Icône menu hamburger Icône loupe de recherche
  1. TDN >
  2. People

Une légende du cinéma vient de nous quitter à 65 ans seulement

Publié par Elsa Fanjul le 02 Avr 2025 à 11:08

Le 1er avril 2025, l’acteur américain Val Kilmer s’est éteint à l’âge de 65 ans à Los Angeles, des suites d’une pneumonie. Si la nouvelle a bouleversé le monde du cinéma et ses innombrables admirateurs, elle a aussi ravivé le souvenir d’un comédien au charisme magnétique, à la carrière éclectique et au parcours personnel profondément émouvant.

Un adieu déchirant à une légende

C’est sa fille, Mercedes Kilmer, qui a annoncé la triste nouvelle au New York Times, précisant que son père avait été « guéri » de son cancer de la gorge diagnostiqué en 2014, mais que son état de santé fragilisé l’avait rendu vulnérable à une infection respiratoire sévère. Cette pneumonie lui aura été fatale. Après une décennie de combat contre la maladie, Val Kilmer s’en est allé entouré des siens, notamment de ses deux enfants Mercedes et Jack, à qui il était très attaché.

Un début éclatant et un talent précoce

La suite après cette vidéo

Né le 31 décembre 1959 à Los Angeles, Val Edward Kilmer montre très tôt un penchant pour le théâtre. Il devient même l’un des plus jeunes étudiants jamais admis à la prestigieuse Juilliard School, révélant une exigence de jeu et une rigueur qui le suivront toute sa carrière.

Il fait ses débuts sur grand écran dans « Top Secret! » (1984), une parodie de film d’espionnage, où son sens du comique et son aisance physique surprennent le public. Mais c’est « Top Gun » en 1986 qui propulse Kilmer au rang de star mondiale. Il y incarne Tom « Iceman » Kazansky, rival glacé de Tom Cruise, dans un film devenu culte.

Le rôle de tous les risques : Jim Morrison dans The Doors

En 1991, Kilmer fait un pari audacieux : incarner Jim Morrison, le mythique chanteur des Doors, dans le biopic réalisé par Oliver Stone. Il s’investit corps et âme dans le rôle, allant jusqu’à interpréter lui-même plusieurs morceaux chantés du film. La ressemblance troublante entre l’acteur et le rockeur marque durablement les esprits et lui vaut l’admiration du public et des critiques.

Ce rôle consacre Val Kilmer comme acteur caméléon, capable de se transformer, de s’effacer derrière ses personnages pour mieux leur donner vie. Mais cet engagement total dans ses rôles lui vaudra aussi une réputation d’acteur difficile.

mort val kilmer

Batman Forever : le pic et la chute

En 1995, Kilmer endosse le costume du plus célèbre des justiciers : Bruce Wayne/Batman dans Batman Forever de Joel Schumacher. Malgré le succès commercial du film, l’expérience se révèle tendue. Le réalisateur déclarera plus tard que travailler avec Kilmer avait été « très compliqué », évoquant une période de tournage durant laquelle l’acteur ne lui aurait même pas adressé la parole.

Ce rôle aurait pu asseoir Kilmer comme une valeur sûre de l’industrie hollywoodienne. Mais paradoxalement, l’échec artistique relatif du film et les tensions sur le plateau entament son image auprès des studios. Sa carrière prend alors une tournure plus instable.

À lire aussi

Une filmographie dense, entre blockbusters et perles rares

Malgré ces contretemps, Val Kilmer ne disparaît jamais vraiment des radars. Il enchaîne les films, passant avec aisance du divertissement pur à des œuvres plus ambitieuses. On le retrouve dans :

  • « Willow » (1988), fantasy culte produite par George Lucas
  • « Tombstone » (1993), où il campe un Doc Holliday inoubliable
  • « Heat » (1995), face à Al Pacino et Robert De Niro
  • « The Saint » (1997), thriller d’espionnage où il brille de mille identités

Il est aussi à l’affiche de « True Romance » (1993) de Tony Scott, une autre perle de sa filmographie qui démontre son flair pour les scénarios audacieux.

