Il place un GPS dans la voiture de sa femme, la surprend avec son amant et commet le pire
Yanick Morandeau était un homme sans histoire, mais sa vie et celle de ses proches basculent en septembre 2020 lorsque qu’il commet le pire en découvrant sa femme en plein ébat avec son amant. Que s’est-il vraiment passé et comment cet homme ordinaire en est-il arrivé à commettre l’irréparable ?
Il découvre l’infidélité de sa femme grâce à un traceur GPS
Si la vie de couple a parfois des allures de conte de fée, tout n’est pas toujours simple. Après plusieurs années de relation, des doutes peuvent s’installer. C’est ce qui s’est passé pour Yanick Morandeau, qui avait des doutes au sujet de la fidélité de sa femme Nathalie depuis plusieurs mois.
La mère de son enfant le trompait-elle vraiment comme il le pressentait ?
Des appels manqués, des sorties imprévues, des excuses floues… S’il a d’abord tenté de rationaliser la situation, Yanick a fini par être persuadé d’une chose : sa femme, celle avec qui il partageait sa vie depuis plus de vingt ans, voyait un autre homme.
Soucieux de connaitre enfin la vérité, il décide d’acheter un mouchard miniature sur Amazon. Un GPS qu’il installera à l’insu de sa femme dans une sacoche située derrière le siège conducteur. Mais ce traceur ne fera qu’accentuer ses suspicions puisqu’il constate plusieurs anomalies dans les trajets de son épouse.
Alors que Nathalie était censée utiliser sa voiture afin d’effectuer des livraisons pour leur société de dépannage d’outils électroportatifs, le traceur confirme les soupçons de Yanick Morandeau. Ce dernier constate que sa femme fait régulièrement des trajets sans rapport avec leur entreprise. Mais surtout, il constate qu’elle s’arrête parfois très longuement près d’un studio de musique, perdu au milieu des champs.
Dans l’après-midi du 17 septembre 2020, le père de famille, alors âgé de 55 ans, veut découvrir la vérité. Entre 13 h 05 et 15 h 15, il consulte exactement 44 fois le traceur GPS qu’il a dissimulé dans le Citroën Berlingot conduit par sa femme. Yanick ne tient plus et se rend sur le lieu où son épouse se trouve pour vérifier ce qu’elle fait.
Avant de quitter sa boutique de Dommartin-lès-Toul, en Meurthe-et-Moselle, il laisse ce mot sur le rideau métallique : « Réouverture du magasin à 16 h 30 ». L’entrepreneur comptait-il vraiment revenir comme son mot l’indiquait ?
Il surprend sa femme avec son amant
Lorsqu’il prend sa voiture pour se rendre sur le lieu où sa femme se trouve, Yanick Morandeau n’est pas préparé à ce qu’il va découvrir. Le père de famille surprend son épouse dans un utilitaire en plein ébat avec son amant. Ce dernier se prénomme Éric Diard, âgé de 48 ans, il est musicien professionnel et batteur émerite.
Face à cette scène insoutenable pour lui, l’entrepreneur se déchaîne et s’acharne sur le quadragénaire avec un couteau. C’est une véritable scène d’horreur puisque le père de famille assène 56 coups de couteau à son rival, devant le regard impuissant de Nathalie.
Sa compagne, blessée en tentant de s’interposer, s’enfuit, craignant d’être également tuée par Yanick. Elle trouve refuge auprès d’un routier présent sur le lieu au moment du crime. L’homme la met en sécurité avant d’appeler les secours. Juste après avoir commis l’irréparable, il envoie des photos de la victime et de sa conjointe à leur fils pour prouver l’adultère de sa mère.
Le père de famille tente ensuite de mettre fin à ses jours. Il essaie de s’ouvrir les veine et de se planter son propre couteau dans le cœur à plusieurs reprises. Amené à l’hôpital, il est finalement opéré et sauvé.
À leur arrivée, les forces de l’ordre découvrent Yanick assis sur le bord d’un trottoir avec un couteau planté dans sa poitrine. Il est couvert de sang. En s’approchant de l’utilitaire Citroën, les policiers font une découverte macabre qu’ils n’oublieront sans doute jamais : le corps de l’amant décédé, éviscéré.
Un homme discret décrit comme un mari idéal
Rien ne prédestinait cet homme à commettre un tel acte. Yanick Morandeau avait un casier judiciaire vierge et s’apparentait à monsieur tout le monde. Au premier jour de son procès, ce lundi 16 décembre, plusieurs témoignages élogieux ont eu lieu à son sujet.
Ses amis, sa famille et ses collègues le décrivent comme un homme calme, gentil, travailleur et plein de qualités. L’entrepreneur est qualifié de « mari idéal ». Face à une telle description, il est difficile de croire ce père de famille capable de tuer un homme aussi sauvagement. Qu’a-t-il bien pu se passer dans sa tête ?
