Charles III face au cancer : son attitude intrigue
Âgé de 75 ans, Charles III est monté sur le trône britannique en septembre 2022, après le décès de sa mère Elizabeth II à l’âge vénérable de 96 ans.
Marié depuis 2005 à Camilla Parker Bowles, devenue reine consort. Le nouveau souverain a longtemps été considéré comme l’éternel « prince héritier ». Pendant des décennies, il a dû patienter dans l’ombre.
Observant sa maman régner avec une durée exceptionnelle sur le Royaume-Uni et les quatorze autres trônes du Commonwealth. Connu pour son sens aigu du devoir et son dévouement indéfectible à la Couronne. Charles a cependant dû faire face à un obstacle inattendu peu après son accession au trône : un diagnostic de cancer.
Le 5 février 2024, Buckingham Palace annonce dans un communiqué que des « tests de dépistage ultérieurs » ont divulgué que le roi est atteint d’un cancer, sans en préciser la nature ni la gravité.
Une révélation difficilement encaissable pour le monarque septuagénaire, qui se voit dans l’obligation d’alléger temporairement son agenda afin d’entamer un traitement médical. Après des décennies d’attente pour accéder à la royauté, voilà que Charles III doit déjà affronter une épreuve de santé majeure, à un âge où la plupart des gens aspirent à une retraite bien méritée.
Une nouvelle inattendue pour le nouvel arrivant sur le trône, qui semblait bien parti pour régner de longues années après avoir attendu si patiemment son tour. Mais l’ainé de la famille royale britannique n’est pas du genre à se laisser abattre facilement.
Dès l’annonce de sa maladie, le palais de Buckingham s’est efforcé de rassurer sur l’état du souverain. Précisant qu’il ne s’agissait pas d’un cancer de la prostate malgré l’intervention chirurgicale subie peu avant par Charles pour une hypertrophie bénigne de cette glande.
Un fougueux retour malgré la maladie
Mais Charles n’est pas n’importe qui, et sa détermination à servir la Couronne semble inébranlable, même face à l’adversité. Après quelques mois de repos forcé, une pause qui l’a « frustré » selon son neveu Peter Phillips, le fils ainé d’Anne, la princesse royale.
Le roi reprennent progressivement ses activités publiques dès fin avril 2024. Cependant, c’est véritablement aux commémorations des 80 ans du Débarquement en Normandie. Début juin, que Charles III marque son grand retour sur le devant de la scène internationale.
Lors de ce déplacement hautement symbolique en France. Son premier voyage à l’étranger depuis l’annonce de sa maladie, le souverain rend un vibrant hommage aux vétérans alliés et aux victimes civiles françaises de la Seconde Guerre mondiale. S’exprimant en partie en français dans un discours émouvant, il salue « le courage et le dévouement des hommes et des femmes de la Résistance française » qui ont payé un lourd tribut pour libérer leur pays de l’occupant nazi.
Cette démonstration de courage et de ténacité n’est guère surprenante de la part d’un homme qui a dû attendre si longtemps pour prendre la couronne. Après des décennies de préparation, Charles semble bien décidé à ne rien laisser entraver son règne.
Pas aussi un diagnostic de cancer. Une attitude combattive qui force l’admiration. Même si elle soulève également des craintes quant aux risques qu’elle pourrait faire courir à sa vitalité fragilisée.
Une cadence dangereuse pour sa santé ?
C’est justement cette fougue retrouvée qui semble inquiéter l’entourage du roi, à commencer par son épouse Camilla. Lors d’un festival littéraire début juin à Hampton Court, au sud-ouest de Londres, la reine consort n’a pas caché son agacement face à l’entêtement de son mari. « Il ne veut pas ralentir et n’écoute pas ce qu’on lui dit », a-t-elle lâché devant les écrivains à succès Lee Child et Harlan Coben. Provoquant l’hilarité générale dans la salle.
Et pour cause, le monarque enchaine depuis les apparitions publiques, voyages et engagements officiels. Au risque de compromettre son rétablissement selon certains observateurs avertis. Un effort déjà conséquent pour un homme de son âge en plein traitement contre le cancer.
Mais le souverain ne semble pas décidé à s’arrêter en si bon chemin. Dès la fin du mois de juin, il effectuera une visite d’État au Japon sur trois jours. Malgré les mises en garde de son entourage et les recommandations de son équipe médicale. Un marathon qui risque de l’épuiser physiquement, à un moment où il devrait au contraire se ménager.
Une attitude que le palais de Buckingham tente de relativiser. Assurant que le programme du roi sera « minutieusement calibré » en fonction de son état de santé et en étroite concertation avec ses médecins. Nul doute que Charles III, qui a toujours été connu pour son sens du devoir, saura trouver le juste équilibre entre ses obligations royales et le suivi de ses soins, affirment ses conseillers.
Mais l’inquiétude demeure, d’autant que le souverain semble bien décidé à ne rien laisser paraitre de sa fragilité. Son épouse Camilla a d’ailleurs admis avec une certaine impuissance que son mari ne « se comporte pas bien » concernant sa convalescence. N’écoutant ni les recommandations de son personnel ni celles de ses médecins. « C’est un mari typique », a-t-elle lancé avec une pointe d’humour désabusé.
Une image de force à préserver
Derrière cette attitude bravache se dessine peut-être la volonté pour Charles III de préserver l’image de force et de stabilité indispensable à la monarchie britannique. Après tout, le trône vient tout juste de changer de mains après 70 ans de règne d’Elizabeth II. Un rappel trop visible de la fragilité du nouveau souverain pourrait être perçu comme un signe de faiblesse par ses sujets.
