Emmanuel Macron sur le point de démissionner ?
Après la défaite du camp présidentiel aux européennes face au Rassemblement national, Emmanuel Macron a surpris tout le monde en annonçant la dissolution de l’Assemblée. Le président de la République s’exprimera de nouveau lors d’une conférence de presse (initialement prévue le mardi 11 juin, elle a été reportée à 11 heures le mercredi 12 juin). Une prise de parole durant laquelle il pourrait aborder sa démission. On vous explique.
Emmanuel Macron va donner une conférence de presse
Deux jours après avoir annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections législatives anticipées, Emmanuel Macron va reprendre la parole. Ce mardi 11 juin dans l’après-midi, le président va donner une conférence de presse. L’annonce a été faite le lundi soir.
Sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale fait suite aux élections européennes qui ont signé la déroute du camp présidentielle face au Rassemblement national mené par Jordan Bardella. Une dissolution voulue par le camp de Marine Le Pen, mais que les autres partis redoutent.
Plusieurs personnalités politiques accusent le président de la République de réaliser « un coup de poker », qui pourrait accélérer l’arrivée du RN au pouvoir. De son côté, Emmanuel Macron martèle le même message : « J’ai confiance dans le peuple ».
Avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, les élections présidentielles seront maintenant désynchronisées par rapport aux élections législatives. Les prochaines élections présidentielles se tiendront en 2027 et les législatives en 2029 sauf en cas de dissolution là aussi.
Un premier tour aura donc lieu le 30 juin pour déterminer les partis qui pourront accéder au second tour. Pour finir, après le vote du 7 juillet, le président devra choisir un Premier ministre venant du parti qui aura obtenu une majorité de voix.
Quelle est la stratégie du président après la dissolution ?
Le chef de l’État répondra aux questions des journalistes lors de sa conférence de presse. Mais d’après les informations d’Europe 1, Emmanuel Macron pourrait mettre sa démission dans la balance afin de dramatiser l’enjeu des élections législatives à venir.
« La démission du président n’est pas un tabou. Oui, il faut aujourd’hui envisager tous les scénarios », assure un proche d’Emmanuel Macron. Selon lui, le chef de l’État serait prêt à sacrifier la fin de son quinquennat. Cette option n’est évidemment pas privilégiée par le président de la République, mais cette perspective pourrait permettre de dramatiser le scrutin à venir.
Mais une autre perspective s’offre à Emmanuel Macron, celle de la cohabitation. Il pourrait être contraint de diriger le pays avec un gouvernement d’extrême droite dont le Premier ministre serait certainement Jordan Bardella. Un cas de figure qui est déjà arrivé en France.
En 1986, une cohabitation arrive en réponse à la défaite de François Mitterrand aux législatives. Deux ans plus tard, Mitterrand demande la dissolution de l’Assemblée et retrouve une majorité relative. En 1993, une nouvelle cohabitation a lieu, plus cordiale, entre les deux têtes de l’exécutif François Mitterrand et Édouard Balladur. Elle sera surnommée plus tard « la cohabitation de velours ».
La dernière cohabitation en date, pour l’instant, était en 1997. La Gauche remporte les élections législatives anticipées. Le président Jacques Chirac avait ordonné la dissolution de l’Assemblée nationale.
« La cohabitation avec le RN peut aussi être une piste pour les laisser se planter joyeusement avant 2027 », lance un cadre du parti présidentiel. Les membres de Renaissance espèrent ainsi un réveil des consciences avec le RN au pouvoir, qui permettrait à Emmanuel Macron de retrouver une majorité.
Il se pourrait même que le président ait annoncé la dissolution pour faire gagner le Rassemblement national aux élections législatives et démissionner, faute de majorité.
Que se passerait-il en cas de démission ?
En cas de démission d’Emmanuel Macron, c’est le président du Sénat, Gérard Larcher, qui assurerait l’intérim à la tête de l’État. Depuis 1958, la Vᵉ République confie au président du Sénat l’intérim de la fonction présidentielle en cas de démission ou de décès du président de la République.
Une configuration qui a eu lieu seulement à deux reprises depuis le début de la Vᵉ République. D’abord, en 1969, après la démission de Charles de Gaulle, puis en 1974 après le décès de Georges Pompidou. La question d’une potentielle démission d’Emmanuel Macron interroge quant à l’avenir du président.
Emmanuel Macron pourrait-il se représenter ?
S’il démissionne, Emmanuel Macron ne sera pas arrivé au terme de son deuxième mandat. Pourrait-il alors se représenter en 2027 ? Selon l’article 6 de la Constitution, « le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Les modalités d’application du présent article sont fixées par une loi organique. »
Si « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs « , les mandats doivent-ils être complets ? Ce passage de la Constitution est soumis à l’interprétation, mais puisque la durée n’est pas mentionnée, Emmanuel Macron ne pourrait, à priori, pas se représenter.
Si le cas ne s’est jamais présenté au niveau du président de la République, on peut citer la décision du Conseil d’État au sujet du président de la Polynésie française. Ce dernier a pu briguer un troisième mandat alors que la loi limite également le nombre à deux consécutifs. La raison ? Après la démission de son prédécesseur, il n’a pas effectué son premier mandat en entier.
Il apparaitrait quand même surprenant que le chef de l’État démissionne. Ce scénario pourrait être envisagé en cas de majorité absolue écrasante du Rassemblement national, ce qui parait probable avec la récente alliance des partis de gauche. Dans un entretien publié par Le Figaro Magazine, Emmanuel Macron a finalement exclu de démissionner « quel que soit le résultat ».