Les Français bientôt obligés de travailler plusieurs heures gratuitement ?
Sept heures de travail non rémunérées ? C’est une des mesures envisagées par le ministère Bayrou dans le cadre du Budget 2025.
Le gouvernement favorable aux sept heures de solidarité supplémentaires
Une deuxième journée de solidarité en perspective ? Le projet se concrétise du côté de l’exécutif. L’Assemblée nationale, en revanche, risque de refuser une nouvelle fois la mesure pourtant plébiscitée par les sénateurs. Celle-ci consistait à établir sept heures de travail non rémunérées afin de financer les dépenses liées à la dépendance des personnes âgées.
Lors de son bref passage à Matignon, Michel Barnier s’était exprimé sur le sujet. « Je suis très réservé sur cette idée, complexe à mettre en œuvre et dont je ne suis pas sûr de qu’elle rapporte ce que certains prétendent« , avait-il ainsi confié à Ouest-France en novembre 2024.
Malgré les nombreux avis contre, le gouvernement Bayrou n’exclut pas de remettre la mesure sur la table. En témoigne le discours de la ministre du Travail, Catherine Vautrin : « Cette mesure peut, en 2025, générer 2 milliards d’euros de recettes fléchées vers les dépenses sociales ». Une déclaration approuvée par sa collègue chargée des Comptes publics, Amélie Montchalin. Sur France 3, celle-ci a notamment affirmé que les sept heures de travail non rémunérées étaient « une piste qui est sur la table du gouvernement ».
Les syndicats s’insurgent
Pour ce qui est de l’organisation de ces heures de solidarité, « une totale souplesse est laissée aux acteurs du terrain », précisait l’amendement voté par le Sénat. Ainsi, il revient aux employeurs de répartir les sept heures comme bon leur chante. Elles peuvent prendre la forme de 10 minutes de travail supplémentaire par semaine ou d’une journée entière de travail rémunérée, ce qui implique la suppression d’un jour de RTT.
« L’idée, c’est qu’il y ait un débat avec les partenaires sociaux sur la mise en application du principe », explique le Sénateur des Deux-Sèvres, Philippe Mouiller.
Si le gouvernement envisage fortement la piste des sept heures de travail non rémunérées, les syndicats s’y opposent fortement. « Ce n’est pas aux salariés du privé et aux agents publics de payer pour diminuer le déficit de la Sécurité sociale et d’assumer les difficultés budgétaires des du pays », s’insurge Luc Farré, secrétaire national de l’Union nationale des syndicats autonomes, chargé de l’action publique (Unsa).
Le discours est le même à la CGT. « Le financement de la perte d’autonomie est primordial, mais il est inacceptable que cette charge repose uniquement sur les salaires. Cette mesure décidée unilatéralement par la ministre est injuste, puisqu’elle va pénaliser davantage les salariés au Smic, qui ne peuvent pas se permettre de perdre une journée de salaire », explique encore Denis Gravouil, secrétaire confédéral du syndicat.