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Quand elle a vu cette fille au maillot de bain vert se changer sur la plage, elle a compris quelque chose de terrible…

Publié par Elsa Fanjul le 25 Avr 2024 à 10:20
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Parfois, un moment totalement banal de notre quotidien va venir bouleverser notre vie. Il suffit d’un instant, d’un regard, un geste et notre vie bascule.

On croit nos existences linéaires et nos états acquis, mais dans la vie, l’immuable n’existe pas. L’Homme n’aime pas cette idée et cela l’incommode, mais c’est la réalité. On ne maîtrise pas ce qui va nous faire basculer. Nous ne sommes pas totalement maîtres de notre destin.

Et le jour où cette femme s’est installée sur la plage avec ses enfants et qu’elle a croisé le regard de cette fille au maillot de bain vert, elle n’imaginait pas ce qui allait se passer.

Elle n’imaginait pas une seule seconde qu’elle allait l’observer si longtemps. Si méticuleusement. Elle ne pensait pas qu’elle allait finalement découvrir son secret, le percer.

Elle ne pensait pas une seule seconde qu’elle allait devoir prendre son stylo et lui écrire. Lui écrire qu’elle savait… oui, elle savait tout.

Elle savait tout et elle devait lui dire. Le secret ne pouvait plus durer. Elle devait lui partager, lui avouer, lui dire qu’elle savait, qu’elle avait tout vu, que rien ne servait de nier, de se cacher. Elle l’avait percée.

Elle a fait tomber le masque de cette fille au maillot de bain vert. Et elle lui a tout dit…

Chère fille au maillot de bain vert…

Je suis la femme sur la serviette à côté de la tienne. Celle qui est venue avec un garçon et une fille.

Tout d’abord, je tiens à te dire que je passe un moment très agréable à côté de toi et de ton groupe d’amis, dans ce petit moment où nos espaces se touchent et où vos rires, votre conversation « transcendantale » et la musique de votre appareil envahissent mon air.

Tu sais ? J’ai été un peu stupéfaite de réaliser que je ne sais pas à quel moment de ma vie je suis passée de là à ici : de la fille à « la dame d’à côté », de celle qui va avec les amis à celle qui va avec les enfants.

Mais je ne t’écris pas pour ça. Je t’écris parce que j’aimerais te dire que je t’ai remarquée. Je t’ai vue, et je n’ai pas pu m’empêcher de te voir.

Je t’ai vue…

Je t’ai vue être la dernière à te déshabiller.

Je t’ai vue te mettre derrière tout le groupe, discrètement, et enlever ton t-shirt quand tu pensais que personne ne te regardait. Mais moi, je t’ai vue. Je ne te regardais pas, mais je t’ai vue.

Je t’ai vue t’asseoir sur la serviette dans une posture soignée, en cachant ton ventre avec tes bras.

Je t’ai vue remettre tes cheveux derrière ton oreille en baissant la tête pour l’atteindre, peut-être pour ne pas bouger tes bras de leur position soigneusement étudiée.

Je t’ai vue te lever pour aller te baigner et avaler ta salive nerveusement, obligée d’attendre debout, exposée, ton amie, et utiliser une fois de plus tes bras comme un paréo pour te couvrir : tes vergetures, ta flaccidité, ta cellulite.

Je t’ai vue agitée de ne pas pouvoir tout couvrir en même temps tout en t’éloignant du groupe aussi discrètement que lorsque tu as enlevé ton t-shirt.

Je ne sais pas si cela avait quelque chose à voir avec ton mécontentement envers toi-même, que l’amie que tu attendais laisse tomber sa très longue chevelure sur un dos qui ne manquait que de quelques ailes de Victoria’s Secret. Et pendant ce temps, toi là, regardant le sol. Cherchant un refuge en toi, de toi-même.

Et j’aimerais pouvoir te dire tant de choses, chère fille en maillot de bain vert… Peut-être parce que moi, avant d’être la femme qui vient avec les enfants, j’ai été là, sur ta serviette.

Je sais qui tu es, je sais ce que tu ressens

J’aimerais pouvoir te dire que, en réalité, j’ai été sur ta serviette et sur celle de ton amie. J’ai été toi et j’ai été elle. Et maintenant, je ne suis ni l’une ni l’autre – ou peut-être les deux encore – donc, si je pouvais revenir en arrière, je choisirais simplement de profiter au lieu de m’inquiéter – ou de me vanter – des choses comme sur laquelle des deux serviettes, la sienne ou la tienne, je préfère être.

J’aimerais pouvoir te dire que j’ai vu que tu as un livre dans ton sac, et que n’importe quel ventre qui a maintenant tes seize ans perdra, probablement, sa fermeté bien avant que tu ne perdes la tête.

J’aimerais pouvoir te dire que tu as un sourire magnifique, et que c’est dommage que tu sois si occupée à te cacher que tu n’as plus le temps de sourire davantage.

J’aimerais pouvoir te dire que ce corps dont tu sembles avoir honte est beau simplement parce qu’il est jeune. Merde ! Il est beau simplement parce qu’il est vivant. Parce qu’il est l’enveloppe et le transport de qui tu es vraiment et qu’il peut t’accompagner dans tout ce que tu fais.

J’aimerais te dire que j’aimerais que tu puisses te voir avec les yeux d’une femme de la trentaine parce que peut-être alors tu réaliserais combien tu mérites d’être aimée, même par toi-même.

J’aimerais te dire et j’aimerais que tu me crois

J’aimerais pouvoir te dire que la personne qui t’aimera vraiment un jour n’aimera pas la personne que tu es malgré ton corps, mais adorera ton corps : chaque courbe, chaque fossette, chaque ligne, chaque grain de beauté. Adorera la carte, unique et précieuse, que dessine ton corps et, si elle ne le fait pas, si elle ne t’aime pas ainsi, alors elle ne mérite pas que tu l’aimes.

J’aimerais pouvoir te dire que – crois-moi, crois-moi, crois-moi – tu es parfaite telle que tu es : sublime dans ton imperfection.

Mais, que vais-je te dire, moi, si je ne suis que la femme d’à côté ?

Cependant, tu sais quoi ? Que je suis venue avec ma fille. Celle en maillot de bain rose, celle qui joue dans la rivière et qui se couvre de sable. Aujourd’hui, elle ne s’est préoccupée que de savoir si l’eau serait très froide.

Je ne peux rien te dire, chère fille en maillot de bain vert…

Mais tout, TOUT, je le dirai à elle.

Et tout, TOUT, je le dirai aussi à mon fils.

Parce que c’est ainsi que nous méritons tous d’être aimés.

Et c’est ainsi que nous devrions tous aimer.

Jessica Gómez est une auteure et illustratrice espagnole, originaire des Asturies au nord de l’Espagne, à Gijón.

Un après-midi qu’elle se rendait à la plage avec ses deux bambins, elle a remarqué quelque chose d’étrange chez une fille assise à côté d’elle.

Elle se souvient qu’elle avait un maillot de bain vert. Jessica a voulu lui adresser un message après l’avoir observée durant cet après-midi à la plage et l’a partagé sur Facebook. C’est la lettre que vous venez de lire.

Vous vous en doutez, il n’a pas mis longtemps à faire le tour du web et est devenu viral.

Le message de Jessica a déjà été partagé plus de 150 000 fois sur Facebook. Une belle leçon de vie. Pour ceux qui voudraient voir la lettre de leurs yeux vus, la voici.

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