Évasion de Mohamed Amra : le fugitif cherchait à se procurer des armes de guerre depuis la prison
Mohamed Amra est activement recherché depuis son évacuation lors de l’attaque mortelle d’un fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville. Et selon les éléments qui commencent à fuiter concernant le fugitif, ce dernier était très loin d’être un enfant de chœur. Durant son incarcération, il avait par exemple tenté de se procurer des armes de guerre.
Mohamed Amra, un détenu peu coopératif
À seulement 30 ans, Mohamed Amra est une figure du grand banditisme. C’est pourquoi le détenu était surveillé de près, même en cellule, laquelle a d’ailleurs été sonorisée durant son incarcération. Sur les enregistrements, les enquêteurs relèvent des discussions qui démontrent que le trafiquant n’avait pas cessé ses affaires, même en prison.
Il a réussi à se procurer de nombreux téléphones portables durant ses périodes d’incarcération. Ces dernières s’étendaient respectivement de mars 2016 à juin 2019, puis de janvier 2022 à mai dernier, quand il a été évacué par des complices durant l’attaque de son fourgon pénitentiaire. Entre janvier et mai 2023, neuf téléphones ont été saisis sa cellule. Cellule dans laquelle il avait réussi à faire rentrer une chicha et se faisait livrer des cartes SIM pour ses différents téléphones.
Depuis cet espace, celui que l’on surnomme « La Mouche », a tenté de se procurer des armes de guerre. Il s’agissait de fusils mitrailleurs « tirant en mode rafale », pour lesquels il était prêt à investir 6 000 euros l’unité.
Gestion de ses trafics depuis la prison et enregistrements édifiants
Ses associés affirment qu’il mène ses affaires d’une main de fer. Il serait même capable d’avoir recours à l’ultraviolence dans certaines situations. De peur d’en faire l’expérience, ces derniers se montraient loyaux même quand Mohamed Amra se trouvait en prison. Ce sont eux qui lui faisaient parvenir les cartes SIM, en lui jetant des paquets dans l’enceinte de la prison. Lesquelles lui permettaient de continuer à gérer son trafic.
« Sur le Coran de La Mecque, Wallah, vous n’allez pas me respecter. Vous êtes des fous, mais je vais vous montrer que je suis plus fou que vous ! », peut-on entendre sur un enregistrement. Il s’agit d’une bribe de conversation téléphonique que le détenu a eue alors même que sa cellule était sonorisée par les enquêteurs. « Tu crois que je suis Coluche ? Vous vouliez voir ma chienneté ? Je vais vous la montrer ! Tu vas me payer ! », peut-on encore entendre.
Depuis sa cellule, il a organisé ce qu’il appelle des « carottage ». Il s’agit de vols de transports de drogue au détriment d’autres trafiquants. « Dis-leur qu’ils mettent les mains en l’air, fouillez toute la baraque ! Fouille d’abord. Fouille, fouille, fouille ! Mets la vidéo ! », entend-on encore. « Dis-leur d’arrêter de crier ! Prend que le rebeu. Prenez-le et barrez-vous wesh, vous m’entendez là ? Prenez-le ce fils de p*ute ! ».
Un homme « d’une extrême duplicité »
Des enregistrements d’une grande violence, qui laissent entrevoir de quoi le détenu est capable. « Mohamed Amra se révèle d’une extrême duplicité, élevant la trahison au rang d’art, le tout en recourant fréquemment à la technique de l’enlèvement », rapportent les policiers de l’Office centrale contre la criminalité organisée (OCLCO), dans un document de synthèse.
De la prison de la Santé, le détenu est passé à celle des Beaumettes, à Marseille. Là-bas, il n’a pas fait long feu et s’est retrouvé à la maison d’arrêt d’Evreux, où il était incarcéré depuis le 11 avril. Selon la procureure de la République de Paris, les enquêteurs ont des « pistes sérieuses » pour retrouver le fugitif et ses complices.