Viols de Maza : Dominique Pelicot aurait pu être arrêté il y a 10 ans, la justice mise en cause
L’affaire des viols de Mazan est un énième rappel glaçant des failles du système judiciaire. Ces viols auraient pu être évités, mais des dysfonctionnements flagrants ont permis à un prédateur de continuer à sévir pendant dix ans. En effet, dès 2010, l’ADN de Dominique Pelicot avait été identifié.
Mais aucune suite n’a été donnée, autorisant à ce dernier de poursuivre ses atrocités en toute impunité. Ce n’est qu’en 2023 que son procès s’ouvre, exposant la terrifiante réalité de ses agissements.
Ce scandale judiciaire ne laisse personne indifférent, et des questions sur la responsabilité de la justice se posent. Revenons sur les faits et explorons les raisons qui ont permis à cet homme de continuer son parcours criminel pendant une décennie entière.
Un ADN qui aurait pu tout changer
L’un des moments clés de ce dossier remonte à 1999, alors qu’une jeune femme, Estella, est agressée en Seine-et-Marne. À l’époque, un échantillon de sang est retrouvé sur ses chaussures, mais l’enquête ne débouche sur rien, et l’affaire est classée en non-lieu en 2001.
Cependant, les choses auraient pu prendre un tournant radical dès 2010. En effet, pendant une interpellation de Dominique Pelicot pour captation d’images impudiques, son ADN est enregistré dans le fichier des empreintes génétiques (Fnaeg). Ce fichier met rapidement en lumière une correspondance avec l’ADN trouvé sur les chaussures d’Estella.
Mais ce qui aurait pu être une avancée décisive se révèle être une occasion manquée. La cour judiciaire de Meaux, qui reçoit le renseignement, ne réagit pas. Aucun juge n’est saisi de l’affaire, et le prédateur continue sa descente aux enfers, avec des conséquences dramatiques.
Une justice aveugle ou un dysfonctionnement systémique ?
Les erreurs commises par le tribunal dans cette affaire sont nombreuses. D’abord, la procédure contre Pelicot pour « captation d’images impudiques », qui aurait dû alerter les autorités, se solde par une simple amende de 100 €, sans que sa compagne ne soit informée de ses agissements.
Si la juridiction avait creusé davantage à ce moment-là, peut-être que les choses auraient été différentes. La déclaration de Gisèle Pelicot, épouse de Dominique, à la barre de la cour criminelle du Vaucluse le 5 septembre dernier en témoigne : « Si j’avais été au courant, peut-être que j’aurais gagné 10 ans de ma vie. »
Par la suite, le réel dysfonctionnement réside dans l’absence de suivi de la correspondance ADN. Si cette information avait été prise au sérieux en 2010, des dizaines de femmes n’auraient peut-être jamais croisé le chemin de ce prédateur.
L’agression d’Estella aurait dû suffire à relancer l’enquête, mais l’affaire est restée dans l’oubli pendant une décennie. Ce manque de réaction est une véritable non-assistance à personne en danger.
Un procès qui révèle l’ampleur des faits
Aujourd’hui, Dominique Pelicot est jugé pour ses actes, et les 51 accusés sont présentés devant la cour criminelle du Vaucluse. Mais ce procès soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Comment une telle négligence a-t-elle pu se produire ?
Le système judiciaire, conçu pour protéger les citoyens, a, dans ce cas, failli à sa mission la plus élémentaire. Les viols de Mazan n’auraient jamais dû avoir lieu si la justice avait joué son rôle en 2010.
L’affaire met également en lumière la solitude des victimes et le silence qui entoure souvent ces crimes. Pendant des années, les agissements de Dominique Pelicot ont été ignorés, et ses personnes n’ont pas été entendues. Ce silence judiciaire est d’autant plus insupportable qu’il aurait pu être brisé bien plus tôt.