Que veut dire : « Michto » ?
« Oh mais t’es qu’une michto toi ! », vous avez sûrement déjà entendu ce terme français dans la bouche de quelqu’un sans vraiment savoir ce qu’il voulait dire. Pas de panique, le Tribunal du Net est justement là pour vous instruire sur l’expression « michetonneuse ».
Vous verrez qu’à la fin vous serez un expert dans le domaine et vous pourrez même briller en société. Car beaucoup ont connaissance de sa définition mais savez-vous qu’aujourd’hui, ce terme peut renvoyer à plusieurs choses en France ? On a fait le tour de la question et on vous en dévoile aujourd’hui tous les secrets.
Si vous vous êtes déjà retrouvé à entendre une discussion entre des jeunes dans le métro, dans un café, devant un lycée et que vous n’avez rien compris à leur charabia, pas de panique, nous sommes là pour vous éclairer ! Après le mot « tchoin » vendredi, place à un vocabulaire un peu plus soft avec « michto« .
L’origine du mot michto
Inutile de vous préciser que vous ne trouverez pas michto dans le dictionnaire et encore moins dans « Mon coeur mis à nu » de Charles Baudelaire. A ne pas confondre avec mytho, ce mot nous vient en fait de Roumanie, de la langue romani parlée par les Roms plus exactement. Michto est un dérivé de mysto en roumain. C’est un adjectif qui représente toute chose apportant une sensation agréable, plaisante. C’est une plénitude sans équivoque. Cependant le mot a beaucoup changé depuis les années 2000.
Michto : un mélange de deux expressions
« Michto » est le diminutif de michetonneuse. Mais son origine ne s’arrête pas là. Michetonneuse renvoie également à de l’argot traditionnel utilisé notamment dans le langage des policiers pour qualifier une prostituée. Cette expression provient elle-même du terme « micheton » qui désigne « le client d’une prostituée ». « Miché » signifiant dans le dictionnaire « niais », ce qui était d’abord un qualificatif positif est donc devenu au fil du temps, un terme péjoratif. La connotation étant particulièrement négative.
Que veut dire michto ?
Comme je le disais la définition d’une michto a radicalement changé. De nos jours michto est l’abrégé de michtonneuse, une femme qui s’affiche avec un homme pour son argent. C’est donc une personne opportuniste. A l’origine le mot désignait plus particulièrement les femmes qui sortaient avec des hommes riches. De nos jours, une michto peut devenir un michto. Mais une michto peut même devenir une prostituée, la police utilise d’ailleurs ce terme pour les qualifier. Concernant une personne qui serait victime d’une michto, elle est qualifiée de michton. Si vous pensez que votre belle-fille profite de l’argent de votre fils c’est alors une michto, sauf si elle l’aime car la michto n’a que pour seul but de profiter de l’argent d’un homme.
Comment utiliser le mot michto ?
Toujours en faisant très attention à ne pas vexer la personne, michto peut être utilisé au second degré mais évitez de dire à votre patron que sa nouvelle copine a qui il a acheté une bague en diamant 39 carats est une michto.
« Tu vois la meuf là-bas ? C’est une vraie michto elle a chourave l’argent de Yassine la semaine dernière et après elle l’a jarté. » qui pourrait se traduire par « Tu vois la fille là-bas ? C’est une personne réellement vénale, la semaine dernière elle a volé l’argent de Yassine pour ensuite le quitter. »
« Mon fils, tu ne te rends pas compte mais ta copine est une vraie michto, quitte la ! » signifiant tout simplement « Mon fils, tu ne te rends pas compte mais ta copine profite trop de ton argent, quitte la ! »
« – Regarde le sac Louis Vuitton que m’a acheté Pierrick cette semaine !
– Putain meuf t’es vraiment une michto !
– Et toi il t’a offert quoi ton radin de mec cette semaine ?
– De l’amour »
Voila les enfants michtonner c’est pas bien, préférez l’amour à l’argent et vous vous sentirez mieux ! Mais après si vous tombez amoureux d’un homme/une femme plus riche faites vous plaisir hein.
Michtonnage : Argent, beauté, conquêtes…
Ce terme d’argot est assez complexe parce qu’il oppose deux notions ambivalentes. Un ou une michto, c’est tout d’abord quelqu’un qui physiquement se présente bien. Une personne superficielle, qui veut paraître cool aux yeux des gens. L’apparence est extrêmement importante pour ces opportunistes. Le petit hic c’est que majoritairement leurs attentions sont mauvaises. L’expression : « Il faut se méfier des apparences » prend alors tout son sens.
Ces personnes, qui sont généralement des femmes, sont en réalité intéressées par l’argent de ses conquêtes. Ce sont des personnes vénales, qui dans la définition du dictionnaire désigne « un homme ou une femme qui se laisse acheter au mépris de la morale ». Elles n’hésiteront pas à se donner corps et âme pour parvenir à leurs fins. En endossant même parfois le rôle de menteuse. C’est pourquoi elles peuvent parfois en venir à vendre leur corps afin d’obtenir de l’argent ou de luxueux cadeaux.
Une expression qui renvoie aujourd’hui à plusieurs catégories
Les Sugar Daddies (les hommes qui sont à la recherche d’une compagne régulière)
Le terme apparu aux États-Unis désigne un homme riche ayant un certain âge et qui recherche une jeune femme pour profiter de sa compagnie, une michetonneuse en l’occurrence. Nous sommes cette fois-ci de l’autre côté du miroir. Ces hommes sont les victimes « consentantes » des michetonneuses. En revanche, Il ne faut pas confondre un sugar daddy avec un « micheton », son objectif n’est pas de fixer une relation exclusivement sexuelle avec une femme. D’autant plus, qu‘il ne recherche pas de prostituée. Il recherche avant toute chose, une relation durable avec une femme pour partager des expériences communes. Il a plus tendance à être une sorte de mentor pour celle qu’il aura choisie. C’est une sorte d’accord donnant-donnant. La michetonneuse donne de son temps lors d’évènements spéciaux ou lors de conférences tandis que de son côté le sugar daddy offre des voyages de luxe et des cadeaux. Il profite de sa compagnie et elle de son argent.
