Ça ne passe pas : les députés augmentent leurs frais de mandats de 300 euros « face à l’inflation »
« L’argent ne fait pas le bonheur », dit l’adage. Mais quand on est député, un peu plus de fonds pour couvrir ses dépenses ne se refuse pas.
C’est en tout cas ce qu’ont décidé nos chers représentants à l’Assemblée nationale le 24 janvier dernier.
En augmentant de 300 euros leur enveloppe mensuelle de frais, ces élus montrent qu’ils savent prendre soin de leur portemonnaie chaque fois que l’inflation menace.
Pas de raison que les parlementaires se resserrent la ceinture quand le bas peuple doit restreindre ses cordons !
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Une avance flexible
L’avance de frais de mandature, plus connue sous sa petite appellation d’AFM, est censée couvrir les dépenses liées à l’exercice du métier de représentant : location de permanence, déplacements, réceptions mondaines (pardon, « de représentation »)…
Anciennement prénommée IRFM (indemnité représentative de frais de mandat), cette enveloppe a mauvaise réputation. On lui reproche un manque de transparence et des utilisations parfois fantaisistes de la part de certains députés peu regardants.
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Un coup de pouce antiinflationniste
Las, le Bureau de l’Assemblée a donc décidé de dynamiser un peu cette AFM. De 5650 euros, la voilà qui passe à 5950 euros mensuels. Soit 300 euros de plus pour que nos députés ne manquent de rien.
Cette augmentation, la plupart des organisations politiques l’ont soutenue. Seul un village peuplé d’insoumis résiste encore et toujours à l’appel de la dépense publique facile. Le groupe LFI s’est en effet abstenu lors du vote.
Les autres formations ont justifié cette décision par la nécessité de compenser l’inflation.
Des collaborateurs lésés
Cette hausse passe mal auprès des collaborateurs parlementaires. Eux aussi aimeraient bien un petit coup de pouce pour compenser l’inflation qui pèse sur leur budget.
Or certains sont payés au SMIC avec des temps partiels. Pas cool pour eux de voir leur boss s’octroyer 300 euros de plus quand leur salaire stagne. D’autant que l’Assemblée refuse d’augmenter le crédit alloué à la rémunération des assistants, sous prétexte que cela couterait trop cher.
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Une répartition des richesses à sens unique ?
Nos députés savent prendre soin de leurs intérêts, même si certains, comme Valérie Rabault du PS, émettent des réserves. Doit-on pour autant crier au scandale ?
La réalité est plus nuancée. L’AFM est mieux contrôlée que par le passé, et les sommes non utilisées doivent être reversées. Quant à la hausse de 300 euros, elle correspond à l’inflation et beaucoup de salariés l’ont également obtenue.
Demeure que le symbole est peut-être mal choisi, alors que les Français peinent à boucler les fins de mois. Et la grogne des collaborateurs parlementaires montre un vrai problème d’équité au sein même de l’Assemblée nationale.
Comment davantage répartir les richesses produites par le travail commun des députés et de leurs équipes ? La question reste ouverte…