril. C’est pour cette raison que la femme politique a demandé sur TF1 que « la justice se hâte ».
En appel, la leader du RN pourrait être relaxée, mais il y a aussi d’autres possibilités. Elle pourrait être à nouveau condamnée, mais l’exécution provisoire peut être levée. Ainsi, l’inéligibilité ne serait appliquée qu’une fois toutes les voies de recours épuisées. Autre scénario : sa peine d’éligibilité peut être réduite et si la durée a déjà été couverte par la période écoulée, alors elle est à nouveau éligible.
Même si l’un de ces scénarios avait lieu, Marine Le Pen se présenterait-elle en 2027 ? Ce cas de figure obligerait le RN à rester dans le flou jusqu’au jugement en appel de la femme politique, qui se tiendra au mieux quelques semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle.
D’ici là, Jordan Bardella, ou un autre candidat, aura certainement commencé à faire campagne. Un désistement à la dernière minute au profit de Marine Le Pen est une stratégie risquée qui ne garantit par un succès pour le parti.
2 commentaires