Les Suger Babies (quand le terme michetonneuse tourne à la prostitution des mineurs)
Vous allez voir que la ressemblance entre les Suger Babies et les michetonneuses est semblable ! La seule différence réside au niveau de l’âge de la jeune fille. Si on a vu qu’un sugar daddy est intéressé par une femme plus jeune que lui, les critères de l’âge ne sont pas renseignés. Cela va dépendre de ses envies et parfois il arrive qu’il choisisse une mineure. Si les intentions sont les mêmes que celles résumées en haut, le fait qu’ils aient affaire à des mineurs est clairement un trafic illégal. Les Sugar Babies, c’est donc à la différence d’une simple michto, une prostitution des mineurs déguisée. Et si vous ne le saviez pas, la prostitution des mineurs en France ne fait qu’augmenter. Les ados sont nombreux à vouloir se saisir du rêve de vivre dans le luxe en échange de faveurs sexuelles ou autres types d’exploitations. L’homme bien sûr va mentir sur son âge afin de se protéger. C’est donc un cercle vicieux dans lequel la jeune fille est venue s’enchaîner. D’ailleurs nombreuses d’entre elles partagent leurs quotidien de luxe sur Tik Tok.
Une michetonneuse est-elle forcément une prostituée ?
C’est en réalité une question de point de vue. Comme nous l’avons déjà dit, un micheton, est le client d’une prostituée, donc pour les policiers, une michto, n’est pas simplement une profiteuse, c’est aussi une prostituée qui offre son corps pour de l’argent. Comme l’explique le journaliste Laurent Borredon dans Le Monde au moment de l’affaire Zahia en 2012 (alors mineure, elle avait révélé avoir eu des relations sexuelles avec des joueurs de l’Équipe de France de football) : les femmes qui entretiennent des relations avec les footballeurs se présentent comme des michetonneuses, mais pour les enquêteurs, ce sont des prostituées occasionnelles. Selon l’ACPE (Agir contre la Prostitution des Enfants), « le michetonnage est une forme informelle de prostitution puisque les jeunes filles sont bien payées en échange de faveur sexuelle : simplement, ce n’est pas de l’argent, mais des produits de marques, des soirées dans des restaurants, et autres faveurs. »
Un terme qui s’est popularisé dans le monde de la culture
Musique, cinéma, podcast, le monde de la culture s’est ouvert au sujet et certaines œuvres ont popularisé le genre, que ce soit en France ou à l’étranger. L’un des films les plus iconiques des années 90 est Pretty Woman avec Julia Roberts et Richard Gere. Dans cette comédie romantique, un riche homme d’affaires fait la rencontre d’une prostituée, sans le sou qui arpente les trottoirs d’Hollywood boulevard. Il va alors lui faire une proposition non négligeable : il l’embauche pour la semaine contre 3,000 $ et la promesse d’une garde-robe renouvelée. Elle devient alors sa compagne régulière lors d’événements importants ou lors de dîners professionnels. Nous sommes dans l’archétype total de la michtonneuse et du sugar daddy. Toilette de rêve, voyages luxueux, connaissances mondaines, Julia Roberts rentre dans la peau d’une jeune femme prête à tout pour gagner raisonnablement sa vie. On valide totalement cette histoire, parce qu’on sait qu’elle se termine avec un baiser sur le balcon.
En 2017, pour la sortie du film Alibi.com de Philippe Lacheau, qui nous révèle d’ailleurs qu’il existe réellement des sociétés d’alibis sans la société, la comédienne Nawell Madani interprète le tube Marre des michtos qui dénonce en paroles les michetonneuses d’aujourd’hui : « Avec mos mini-jupes, vos talons et vos faux seins, faut pas s’étonner, qu’on vous traite de tapins (dans l’argot, ça signifie un racolage de prostituée) […] Marre des michtos, qui te mettent sur messagerie, si sur le parking tu n’as pas une Ferrari, si t’as une Dacia elle se retourne pas sur toi ! » La chanson parodique suggère que les hommes s’intéressent davantage à ce genre de femmes qu’aux filles plus naturelles.
Que penser d’une michetonneuse aujourd’hui ? Est-ce un phénomène féministe ?
Une jeune femme a fait part de son témoignage sur le site Mademoizelle. Après sa rupture avec son copain, cinq ans de relation tout de même, elle décide de faire de nouvelles rencontres et se fait inviter par un homme charmant. Si elle insiste pour payer l’addition, il parviendra finalement à avoir le dernier mot. Elle va rapidement prendre goût à cet échange, et la jeune femme va accumuler les rendez-vous afin de profiter des « dates » qui paient les rendez-vous.
Si elle s’est toujours considérée comme une féministe, ces amies vont être en total désaccord avec elle : « Mon nouvel attrait pour la michtonnerie ne pouvait pas être compatible avec un quelconque positionnement féministe », explique-t-elle. Profiter des hommes dans le but de dépenser moins d’argent, venait nuire à son indépendance. Vous l’aurez donc compris, michetonneuse et féministe ne font pas bon ménage ! Comme Nawell Madani le dit si bien : « On ne mélange pas les tampons et les serviettes. »