Vacances scolaires : quand les grands-parents en ont assez de jouer les nounous đźâđš
Si les grands-parents aiment leurs petits-enfants, nombreux sont ceux qui nâen peuvent plus dâĂȘtre sollicitĂ©s comme simples gardiens pendant les vacances. Une rĂ©alitĂ© qui pĂšse sur leur quotidien, leur santĂ© mentale et leurs envies de libertĂ©.
đ Le « syndrome du grand-parent exploitĂ© » : une pression de plus en plus rĂ©pandue
En 2023, une enquĂȘte de la BBC pointait du doigt une tendance alarmante : de plus en plus de grands-parents se sentent obligĂ©s de garder leurs petits-enfants, notamment pendant les vacances scolaires. Le mĂ©dia britannique allait jusquâĂ parler de « symptĂŽme du grand-parent exploité« , soulignant cette pression morale et sociĂ©tale que ressentent beaucoup de seniors.
Ces derniers veulent profiter de leur retraite, de leurs loisirs, voyager, se reposer. Mais Ă chaque vacance scolaire, le mĂȘme scĂ©nario se rĂ©pĂšte : les enfants dĂ©barquent avec leur valise et leur Ă©nergie dĂ©bordante. « Quâest-ce quâon fait aujourdâhui mamie ? » devient une ritournelle, et la maison se transforme en terrain de jeu chaotique.
Cette pression est dâautant plus forte que certains grands-parents ont lâimpression de devoir « rendre service » en permanence, au dĂ©triment de leur propre bien-ĂȘtre. RĂ©sultat : beaucoup finissent par se sentir piĂ©gĂ©s dans un rĂŽle quâils nâont pas vraiment choisi.
đ Une fatigue bien rĂ©elle, parfois pesante
Si les grands-parents ne cachent pas leur joie de passer du temps avec leurs petits-enfants, ils reconnaissent aussi la fatigue que cela engendre. Selon lâObservatoire des seniors, 6 grands-parents sur 10 se disent Ă©puisĂ©s aprĂšs plusieurs jours de garde, et 3 sur 10 affirment que cela empiĂšte sur leur vie personnelle.
« La maison est sens dessus dessous, ils ont fait des cabanes partout, les coussins sont par terre⊠» raconte une grand-mÚre. Un autre témoigne : « Si je leur dis de lire, ils préfÚrent rester le nez dans leur tablette, ça me révulse ». Ce contraste entre les attentes des aßnés et les réalités de la génération connectée rend parfois la cohabitation tendue voire frustrante.
Ă cette fatigue physique sâajoute une fatigue Ă©motionnelle, souvent plus difficile Ă exprimer. Certains confient se sentir invisibles ou considĂ©rĂ©s comme une option par dĂ©faut, ce qui peut altĂ©rer leur estime de soi. Dâautres soulignent aussi la difficultĂ© Ă maintenir un Ă©quilibre entre affection et autoritĂ©, surtout quand les rĂšgles diffĂšrent de celles des parents.
âčïž Lâorganisation, clef dâune garde plus sereine
Benjamin Muller, chroniqueur sur TF1, donne des conseils simples mais efficaces pour rĂ©duire la charge mentale des grands-parents. Le secret ? Lâorganisation et les activitĂ©s partagĂ©es :
- PrĂ©voir des activitĂ©s en lien avec leurs propres passions : cuisine, jardinage, bricolageâŠ
- Ne pas hĂ©siter Ă inviter des cousins ou amis pour que les enfants sâoccupent entre eux
- Sâautoriser des moments de repos, voire un peu de tĂ©lĂ©, pour souffler
Préparer une petite routine dÚs le départ peut aussi éviter les conflits. Fixer des horaires pour les repas, les temps calmes et les sorties permet de structurer les journées et de donner un cadre rassurant pour tous.
Pour les adolescents, Benjamin conseille mĂȘme de se positionner en confident bienveillant, car « ils ont besoin de parler, et adorent le faire avec leurs grands-parents ». Une autre façon de crĂ©er du lien, sans pour autant sâĂ©puiser physiquement. Certains grands-parents trouvent Ă©galement bĂ©nĂ©fique de mettre en place un planning Ă©crit, que les enfants peuvent consulter chaque jour pour savoir ce qui est prĂ©vu, limitant ainsi les demandes incessantes.
đ Savoir dire non⊠sans culpabilitĂ©
La vĂ©ritable clĂ© reste toutefois la communication au sein de la famille. Beaucoup de grands-parents nâosent pas poser leurs limites par peur de crĂ©er des tensions ou de perdre le lien avec leurs petits-enfants. Pourtant, il est essentiel de rappeler que les grands-parents nâont plus la mĂȘme Ă©nergie, et quâils ont aussi le droit Ă leur temps, leur repos et leurs projets personnels.
Exprimer ses limites avec tact, humour et honnĂȘtetĂ©, sans attendre lâĂ©puisement, peut Ă©viter bien des incomprĂ©hensions. Par exemple, proposer une garde partielle, sur une demi-journĂ©e ou en alternance avec dâautres membres de la famille, peut permettre dâallĂ©ger la charge sans tout refuser.
De leur cĂŽtĂ©, les parents doivent aussi apprendre Ă ne pas voir les grands-parents comme une « solution de secours » automatique. Il est important quâils prennent conscience de la gĂ©nĂ©rositĂ© de ce rĂŽle et quâils reconnaissent la contribution des aĂźnĂ©s sans en faire une Ă©vidence. Une reconnaissance sincĂšre peut changer beaucoup dans la dynamique familiale.