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Enrico Macias, c’est fini

Publié par Déborah Attias le 06 Avr 2025 à 12:24
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Tout au long de sa carrière, le sourire d’Enrico Macias a toujours marqué ses fans au fer rouge. En effet, malgré la difficulté liée à l’exil, mais également, plusieurs drames personnels, il s’accroche à sa bonne étoile. Ravi par l’amour et la bienveillance de tous ses admirateurs, il leur rend autant que possible. Hélas, depuis quelque temps, il semble totalement désorienté. Pire encore, malgré l’intervention de plusieurs présidents de la République, l’interdiction de revenir en Algérie le mine. On va tout vous raconter dans les moindres détails.

La musique, la passion indispensable à l’équilibre d’Enrico Macias

Son père, son héros

À la mi-décembre 1938, le petit Gaston comble de bonheur ses parents, le fils de Sylvain et Suzanne. Aussi loin que remontent ses souvenirs d’enfance, le son du violon a toujours bercé son quotidien. « J’étais fasciné par mon papa et par la tendresse qu’il avait quand il jouait. » Du reste, il ne le sait pas encore, mais sa future épouse a un point commun incroyable avec lui. En effet, leurs deux géniteurs travaillent dans le même orchestre.

Son cousin

Qu’on se le dise, après le violon, la guitare est le second instrument préféré d’Enrico Macias. Grâce à son cousin Jean-Pierre, puis des voisins gitans, il apprend les bases en un temps record. De plus, dans tout le village où il a grandi, on a pris l’habitude de le surnommer « petit Enrico ». Quant au changement du nom de famille, la timidité du chanteur à ses débuts en serait à l’origine.

Le fantôme de son frère hante à jamais ses pensées

Le 12 août 1965, l’équilibre d’Enrico Macias va vaciller. En effet, en apprenant l’accident dramatique de son frère, il s’effondre. Pire encore, le défunt était en compagnie de son collègue Serge Lama ainsi que de sa fiancée. Sans qu’on se l’explique, la voiture conduite par Jean-Claude a dérapé et a fait plusieurs tonneaux. Résultat des courses, seul l’interprète de « Je suis malade » s’en sort…mais avec de multiples séquelles ! Opérations, convalescence, rééducation, le chemin est long et sinué d’embûches pour le survivant du drame.

Interrogé sur ce sujet compliqué, Enrico Macias ne mâche pas ses mots. Aussi étrange que cela puisse paraître, il éprouve des sentiments entre la culpabilité et les remords. « J’ai conscience que je ne suis pas responsable, mais être le frère de quelqu’un qui lui a causé cet accident, c’est dramatique pour lui Cependant, ayant l’estime indéfectible de Serge Lama, il se sent investi d’une mission, comme pour conjurer le sort. « Je ne pouvais pas le soigner, mais au moins, je pouvais l’aider dans sa carrière

Très vite, Serge Lama va s’emparer de la perche lancée par Enrico Macias. « Avec ses tournées, il m’a remis sur pied et j’ai pu réapprendre à m’intégrer à une scène. Grâce à lui, je me suis payé un succès extraordinaire à Bobino.»

La mort de son mentor

Pendant quelques années, Enrico Macias est instituteur. Sauf que totalement habité par la musique, il va à son tour intégrer l’orchestre de Cheikh Raymond. Hélas, en juin 1961, ce dernier se fait tuer par le FLN. Le drame, c’est son futur beau-fils qui le raconte le mieux. « Je suis sorti de la maison comme un dingue pour essayer de voir ce qui se passait près de l’hôpital, car il avait été tué devant, sur les marches. J’étais catastrophé.»

Traumatisée, terrorisée, convaincue qu’elle est la prochaine sur la liste à cause de sa judéité, la tribu d’Enrico Macias plie bagage en direction de la France.

Des débuts difficiles

Hélas, une fois sur place, rien ne se déroule comme prévu à Argenteuil. « À part quelques-uns qui nous ont aidés… On a été très mal accueillis.» Pour subvenir aux besoins de sa famille, il multiplie les petits contrats dans des cabarets parisiens. Fort heureusement, ses efforts finissent par porter leurs fruits. Lorsqu’il apprend qu’il va faire la première partie de Gilbert Becaud, il ne cache pas son émotion.

