Emmanuel Macron sous pression : le choix du premier ministre tourne mal
Après ce 7 juillet 2024, le Nouveau Front Populaire (NFP) a remporté la majorité à l’Assemblée nationale. Désormais, le parti reconstitué met la pression à Emmanuel Macron pour nommer un nouveau premier ministre issu du NFP.
La dissolution de l’Assemblée nationale, une décision historique
Le 9 juin 2024, la France a voté pour les élections européennes. Le résultat fut surprenant puisque c’est le Rassemblement National (RN) qui a dominé avec plus de 30 % des voix, le double du parti présidentiel.
Alors que Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron et Gabriel Attal, était en majorité relative (moins de la majorité absolue de 289 députés) à l’Assemblée, le président a pris une décision historique.
Il y pensait depuis un moment, il a finalement annoncé dans la foulée la dissolution de l’Assemblée nationale. Les députés élus par les français, ceux qui votent les voix, ont vu leurs mandats écourtés. La France a donc dû voter pour de nouveaux députés au niveau local.
L’enjeu était de taille puisque le parti qui a le plus de députés peut s’emparer du pouvoir en France. En effet, le gouvernement en France doit représenter la majorité de l’Assemblée nationale.
Jusqu’ici, c’était le parti d’Emmanuel Macron qui était en majorité (relative), c’est donc Gabriel Attal qui était premier ministre et qui a composé son gouvernement de ministres.
Des résultats surprenants pour les élections législatives de 2024
Dans le cadre de ces élections législatives, lors du premier tour, ce 30 juin, c’est le RN qui a dominé le suffrage. Le parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen était suivi de près par le Nouveau Front Populaire (NFP).
Ce mouvement du NFP est une alliance des partis de gauche, englobant notamment le parti socialiste, les écologistes, les communistes ou encore La France Insoumise (LFI) de Mélenchon.
Ce 30 juin, le RN et le NFP étaient alors suivis de près par un troisième bloc, le mouvement Ensemble, qui est le parti de Gabriel Attal et Macron, Renaissance, allié avec les partis du centre, notamment de Horizons d’Edouard Philippe.
Le 7 juillet 2024 a eu lieu le second tour de l’élection. Et ce fut une énorme surprise. Après une alliance pour faire barrage au RN, entre le NFP et Ensemble, le RN a fini troisième en nombre de députés.
Ensemble est arrivé second et le NFP a gagné l’élection avec une majorité relative de députés élus à la nouvelle Assemblée nationale.
Actuellement, le NFP (constitué de plusieurs partis) compte 181 sièges. Et le reste de la gauche compte 11 sièges. Pour Ensemble (constitué de plusieurs partis), le mouvement compte 164 députés.
Et le RN (et ses alliés Républicains) compte finalement 142 sièges. Les républicains non alliés au RN et le reste de la droite comptent désormais 68 sièges.
Le Nouveau Front Populaire se dit « prêt à gouverner »
Vous l’aurez donc compris, l’Assemblée n’a jamais été aussi disparate. Désormais, beaucoup se demandent comment il serait possible de gouvernement avec trois grands blocs radicalement opposés.
Même s’il y a des rumeurs d’alliances entre le centre et la gauche, ou des rumeurs de compromis sur le programme du NFP, le NFP demande dorénavant à prendre le pouvoir. Et ce, malgré sa majorité très relative de 181 sièges.
Dès le 7 juillet 2024, Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs pris la parole pour réagir à cette victoire. Dans cette prise de parole, il a clairement appelé Gabriel Attal à déposer sa démission. Il a également appelé le NFP à gouverner et à appliquer son programme.
Pour que le NFP puisse gouverner et appliquer son programme, n’ayant pas la majorité absolue, il faut qu’Emmanuel Macron accepte qu’accueillir un premier ministre de la gauche. Si le NFP avait eu une majorité absolue de 289 sièges, le président n’aurait pas eu le choix.