En se montrant dynamique et infatigable malgré son cancer. Charles entend sans doute rassurer les Britanniques sur sa capacité à assurer la transition, à l’heure où de nombreux défis attendent la Couronne. De la crise économique à l’indépendantisme écossais en passant par les remous au sein de la famille royale. Le règne de Charles III s’annonce déjà mouvementé.
C’est peut-être aussi pour cette raison que le monarque semble si désireux de multiplier au plus vite les apparitions publiques et les voyages officiels. En parcourant le Royaume et le monde. Il affirme haut et fort sa pleine autorité sur ses royaumes, maladie ou pas. Une façon de marquer les esprits dès les premiers mois de son règne.
L’ordre de succession en ligne de mire
Bien sûr, si le pire devait arriver, l’ordre de succession au trône britannique est déjà établi. Après Charles III viennent ainsi son fils ainé, le prince William, duc de Cambridge, puis ses petits-enfants George, Charlotte et Louis. Une perspective que le souverain combattif semble bien décidé à repousser. Quitte à défier son cancer et les mises en garde de son entourage.
Car au-delà de sa santé, c’est aussi l’image de la monarchie que Charles III semble vouloir préserver. En se montrant transparent sur sa maladie tout en poursuivant ses activités. Le roi encourage ses sujets à se faire dépister et brise les tabous entourant le cancer. Une démarche saluée par les associations de patients britanniques.
Les premiers effets de cette « campagne royale » semblent déjà se faire sentir. Selon certains médias, les rendez-vous pour un dépistage du cancer de la prostate ont connu une hausse très notable outre-Manche après l’annonce du Buckingham. Une vraie victoire en matière de prévention pour le souverain, qui apparait bien décidé à faire de la lutte contre cette maladie l’un des grands combats de son règne.
Un règne sous le signe du défi
Qu’on l’approuve ou non, force est de constater que Charles III ne compte pas se laisser abattre par la maladie. Avec son énergie et sa ténacité légendaires. Le roi d’Angleterre semble bien décidé à poursuivre ses activités tout en se soignant. Un combat sur deux fronts qui force l’admiration. Même si son entourage aimerait sans doute le voir lever un peu le pied.
Mais après tout, qui pourrait bien arrêter ce roi têtu ? Une chose est sure, son règne promet d’être mouvementé. La question désormais est de savoir si cette attitude déterminée, mais potentiellement risquée finira par payer. Le monarque parviendra-t-il à mener de front ses obligations et sa lutte contre le cancer ? Réponse dans les prochains mois, qui s’annoncent décisifs pour l’avenir de la Couronne britannique.
En attendant, les Anglais de la même manière que les observateurs du monde entier suivront avec une attention redoublée les faits et gestes de ce roi d’un nouveau genre, qui parait bien décidé à régner comme il l’entend. Quitte à bousculer les codes de la monarchie. Une chose est sure : avec Charles III sur le trône, le Royaume-Uni ne risque pas de s’ennuyer.
Après des décennies à patienter dans l’ombre de sa mère, l’actuel souverain semble bien déterminé à marquer les esprits dès les premières années de son règne. Narguant le cancer et la vieillesse, bravant les conseils de son entourage. Charles III fait fi des conventions pour assoir son autorité à sa manière. Un pari risqué. Mais qui pourrait bien payer si le monarque parvient à surmonter tous les défis qui se dressent sur sa route.
Car les obstacles ne manquent pas pour ce monarque d’un nouveau genre : crise économique, indépendantisme écossais, remous au sein de la famille… Sans compter les interrogations sur sa capacité à rassembler un Royaume peut-être plus divisé que jamais. Véritable guerrier du trône, Charles III semble déterminé à en découdre avec tous ces défis de front. Un combat harassant, mais qui pourrait bien définir son règne s’il venait à l’emporter.
Le règne d’un roi déterminé
Alors, Charles III sortira-t-il vainqueur de toutes ces batailles ? Réussira-t-il à surmonter le cancer tout en stabilisant la monarchie britannique ? Rien n’est moins sûr, mais une chose est certaine : le nouveau roi ne manque pas de caractère et de volonté pour y arriver.
Après des décennies à préparer son règne dans l’ombre, celui qui était surnommé le « prince de l’éternelle attente » semble aujourd’hui déterminé à tout faire pour marquer son empreinte sur l’histoire. Quitte à bousculer les codes, défier les conventions et prendre quelques risques inconsidérés aux yeux de certains.
Un style de règne pour le moins atypique, qui tranche radicalement avec celui, plus mesuré et conventionnel, de la regrettée Elizabeth II. Certains y verront peut-être les errements d’un souverain trop pressé d’exister. D’autres salueront sans doute la vitalité d’un roi décidé à montrer qu’il compte bien occuper le trône, et pas seulement pour l’honneur.
Quoi qu’il en soit, une chose est sure : le règne de Charles III s’annonce pour le moins mouvementé et imprévisible. Entre défis sanitaires, politiques et familiaux, le roi d’Angleterre ne manquera pas d’occasions de prouver sa détermination et sa ténacité. De quoi réjouir ou inquiéter ses sujets, selon leur inclination naturelle. Mais à coup sûr, le septennat de Charles III ne laissera personne indifférent dans le Royaume, ni ailleurs dans le monde.