« Faire quelque chose contre les Boches, c’était mon rêve » : Josette Torrent, plus jeune résistante de France à 12 ans, livre son incroyable histoire (vidéo)
Josette Torrent a été, durant son enfance, la plus jeune résistante de France. À l’âge de 12 ans, elle aide son père à faire passer des documents. Durant l’occupation allemande, elle n’avait qu’une envie, c’était « foutre dehors » ces « boches » .
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Une jeunesse chamboulée par l’occupation allemande
Josette Torrent naît à Perpignan, le 15 avril 1930. À l’âge de quatre ans, avec sa famille, elle déménage à Saint-Malo. En Bretagne, elle vit une « super enfance » . Elle se souvient que son père l’emmenait partout et l’a « élevée comme un garçon » . Josette était « une petite fille heureuse » .
« J’ai adoré la Bretagne, et je dis toujours que je suis bretonne de cœur » .
Quand elle n’a que 9 ans, la Seconde Guerre mondiale éclate. Les Allemands entrent dans Saint-Malo. Josette, 93 ans, se souvient des chants, des bruits de bottes. Elle souligne : « On rencontrait tout le temps des soldats allemands avec des armes » .
Sa vie scolaire est chamboulée. Josette affirme : « On ne pouvait que subir » . Les enfants devaient alors se cacher dans les abris quand les sirènes sonnaient et avaient toujours un masque à gaz dans leur cartable. Une vie perturbée qui a créé chez Josette une « haine terrible contre ces boches » . Encore maintenant, elle le souligne, elle n’aime pas parler allemand.
Josette Torrent devient résistante
Un jour, sa famille prend la direction de Perpignan tout en ne sachant pas s’ils parviendraient à passer la ligne de démarcation. Fin 1940, ils finissent par arriver dans le sud. Pendant deux ans, la famille Torrent a pu quasiment vivre comme une famille normale.
Son père, arrivé à Perpignan un peu plus tôt que le reste de la famille, est entré dans la résistance dès 1940. Il était au BCRA, sous les ordres de Winston Churchill. Une résistance qu’il tient secrète, jusqu’au jour où Josette le retrouve étendu par terre.
Son père souffre d’un abcès. Ce jour-là, il avait un document à aller livrer. Il ne pouvait pas remplir la mission. Il demande alors à sa fille de le faire. Josette, 12 ans, fait alors sa première mission de résistante. Avec son père, elle garde le secret. Elle ne doit même pas en parler à sa propre famille.
Cette première mission, Josette en est ravie :
« Qu’est-ce que j’étais ravie de faire quelque choses contre les boches ! » .
Le père demande à Josette de se rendre dans un tunnel. Là-bas, elle rencontrera une personne avec un chapeau qui sifflera Auprès de ma blonde. Dans ce tunnel, elle croise en effet l’homme en question. Elle lui remet les documents. Sa première mission est achevée !
La mission peut être très stressante pour une jeune enfant, mais Josette martèle : « Je n’avais pas peur » . Au contraire, en rentrant à la maison, elle dit à son père qu’elle veut continuer. La voilà résistante.
Ensemble, ils codent et décodent des messages et multiplient les missions.
Son père est arrêté, elle a une dernière mission
En mars 1944, son père est arrêté. Alors, il lui donne une ultime mission. Josette devait aller sonner dans une maison avec un vélo dégonflé. À la personne qui lui a ouvert la porte, Josette dit : « Est-ce que vous avez une pompe ? Papa n’est pas là pour m’arranger la bicyclette » . Une façon d’annoncer que son papa a été arrêté.
Codes, documents… Rentrée à la maison, elle brûle tout. En rentrant, sa mère la surprend et lui crie dessus. C’est là qu’elle lui explique qu’elle est aussi dans la résistance.
Pendant un an, elle n’a aucune nouvelle de son père. Un beau jour, la famille reçoit un papier dans la boite aux lettres. Le papier affirme que le père a été amené en Allemagne. Elle, sa mère et sa petite sœur ont attendu jusqu’au début de l’année 1945. À ce moment-là, les prisonniers revenaient des camps. Munies d’une photo, elles allaient dans les gares.
« C’est là que j’ai vu les déportés descendre des trains. Toute ma vie, je me souviendrai de ça. Ils étaient maigres, on ne voyait que leurs yeux. C’était quelque chose de terrible, atroce » .
Le devoir de mémoire
Un jour, un déporté dit qu’il connaissait le père de Josette. Il était enfermé au camp de Flossemburg et était mort le 17 novembre 1944. La nouvelle a tétanisé Josette. Pendant longtemps, elle a nié la mort de son papa…
« Je suis restée des dizaines d’années dans le déni. Je ne voulais rien entendre. Et je suis restée dans ce déni jusqu’en 1992 » .
En 1992, la femme se dit qu’elle a un devoir de mémoire. Elle intervient dans les écoles. Et là-bas, les jeunes lui disaient d’écrire un livre. Ce livre, J’avais 12 ans et j’étais résistante, est sorti en 2023. Un témoignage qu’elle affirme avoir vécu comme un soulagement.