Il existait un pays entre l’Espagne et le Portugal : Le Coto-Mixto
Savez-vous qu’il existait un pays minuscule, indépendant, situé précisément entre l’Espagne et le Portugal, qui a survécu en tant que république indépendante pendant plus de sept siècles ?
Cet article vous invite à découvrir l’histoire méconnue mais captivante du Coto Mixto, une enclave de moins de 30 km² dotée d’un système de gouvernement avancé et d’un esprit de liberté remarquable
Un vestige médiéval de démocratie et d’autonomie
Au nord de la chaîne montagneuse de Larouco, dans la région de Galice en Espagne, se trouvait le Coto Mixto. Composé des municipalités de Santiago de Rubiás et de Meaus, ce territoire a joui d’une indépendance exceptionnelle du Xe au XIXe siècle, malgré sa proximité avec deux royaumes puissants.
À une époque où l’Europe était dominée par des monarchies féodales, le Coto Mixto se distinguait par son système politique étonnamment démocratique. Trois maires, élus par les habitants des trois villages, géraient les affaires locales sans ingérence extérieure.
Le pouvoir exécutif était entre les mains d’un juge, élu tous les trois hivers, qui agissait comme la plus haute autorité du territoire.
Le Parlement, situé dans l’église de Santiago de Rubiás, était le cœur de cette petite république. Ici, les documents officiels étaient sécurisés dans un coffre à trois clés, symbolisant la gouvernance partagée et équilibrée.
Les résidents du Coto Mixto jouissaient de droits inhabituels pour l’époque. Ils étaient exemptés de service militaire, avaient le droit de cultiver du tabac et de commercer librement des produits comme le sel, ce qui était strictement réglementé ailleurs.
Le territoire servait également de refuge pour les criminels et les contrebandiers, offrant un asile à ceux qui fuyaient la justice espagnole ou portugaise.
Un chemin de contrebande et de liberté
Le « Camiño Privilexiado » était une route qui traversait le Coto Mixto, utilisée pour le transit de personnes et de marchandises. Cette voie commerciale jouissait d’un statut neutre, exempt de taxes et de réglementations, ce qui en faisait un lieu prisé pour éviter les contraintes imposées sur d’autres routes.
En 1864, la signature du traité de Lisbonne par l’Espagne et le Portugal mit fin à cette expérience unique d’autonomie. Le territoire fut cédé à l’Espagne, mais les habitants qui le souhaitaient pouvaient conserver leur nationalité portugaise, préservant ainsi un lien avec leur passé distinct.
Le Camiño Privilexiado a également perdu de son importance, et la route commerciale a cessé d’exister. En hommage à ce petit État indépendant, une statue de bronze a été érigée en 2008 à Calvos de Randín, rappelant le dernier juge qui a gouverné cette nation jusqu’à sa dissolution.
Ce récit du Coto Mixto nous rappelle qu’au cœur de l’Europe historiquement turbulente, des poches de démocratie et de liberté pouvaient exister, souvent oubliées dans les grands récits nationaux.
L’héritage culturel du Coto Mixto : Un pont entre deux cultures
Au-delà de son histoire politique et de ses intrigues commerciales, le Coto Mixto représente un exemple fascinant de fusion culturelle entre l’Espagne et le Portugal. La coexistence prolongée de cette micro-république avec ses voisins plus grands offre un aperçu précieux de la manière dont les identités culturelles peuvent se mélanger et s’enrichir mutuellement.
Les traditions, la langue et les coutumes de ses habitants étaient un mélange unique des influences espagnole et portugaise, ce qui a contribué à créer une identité distincte qui perdure dans la mémoire collective des descendants actuels.
Cet héritage vivant est un témoignage puissant du potentiel humain pour la tolérance et l’adaptation. Les festivals locaux, les expressions linguistiques et les recettes culinaires de la région portent encore les empreintes de cette époque révolue, attirant les historiens, les touristes et les curieux désireux de comprendre comment une petite communauté a pu influencer de manière disproportionnée le patrimoine culturel de deux nations.
L’histoire du Coto Mixto nous invite à réfléchir sur la manière dont les petites entités géopolitiques et culturelles peuvent jouer un rôle clé dans le façonnement des frontières et des identités nationales. Cela nous rappelle que l’histoire est souvent écrite non seulement par les puissances dominantes, mais aussi par les voix discrètes mais résilientes de petites communautés.