Quelque temps plus tard, il témoigne au sujet de son exil dans l’émission « 5 colonnes à la une ». Comme la musique a toujours été son exutoire, Enrico Macias fait découvrir aux téléspectateurs le texte de sa chanson « J’ai quitté mon pays ». Dire que l’émotion est au rendez-vous est une évidence. Et pour cause, à partir de cet instant précis, ce tube devient l’hymne de toute une génération d’expatriés.

Vous l’avez compris, plus qu’un simple témoin, Enrico Macias va utiliser ses mots et ses notes pour apaiser les maux de toute une communauté. C’est pourquoi, par la suite, il accepte de parcourir le monde entier. Dans ses bagages, il a mis son espoir, mais aussi, sa meilleure amie, sa guitare.

L’influence de Suzy, la femme de sa vie !

En coulisses, l’épouse d’Enrico Macias a toujours été son meilleur soutien et son alliée. De l’aveu de leur fils, cette dernière était « son pilier, sa complice, sa conseillère, donnait son avis ». Certes, avec le succès, le chanteur a avoué à demi-mot n’avoir pas toujours fidèle. Incapable de se séparer d’elle, jusqu’à son dernier souffle en 2008, il lui témoigne de son amour et de son respect.

Et quand on lui parle d’elle, force est de constater qu’Enrico Macias ne parvient pas à panser ses plaies. Face à nos confrères, il fait un constat sans appel. « Je n’ai pas voulu changer d’appartement, pour qu’elle soit tout le temps présente avec moi et qu’elle me protège

Une santé en dents de scie

Presque deux mois après le démarrage du premier confinement, Enrico Macias se confie à Pascal Praud « J’ai attrapé ce fameux Covid, j’ai eu des symptômes qui ne correspondaient pas à tout ce qu’on disait. Je n’ai pas eu de fièvre, je ne toussais pas, mais j’ai eu des douleurs abdominales terribles.» De son propre aveu, cet inconfort intestinal a duré une quinzaine de jours. Face à la présence du variant dans ses poumons, il tente de rester confiant. Fort heureusement, dans son malheur, il tombe sur une équipe de spécialistes compétents et bienveillants !

Cette chute, Enrico Macias s’en souviendra longtemps. Opération, hospitalisation, c’est l’évidence, il passe plus d’un mois à souffrir le martyre. Néanmoins, à peine sorti de la clinique, il tient à s’adresse à ses abonnés sur Instagram. « Je voudrais rassurer et remercier tous ceux qui m’ont soutenu dans cette épreuve difficile. Je voudrais leur dire combien j’ai été touché par leur soutien. Et j’ai envie, aussi, de revenir très très vite sur les planches. Alors à très bientôt. Je vous embrasse !»

Enrico Macias au cœur de nombreuses polémiques

L’impossible retour en Algérie

A la fin des années 70, il répond à l’invitation du président égyptien Anouar el-Sadate. Du reste, à l’époque, le chanteur est persona no grata dans tous les pays arabes. C’est pourquoi, ce concert devant les pyramides est hautement symbolique. Quelques années plus tard, l’ancien chef de l’État meurt sous les balles de ses opposants. En mémoire de leur échange rempli de respect mutuel, le chanteur va écrire l’une de ses plus belles mélodies.

Au début des années 80, ce n’est pas un hasard si Enrico Macias a décroché le prix de « Chanteur de la paix » des mains du Secrétaire général des Nations unies. En effet, soucieux du bien-être des enfants, le mari de Suzie décide de les défendre par le biais de textes profondements touchants.

Au début du second millénaire, Enrico Macias prend la plume. Ce n’est pas pour écrire des partitions, mais bien une véritable déclaration d’amour à l’Algérie. Encore échaudé par l’annulation de ses tournées, il n’hésite pas à évoquer ses beaux comme ses pires souvenirs.

