Sarah Saldmann se met dans la peau des salariés payés au SMIC : « Beaucoup de gens sont déconnectés comme moi »
Dans une interview accordée au Figaro, Sarah Saldmann, avocate et chroniqueuse connue, fait un pas hors des plateaux de télévision pour éprouver une expérience unique : quelques semaines dans la peau d’employés payés au SMIC.
C’est dans le cadre du documentaire « Au Boulot ! » produit par le député François Ruffin que Sarah se confronte aux réalités du monde du travail. Ce projet, loin de ses habitudes médiatiques, la pousse à remettre en question ses opinions passées sur les conditions de vie des salariés précaires.
Une plongée dans le quotidien des travailleurs
L’aventure de Sarah Saldmann commence avec une initiative inhabituelle. Contactée par François Ruffin, elle décline d’abord la proposition de participer à son film. C’est au détour d’un nouvel échange, dans les couloirs de BFMTV, que l’avocate se laisse finalement convaincre. « Il m’a dit que j’étais complètement déconnectée des réalités », raconte-t-elle.
La jeune femme, qui avait exprimé des opinions controversées sur les chômeurs et les employés précaires, décide d’accepter ce défi pour confronter ses idées à la réalité.
Le tournage, qui s’étend sur près d’un an, emmène Sarah dans diverses villes françaises, notamment Saint-Étienne. Là-bas, elle expérimente plusieurs métiers : serveuse, ouvrière en usine, auxiliaire de vie, ou encore technicienne en fibre optique. L’objectif ? Mettre en lumière les difficultés auxquelles font face des travailleurs souvent invisibles.
L’usine de poisson : le défi ultime
Si certains métiers testés par Sarah étaient déjà éprouvants, l’expérience la plus marquante reste celle de l’usine de poisson. « C’est au-delà du “plus dur”. Il fait très froid, la cadence est épouvantable », confie-t-elle. Travailler dans ces conditions requiert un effort physique et mental considérable. Sarah décrit les tâches répétitives, les charges lourdes à porter, et le devoir de se lever à 4 heures du matin. Même le simple confort d’un hôtel standard lui parait un luxe éloigné.
Après cette épreuve, l’avocate admet avoir été trop rapide à juger. « Je reviens complètement sur ma position. Tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne peut pas se rendre compte », dit-elle, insistant sur le fait que cette immersion l’a poussée à revoir ses préjugés.
Changer de perspective : une leçon d’humilité
Pour Sarah Saldmann, ce tournage n’était pas qu’une simple participation à un documentaire, mais bien une leçon de vie. Ses idées sur les travailleurs précaires et les allocations chômage étaient le plus souvent tranchées. Elle les avait exprimées à plusieurs reprises, comme lorsqu’elle avait déclaré : « Il vaut mieux avoir 1300 € qu’être au chômage. » Cependant, après avoir éprouvé cette immersion, elle reconnait le fossé qui sépare les discours des expériences concrètes.
Sarah suggère en outre que les responsables politiques, souvent déconnectés, devraient suivre son exemple pour davantage appréhender le quotidien des Français. « Même trois heures, ça suffirait pour qu’ils comprennent », affirme-t-elle.
Cette expérience montre combien il est important d’écouter les personnes directement concernées par les décisions politiques. Le documentaire « Au Boulot ! » devient ainsi un moyen d’ouvrir les yeux sur les réalités que beaucoup préfèrent ignorer.