Affaire Bernard Preynat : les révélations troublantes de l’ex-prêtre sur sa hiérarchie et ses pulsions pédophiles
Lors de son procès ouvert mardi, Bernard Preynat a pointé du doigt la responsabilité de sa hiérarchie qui aurait été au courant de ses pulsions pédophiles. L’ancien prêtre est jugé au tribunal correctionnel de Lyon pour agressions sexuelles sur mineurs et encourt jusqu’à 10 ans de prison.
Affaire Bernard Preynat : « On aurait dû m’aider… On m’a laissé devenir prêtre »
Depuis l’ouverture de son procès mardi 14 janvier, Bernard Preynat voit défiler les victimes présumées devant la barre. Après avoir avoué avoir « trouvé du plaisir sexuel » pendant ces agressions sexuelles commises entre 1970 et 1991 « en cachette » sur des scouts âgés de 7 à 15 ans, l’ancien curé est revenu sur son passé.
Ce mercredi, l’accusé de 74 ans a affirmé avoir à l’époque prévenu plusieurs fois sa hiérarchie de ses pulsions pédophiles, rapport Franceinfo. Toutefois, aucune demande de soin n’aurait été exigée par l’église.
« Déjà, à 14 ans, au petit séminaire, je savais déjà [que j’étais attiré par les petits garçons]. On m’a dit, “tu es un malade”, mais on s’est débarrassé de moi. On m’a envoyé dans un autre séminaire » , explique Bernard Preynat au tribunal, rapporte Le Monde.
« On aurait dû m’aider… On m’a laissé devenir prêtre » , ajoute-t-il avant de souligner qu’il avait suivi une thérapie à l’hôpital psychiatrique du Vinatier en 1967 et 1968. Il a par ailleurs affirmé avoir présenté « comme un péché » certains de ses actes et pulsions à son confesseur. Toutefois, « le prêtre me donnait des encouragements pour que je ne recommence pas, et l’absolution » .
« Je n’accuse pas l’Église, je ne m’en sers pas comme excuse » , a-t-il tout de même précisé.
Bernard Preynat confie avoir lui aussi été agressé sexuellement par un homme d’église
Appelé à la barre, Bernard Preynat a confié avoir été victime d’attouchements par un homme d’Église dans sa jeunesse. L’ancien curé a affirmé l’avoir écrit dans une lettre adressée à l’administrateur apostolique Michel Dubost, qui remplace le cardinal Philippe Barbarin dans la gestion du diocèse de Lyon depuis sa condamnation en mars pour ses silences sur le cas Preynat.
Dans cette lettre écrite l’été dernier, Bernard Preynat raconte avoir été « victime d’un prêtre au séminaire, d’un moniteur qui [le] caressait sous la douche » . Il a par ailleurs ajouté avoir été successivement agressé sexuellement par un sacristain de sa paroisse, un séminariste et un prêtre au petit séminaire entre sa sixième et sa quatrième.
« Il ne m’en avait jamais vraiment parlé. Quand on subit des agressions de ce type, il y a une honte », a déclaré à l’AFP son avocat, Frédéric Doyez. « Je ne dirais pas que je suis étonné. C’est ce qui se passe lors d’une audience. Mais s’il n’en avait pas parlé, c’est peut-être par crainte que l’on pense que c’est en quelque sorte pour se dédouaner » , a-t-il ajouté.
Bernard Preynat a précisé devant les juges qu’il n’avait jamais fait ces confessions avant d’être interrogé par une inspectrice de police début 2016.