Quelques mois après le début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy entame une série de voyages diplomatiques. Aussi, il propose à Enrico Macias de faire partie de la délégation française qui va l’accompagner à Alger. Hélas, une fois encore, on fait comprendre à l’entourage du chef de l’État que ce n’est pas une bonne idée. Forcé de respecter l’avertissement du président algérien de l’époque, Nicolas Sarkozy va tout de même tenter de faire les louages du chanteur au grand cœur.

Un homme engagé

Mais ce n’est pas la seule partie du globe qu’Enrico Macias adore. En effet, à la fin des années 60, la guerre des six jours défraie la chronique. Ce fervent soutien d’Israël décide de se rendre au chevet des soldats malades.

Comme nous l’avons évoqué dans un précédent paragraphe, Enrico Macias a choisi son camp politique. Après avoir longtemps salué les qualités de François Mitterrand, il s’affiche au congrès de Nicolas Sarkozy. En colère contre son adversaire au second tour, Ségolène Royal, le chanteur l’accuse de ne pas avoir des positions claires contre le Hezbollah.

Un an après le verdict des urnes, Enrico Macias accepte d’être le parrain de l’édition 2008 du gala de l’association Migdal. Pour rappel, cette dernière rassemble des fonds pour une unité de militaires « chargée de la surveillance des frontières israéliennes »

Quelque temps après l’attentat de l’Hypercasher de Vincennes, il s’exprime sur ses vieux démons. « L’antisémitisme, il faut le combattre, pas le fuir. J’en ai été victime à mes débuts. Aujourd’hui, on ne m’insulte plus, mais parfois je me retrouve dans des situations délicates. Il y a peu, un jeune Maghrébin m’a interpellé dans la rue en me disant : Salut Enrico, et en ajoutant Vive la Palestine. Je lui ai dit : Je suis d’accord, vive la Palestine. Moi aussi je peux le crier. Mais je veux que tu cries aussi vive Israël. Et tous les deux on a crié Vive Israël, vive la Palestine ! Quelle leçon je lui ai donnée. »

Trois jours après le 7 octobre, Enrico Macias témoigne dans L’heure des Pros. En colère contre les propos des collaborateurs de Jean-Luc Mélenchon, il ne mâche pas ses mots. Il a appelé à « dégommer », « peut-être même physiquement », les membres du parti La France insoumise.

Il y a quelques mois, un concert au Dôme de Paris va se transformer en cauchemar éveillé. Du reste, juste après la pause, Enrico Macias fait une confession glaçante à son public. « Il y avait des énergumènes qui ont voulu nous saboter le spectacle » Face aux huées, il tente d’apaiser les tensions. « Je m’en fous. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent, même me jeter une bombe, j’aurais peur pour vous, mais (pas) pour moi. Malgré tout ça, je garde toujours l’espoir et l’espérance que la barbarie s’amenuise ».

A la fin mars, notre consœur de BFMTV est ravie de recevoir Enrico Macias. Enjouée, elle fait une adorable présentation. « Il nous fera l’amitié, le plaisir d’être là, avec son côté bon enfant jovial. Il incarne vraiment une musique, une époque» Elle ignore encore c’est tout l’inverse qui va se produire !

Au bord des larmes, Enrico Macias explose en sanglots et dévoile les causes de sa peine. « Depuis le 7 octobre (2023, date de l’attaque du Hamas contre Israël, ndlr) je suis bouleversé car j’avais l’habitude de rassembler toutes les communautés dans mes spectacles. Même (celles) qui a priori ne pouvaient pas s’aimer. Mais moi j’y arrivais à les faire fraterniser. Là j’ai un problème, c’est que je sens qu’elles sont manipulées par d’autres forces. Je ne veux pas encore faire des bêtises et déraper»

« En dépit de tout ce qu’on voit, du chaos, du fracas, de la terreur qui est partout », l’espoir reste le meilleur mot pour définir la personnalité bienveillante d’Enrico Macias. À l’aune de ses 87 ans, et de tout ce qu’il a dû affronter personnellement et professionnellement parlant, a-t-il encore les moyens de rester optimiste ? Affaire à suivre !