Alors qu’Emmanuel Macron semble être rejeté de tous les côtés, le président n’a pas encore pris de décision de ce côté.
Emmanuel Macron n’a pas encore décidé qui sera le prochain premier ministre
Le 7 juillet, après l’annonce des résultats, Gabriel Attal a remis sa démission à Emmanuel Macron, comme le veut la tradition. Cependant, pour l’instant, le président n’a pas accepté sa demande.
Emmanuel Macron a même refusé sa démission, pour l’heure. Il a déclaré vouloir garder le pays stable, d’où sa décision. Néanmoins, il devrait quand même bientôt nommer un nouveau premier ministre.
Cela se fera peut-être dans les prochains jours, voire après les JO de Paris 2024. Mais qui sera premier ministre ?
Deux scénarios possibles. Le premier, Emmanuel Macron pourrait nommer un premier ministre de son parti politique, de Ensemble. Dans ce cas, il s’expose à une motion de censure de la part de l’Assemblée. La motion de censure, si votée à 289 voix, peut renverser le gouvernement.
Et le second : Le NFP propose un nom de premier ministre et Emmanuel Macron accepte. Ainsi, le NFP peut appliquer son gouvernement et son programme.
Notez que, pour le moment, nous ne savons pas qui serait le premier ministre pour le NFP. Ce pourrait être Jean-Luc Mélenchon, mais ce peut être aussi d’autres visages vus dernièrement dans des débats comme Manuel Bompart ou Marine Tondelier. Mais, ce peut aussi être une autre personne.
Le Nouveau Front Populaire met la pression à Emmanuel Macron
Pour le NFP, c’est en tout cas le moment de prendre le pouvoir. Même avec une majorité faible, le NFP compte bien entrer au gouvernement, comme l’a explicitement dit Jean-Luc Mélenchon.
Mais, depuis le 7 juillet 2024, le parti reconstitué met également la pression à Emmanuel Macron. Le NFP voudrait que le président se décide vite à accepter la démission de Gabriel Attal et de changer le gouvernement en place.
Si nous regardons le compte X (anciennement Twitter) de Jean-Luc Mélenchon, ce dernier repartage beaucoup de posts de membres du NFP. Dans beaucoup de ces posts, ces derniers se disent « prêts à gouverner », avec la hâte d’accéder au gouvernement.
D’un autre côté, beaucoup de monde pense qu’il n’y a « pas de vainqueur », comme l’a dit François Bayrou. Trois gros blocs politiques, et une faible majorité pour le NFP.
Le Nouveau Front Populaire, pas légitime ?
D’ailleurs, beaucoup pointent du doigt le fait que le RN, en tant que parti seul, a plus de sièges que LFI. Par ailleurs, le RN a récolté environ 10 millions de voix lors de cette élection contre environ 7 millions pour le NFP et 6 millions pour Ensemble.
Que ce soit pour les députés et votants du RN, mais aussi d’autres partis alliés, l’alliance entre Ensemble et le NFP pour faire barrage au RN serait « contre-nature », comme l’a décrit Marine Le Pen. Certains ont même décrit cette élection comme « anti-démocratique ».
Des accusations que les membres du NFP nient, dénonçant un « déni » de la part d’Emmanuel Macron, qui tarde à nommer un premier ministre de gauche.
L’insoumise Mathilde Panot a réagi à cela et a demandé à Emmanuel Macron de « respecter les urnes et le vote qui a eu lieu ».
« Avant ces élections, lorsqu’on annonçait partout que le RN serait en tête à l’Assemblée, tout le monde disait que le résultat serait incontestable », a-t-elle ajouté.
« Il tente de tourner le dos au fait que nous arrivions premiers. D’ailleurs je n’ai pas entendu un seul macroniste dire que nous étions arrivés premiers, comme s’il y avait un déni de notre place, c’est un sujet », déclare aussi Sandrine Rousseau chez Sud Radio.