Faux vestiges, stérilisation forcée et NASA : Découvrez comment les nazis ont exploité les sciences
De 1933 à 1945, l’idéologie nazie a secoué l’Allemagne et l’Europe. Les dirigeants du parti, Hitler et Himmler en tête, ont manipulé les sciences pour qu’elles puissent coller avec leurs idées. L’Histoire et la médecine ont ainsi concentré toute l’attention du Troisième Reich. Pour organiser les recherches, un institut été crée : l’Ahnenerb ; « Ahnen » signifiant ancêtre et « Erb » héritage » . Cet institut était rattaché aux SS, les forces spéciales allemandes.
L’Histoire au service de la propagande nazie
Himmler était passionné par l’Histoire et la mythologie, et plus particulièrement par la mythologie nordique. Dans l’idéologie nazie, la « race » aryenne est censée être la plus ancienne et donc la plus légitime. Mais le régime ne possédait aucune preuve de cela. Pour légitimer leurs propos, les nazis ont commencé de grandes fouilles archéologiques dans le but de retrouver des vestiges. Himmler a ainsi mené plusieurs expéditions dans le nord de l’Europe, en Amérique du Sud et même au Tibet. Cette dernière destination peut paraître surprenante, mais c’est pourtant dans cette province asiatique que les nazis ont le plus poussé leurs recherches pour retrouver les origines de la race aryenne.
Pour mener à bien leur projet idéologique, les nazis ont mesuré les crânes de centaines de Tibétains tout en tenant leurs comptes dans des registres. Pour eux, le Tibet était forcément un pays aux origines nordiques, puisqu’on y retrouve sur de nombreux monuments, le svastika, symbole universel d’harmonie que les nazis ont repris et transformé pour créer la croix gammée. C’est ainsi qu’un scientifique allemand a affirmé que les parents du Buddha étaient Germains.
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Quels impacts sur l’Histoire ?
Si ces affirmations semblent aujourd’hui complètement improbables, le régime nazi s’est bel et bien servi de ces « recherches » pour diffuser sa propagande. Les dirigeants cherchaient ainsi à légitimer la supériorité des Aryens. Si Himmler et Goebbels paraissaient très enthousiastes quant à ces travaux, Hitler se montrait plus réservé. Pour lui, les études ne pouvaient avoir qu’une seule issue : mettre en avant le manque de grandeur des peuples nordiques et donc décridibiliser la parole nazie. Il complexait beaucoup par rapport à l’Histoire et aux vestiges de Rome ou Athènes, de magnifiques cités antiques connues de tous pour leur puissance historique. Pour redonner une forme de grandeur à l’Allemagne, il renomme Berlin, Germania et organise de grandes cérémonies où sont représentées les divinités nordiques.
Pour appuyer ses propos, Himmler n’hésite pas à créer de faux vestiges. Il présente ainsi des dizaines de pots, vases et sculptures arborant un svastika pour montrer l’ancienneté de la culture allemande. Herman Wirth, le cofondateur de l’Ahnenerb va même jusqu’à prétendre que les Germains ont inventé l’écriture ! Il cherche à prouver que l’alphabet runique est plus ancien que celui des Égyptiens. Wirth va donc reculer la date de sa création de… 30 siècles ! Il ira si loin dans ses théories qu’il sera écarté de l’Ahnenerb. Mais l’Histoire n’est pas la seule science que les nazis vont utiliser pour leur propagande. Ils vont se servir de la médecine pour légitimer les théories raciales.
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Les Nazis et la médecine
En plus des innombrables victimes des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale, plus de 100 000 personnes sont mortes pour la « science » sous le régime nazi. En tout, 75% des médecins allemands adhéraient à l’idéologie nazie et bon nombre d’entre eux ont testé leurs théories sur les déportés. Ces professionnels de la santé, chirurgiens, gynécologues, qui faisaient partie des esprits les plus brillants du 20e siècle, ont perdu tout sens éthique, brouillés par l’idéologie nazie. Aujourd’hui, on sait bien évidemment qu’il n’existe pas de race au sein de l’humanité. Mais à l’époque, les nazis voulaient en prouver l’existence. Et pour cela, ils ont été capables de commettre les pires crimes.