Son éclectisme est indéniable. Kilmer refuse la facilité, explore des chemins parfois risqués, parfois marginaux. Ce refus des compromis fait de lui un acteur inclassable, libre, et souvent incompris.

acteur deces

Une personnalité perfectionniste… et complexe

Val Kilmer était connu pour être un acteur exigeant, voire obsessionnel. Son implication intense dans ses rôles, son souci du détail et sa quête de vérité dramatique lui ont parfois valu une réputation de diva.

Il reconnaîtra lui-même, dans une interview accordée à Vanity Fair en 2012, avoir refusé « dix réalisateurs exceptionnels » pour rester auprès de sa famille. « Je ne prêtais tout simplement pas attention aux affaires. Je ne peux pas être un parent responsable et n’être présent que trois ou quatre mois par an », confiait-il.

Ce besoin de concilier art et vie privée, rare dans l’univers hollywoodien, en dit long sur la sensibilité profonde de l’homme derrière l’acteur.

Le combat contre le cancer : un tournant silencieux

En 2014, le diagnostic tombe : cancer de la gorge. Kilmer garde le silence pendant trois ans avant d’en parler publiquement. Il subit une trachéotomie qui endommage gravement sa voix, le rendant quasiment aphonique. Mais il ne renonce pas pour autant à son art.

En 2021, il livre un témoignage bouleversant dans le documentaire « Val », co-produit par ses enfants Mercedes et Jack, et présenté au Festival de Cannes. Le film retrace son parcours, sa passion, ses fragilités. La voix-off est assurée par Jack Kilmer, son fils, puisque Val n’était plus en capacité de narrer lui-même. Ce documentaire devient un vibrant hommage à sa résilience.

Un dernier rôle, un dernier clin d’œil : Top Gun Maverick

En 2022, Val Kilmer revient dans Top Gun Maverick, aux côtés de Tom Cruise. Malgré son état de santé, il reprend son rôle d’Iceman. Sa voix, trop altérée, est recréée à l’aide de l’intelligence artificielle. Cette scène, sobre et poignante, où Iceman écrit sur un clavier à son ancien rival, devient l’un des moments les plus forts du film.

À lire aussi

C’est sa dernière apparition à l’écran, et elle cristallise tout ce que fut Val Kilmer : un acteur de chair et de douleur, un visage gravé dans la mémoire du cinéma.

Mercedes et Jack : l’héritage vivant

Val Kilmer laisse derrière lui deux enfants, Mercedes et Jack, nés de son union avec l’actrice Joanne Whalley. Il a toujours été très proche d’eux, allant jusqu’à refuser de grands rôles pour ne pas s’éloigner de sa vie de père.

  • Mercedes Kilmer, 33 ans, a débuté au cinéma en 2020 dans Paydirt, aux côtés de son père, où elle incarnait sa fille à l’écran.
  • Jack Kilmer, 29 ans, est connu pour ses rôles dans Palo Alto et Lords of Chaos. C’est lui qui a assuré la narration du documentaire Val.

Tous deux incarnent la relève d’un héritage artistique fort, et continueront sans doute de faire vivre la mémoire de leur père à travers leur travail.

mort acteur Frank Pesce top gun rocky beverly hills

Une disparition qui laisse un vide

La mort de Val Kilmer marque la fin d’une époque, celle des acteurs transformistes, imprévisibles, passionnés. Ceux qui, comme lui, ne se contentaient pas de jouer, mais habitaient chaque rôle, qu’il s’agisse d’un chanteur mythique, d’un chevalier, d’un super-héros ou d’un marginal.

Il n’était pas toujours facile, ni consensuel. Mais il était vrai. C’est ce qui transparaît dans ses meilleurs films, dans ses silences, dans ses choix courageux… et dans son combat contre la maladie, mené avec discrétion et dignité.

Val Kilmer, l’acteur au mille visages

Val Kilmer n’était pas une star hollywoodienne comme les autres. Il n’a jamais cherché à plaire, mais toujours à créer. Il était tour à tour charmeur, tourmenté, flamboyant, brisé, mystérieux. À travers sa disparition, c’est une figure singulière du cinéma américain qui s’éteint, mais c’est aussi une source d’inspiration éternelle pour celles et ceux qui croient encore à la puissance de l’art.

Son nom reste inscrit au panthéon des acteurs qui ont marqué le 7e art. Et dans chaque visionnage de The Doors, de Top Gun, de Heat ou de Val, son esprit continuera de briller, avec force et fragilité.