« Ça va, tu vas pas me faire un MeToo! » : Gérard Darmon accusé de violences sexistes et sexuelles
Neuf femmes brisent le silence et accusent Gérard Darmon de comportements déplacés sur plusieurs tournages. Entre gestes inappropriés, insultes sexistes et propositions choquantes, ces témoignages mettent en lumière une loi du silence malheureusement trop présente dans le paysage du cinéma français.
Quand le plateau devient un lieu de peur
Neuf femmes interrogées par Politis, dont des techniciennes et des jeunes professionnelles du cinéma, dénoncent des comportements inappropriés de Gérard Darmon sur le tournage de six films. Elles évoquent des gestes déplacés, des insultes et des remarques inappropriées qui ont instauré un climat d’angoisse.
Parmi elles, une femme anonymisée raconte comment l’acteur, après avoir essuyé son refus de venir chez lui pour coucher avec, l’aurait surnommée « chienne » et lui aurait lancé des insultes humiliantes. « Bonjour chienne, tu préfères que je t’appelle chienne ou petite cochonne ?« , lui aurait-il dit. Mais ce n’est pas tout : « il aboyait pour me parler« , décrit la jeune femme.
Une autre technicienne, tombant nez à nez avec l’acteur seul en loge, raconte une « blague » de ce dernier particulièrement gênante : Gérard Darmon étant habillé d’un simple peignoir, lui aurait proposé du chocolat d’une manière ambiguë, laissant planer un malaise. Plus tard, il lui aurait lancé : « Tu ne sais pas ce que tu rates.«
Enfin, une dernière affirme que l’acteur lui aurait dit : « Ça va, tu vas pas me faire un MeToo !« , après avoir mis sa main entre ses cuisses en la saluant. Lorsqu’elle l’a repoussé, il aurait cessé de lui parler pendant deux semaines.
Ce type de comportement serait très récurrent, notamment envers de jeunes femmes jugées plus vulnérables et moins aptes à poser des limites. Certaines décrivent un sentiment d’insécurité et d’humiliation constant sur les plateaux.
Des conséquences psychologiques pour les victimes
Les témoignages soulignent les lourdes répercussions psychologiques suite à ces comportements. Une technicienne explique avoir perdu plus de cinq kilos pendant un tournage, tant la situation était stressante. Elle confie : « Je ne pouvais pas dormir. Je pleurais le soir en rentrant chez moi. C’était insupportable« .
À chaque interaction avec l’acteur, elle sentait son corps « épié, scruté« , ce qui la mettait dans un état d’anxiété permanent. Malgré cela, elle a continué à travailler, par peur de perdre son emploi ou d’être blacklistée de l’industrie du cinéma.
Sur un autre tournage, une jeune femme rapporte avoir organisé avec d’autres techniciennes une « journée du short » en réponse aux remarques sexistes de Gérard Darmon sur leurs tenues. « C’était notre seule façon de répondre à l’humiliation, mais ça ne changeait rien à son attitude« , regrette-t-elle. Plusieurs d’entre elles affirment avoir ressenti être abandonnées face à une industrie qui protégeait l’acteur.
Une position de force et la loi du silence dans l’industrie du cinéma
Les victimes dénoncent une relation de domination exercée par Gérard Darmon, justifiées par son statut d’acteur reconnu et incontournable. « Si Darmon part, le film s’arrête« , explique une technicienne, soulignant la pression pesant sur les productions pour protéger leur star, au détriment des victimes.
Malgré des remontées régulières sur son comportement, certaines productions n’ont pas pris de mesures concrètes. Une technicienne témoigne : « La production m’a dit qu’il avait les mains baladeuses et qu’il fallait faire attention.« Pourtant, Gérard Darmon aurait continué à multiplier les remarques et gestes déplacés. Les victimes parlent d’un système où le pouvoir des acteurs prédomine, laissant les techniciennes facilement remplaçables et sans réelle protection.
« Nous, les techniciennes, on est interchangeables. Si on dénonce, on perd notre place, alors que l’acteur, lui, est indispensable« , explique l’une des victimes. Certaines productions auraient tenté de minimiser les faits pour ne pas compromettre leurs films. « On m’a dit de faire attention, que c’était comme ça, mais qu’il ne fallait pas que je fasse d’histoire« , raconte une technicienne.
Gérard Darmon, de son côté, nie avoir tenu certains propos et minimise d’autres en les qualifiant de plaisanteries maladroites.