La tragédie de Strasbourg
L’université de médecine de Strasbourg a été le théâtre d’horreurs sans nom. August Hirt avait fait venir 86 Juifs depuis le camp d’Auschwitz pour prouver ses théories sur la race aryenne. Il les a tous fait tuer avant de les autopsier pour essayer de trouver des différences anatomiques entre les Juifs et les Germains. Évidemment, il n’en a trouvé aucune. À la Libération, quand les soldats des Alliés reprennent l’université, ils découvrent avec effroi 17 corps et 77 morceaux de corps conservés dans des cuves de formole. Hirt les avaient gardés là pour continuer ses expérimentations. Il avait également commencé une collection d’os pour garder une « trace des Juifs » après « la solution finale » .
La stérilisation de masse
À partir de 1942, le gynécologue Carl Clauberg travaille sur la stérilisation de femmes juives et tziganes, pour arrêter les naissances dans ces deux communautés. Afin de mettre à bien son projet, Clauberg injecte des produits chimiques directement dans l’utérus de ses victimes, sans prendre le soin de les anesthésier auparavant. La douleur est insupportable et beaucoup de femmes décèdent des suites d’arrêts cardiaques. Avec ses recherches, le gynécologue prévoyait de stériliser 1000 femmes par jour. Il profitait également de ces expériences pour tester les effets des rayons X sur le corps humain.
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Les horribles expériences de Rascher
Sigmund Rascher était un médecin allemand très proche d’Himmler, qui exerçait au camp de Dachau. Il a profité des déportés pour tester ses théories sur l’utilisation du Polygal. Il pensait que ce produit d’origine naturelle permettait au sang de coaguler plus vite. Si sa théorie s’était révélée exacte, il aurait pu en faire prendre aux soldats allemands pour les rendre « invincibles » . Il en a donc fait prendre à des Juifs avant de leur tirer dessus ou de les amputer. Évidemment, cela ne fonctionnait absolument pas.
Ses plus grandes expériences concernaient la résistance au froid. Hitler voulait savoir combien de temps les aviateurs pouvaient résister dans la mer du Nord s’ils étaient touchés. Pour avoir une réponse correcte, Rascher immergeait pendant plusieurs heures des prisonniers de Dachau dans des bacs d’eau glacée. Il rajoutait régulièrement de la glace pour maintenir l’eau à une température très froide. Si le film Titanic nous a bien appris une chose, c’est qu’un homme ne survit pas longtemps dans de l’eau glacée. À elle seule, cette expérience a causé 80 morts.
Rascher a été condamné, mais pas pour ses expériences. Il a été mis en cause pour son commerce illégal de peaux humaines. Il fabriquait notamment des sacs à main, des abats-jours ou encore des culottes d’équitation qu’il revendait ensuite à ses collègues nazis.
Des scientifiques nazis à la NASA ?
Après la guerre et dans le cadre du processus de dénazification de l’Allemagne, tous les projets scientifiques ont bien évidemment été arrêtés. La plupart des nazis ont été jugés pour leurs crimes mais certains ont réussi à fuir en Amérique du Sud. Parmi les scientifiques, beaucoup ont rejoint une institution connue de tous : la NASA. Environ 80 scientifiques nazis auraient garni les rangs américains lors de la Guerre Froide, notamment pour poursuivre leurs recherches sur les fusées et la pression.
Ce projet s’appelait Opération Paperclip et avait pour but de récupérer des armes et connaissances détenues par les nazis. L’opération a été arrêtée en 1957 et rendue publique en 1973. Elle a beaucoup fait parler d’elle, notamment dans le cadre des théories du complot. C’est même le sujet d’un épisode de la série X-Files : Aux frontières du réel. Les références aux horribles dérives scientifiques des nazis sont très présentes dans les séries, comics ou dans les films aujourd’hui. La population cherche désormais à connaître l’horreur des rouages du système mis en place par Adolf Hitler.