D’après l’expert psychiatre qui s’est entretenu avec Yanick, le suspect a été pris d’un « coup de folie », en découvrant sa femme ayant un rapport intime avec un autre homme. Nathalie est d’ailleurs également victime de violence aggravée dans ce procès.
Souffrant de stress post-traumatique, elle assurait « avoir tout perdu » dans cette histoire lors de l’instruction. Elle n’a pas souhaité se déplacer à l’audience en raison de son état de santé. La compagne de Yanick doit aussi faire face à la culpabilité et à la perte de son amant.
Durant le procès qui s’est ouvert ce lundi 16 décembre, une question est au cœur des débats : y a-t-il eu préméditation ou non ?
Le meurtre a-t-il été prémédité ?
Depuis le début, Yanick Morandeau a toujours nié avoir apporté l’arme du crime avec lui. Il s’agissait d’un couteau avec une lame de 7,5 centimètres qui est normalement utilisé pour découper des cordes en escalade. Mais la chambre d’instruction a retenu la préméditation pour plusieurs raisons.
Si l’accusé reconnaît être l’auteur des coups de couteau, il assure que ce n’était pas prémédité. Selon la version du suspect, il aurait pris l’arme dans la voiture où les deux victimes avaient une relation intime. Il indique avoir pris le temps d’ouvrir une sacoche contenant le couteau, qui était placé derrière le siège conducteur. Une version qui apparaît peu « probable » pour la justice puisque la scène s’est déroulée très vite.
Cette version est contredite par les enquêteurs qui ont trouvé la sacoche fermée à leur arrivée sur les lieux. Pour atteindre la sacoche, le suspect aurait dû passer au-dessus de sa compagne et son amant. De plus, on rappelle que Yanick a envoyé des photos à son fils avant de passer à l’acte.
L’entrepreneur avait également placé un traceur GPS dans la voiture de sa femme. Autant de détails qui tendent à faire penser qu’il avait prémédité le meurtre. « Ces éléments permettent ainsi de confirmer le caractère prémédité de l’acte », estime ainsi la chambre d’instruction de Nancy. Le meurtrier présumé a été renvoyé pour assassinat sur la personne d’Éric Diard ainsi que violences aggravées envers sa compagne.
Aujourd’hui âgé de 59 ans, Yanick Morandeau encourt trente ans de réclusion criminelle. Si la préméditation est retenue, il risque la réclusion criminelle à perpétuité. La préméditation est en effet une circonstance aggravante, elle permet de distinguer juridiquement le meurtre de l’assassinat.
Reste à voir si la cour retiendra la notion de préméditation ou s’il sera « simplement » condamné pour un meurtre commis sous l’emprise de l’émotion. On imagine déjà la colère des proches des victimes si le père de famille n’est pas condamné pour assassinat.
Le débat autour du crime passionnel
Cette affaire risque de relancer le débat autour du crime passionnel. À noter que le crime passionnel n’existe pas puisque cette expression ne fait pas partie du Code pénal. En revanche, la qualité de conjoint est inscrite comme une circonstance aggravante depuis 1994.
C’est désormais la même chose pour les conjoints et ex-conjoints mariés, pacsés, concubins. Ce n’est donc pas un critère minimisant, mais ça n’a pas toujours été le cas, en particulier dans le cas d’adultère, comme l’affaire que nous venons de décrire.
L’article 324 du Code pénal de 1810 prévoyait certaines « excuses » pour le meurtre commis « par l’époux sur l’épouse, ou par celle-ci sur son époux ». Notamment « dans le cas d’adultère, prévu par l’article 336, le meurtre commis par l’époux sur son épouse, ainsi que sur le complice, à l’instant où il les surprend en flagrant délit dans la maison conjugale, est excusable ».
Depuis la première moitié du XXe siècle, le jugement de ces crimes a grandement évolué et les mœurs aussi. Ainsi les juges et jurys tiennent désormais uniquement compte de la préméditation, des circonstances exactes et de l’état psychologique de l’accusé pour établir la responsabilité.
Ici, nous sommes face au procès de la jalousie mortelle. Cette émotion est souvent au coeur des crimes dits « passionnels ». Ça peut se traduire comme dans cette affaire par une réaction émotionnelle immédiate. Surprendre son conjoint avec un amant peut provoquer un « court-circuit » émotionnel. Cela mène à une perte de contrôle où la personne agit sans réfléchir aux conséquences
Nul doute que l’issue du procès de Yanick Morandeau suscitera des discussions. A-t-il agi sous le coup de l’émotion sans se rendre compte de ce qu’il faisait ou a-t-il tout prémédité et agi avec froideur et détachement ?
Préméditation ou pas, le quinquagénaire a commis l’irréparable, brisant la vie de plusieurs personnes : la sienne, celle de sa compagne et celle des proches de l’amant. Maintenant que vous connaissez tout de cette histoire, qu’en pensez-vous ? Parvenez-vous à comprendre le geste du suspect, quelle peine doit-il avoir ? Dites-nous tout !