Grandes surfaces: qu’en est-il de la prime de 1 000 euros prévue pour les salariés?
Durant le confinement, les salariés de la grande distribution ont maintenu la cadence. En effet, ils faisaient partie de ceux qui ne pouvaient s’arrêter de travailler durant la crise sanitaire. C’est d’ailleurs durant cette période que la plupart des Français ont découvert à quel point ces derniers étaient indispensables. C’est pourquoi fin mars, le gouvernement annonçait le versement d’une prime exceptionnelle de 1 000 euros à ces deniers. Mais un peu plus de 4 mois plus tard, qu’en est-il réellement de cette prime?
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Le versement de la prime soumis à conditions
Alors que tous salariés pensaient y avoir droit il y a encore quelques mois, ils ont découvert que le versement de cette fameuse prime était soumis à conditions. Pourtant l’annonce de Bruno Le Maire paraissait simple quand il a évoqué la prime de 1 000 euros. Les entreprises de grandes distribution avaient d’ailleurs affirmé qu’elles n’hésiteraient pas à mettre la main à la poche afin de récompenser leurs salariés positionnés en « deuxième ligne » durant la crise sanitaire. Mais quatre mois plus tard, le discours de ces dernières est totalement différent.
Les grandes enseignes comme Casino, Carrefour ou encore Auchan ont édicté des règles d’attribution des primes. Cependant aucun accord n’a été signé avec les syndicats comme le fait remarquer Eric Shrerrer secrétaire général de la Seci-CFTC. « Les salariés s’attendaient à recevoir tous 1 000 euros. Beaucoup ont été déçus. Il y a finalement beaucoup de critères, notamment liés au temps de présence, qui font baisser le montant de la prime » poursuit-il. « Quand il s’agit de mettre en valeur le travail et l’héroïsme des salariés, c’est facile, en revanche au moment de verser l’argent, c’est plus compliqué » regrette-t-il.
Des travailleurs qui ne sont pas sur un même pied d’égalité
La prime de 1 000 euros a ainsi varié en fonction des enseignes. Ainsi chez Lidl, les salariés qui s’étaient déjà vu verser une prime de 400 euros au mois de février par rapport au mouvement des gilets jaunes, ont eu droit à une nouvelle prime de 600 euros maximum. En plus de cette prime nettement inférieure à celle annoncée au départ, ils se verront attribuer des bons d’achat d’une valeur de 100 euros. L’entreprise Carrefour affirme que tous les salariés ayant Å“uvré durant la crise sanitaire ont bénéficié de la prime. Or, les syndicats maintiennent une toute autre version des faits. « Il y a beaucoup d’exceptions! » lance Alexandre Torgamian, secrétaire général du SCID (syndicat commerce et service indépendant démocratique).
« On ne peut pas dire que tous les salariés de Carrefour ont touché la prime. Même au sein d’un même entrepôt tout le monde n’a pas reçu la prime. C’est le cas de plusieurs agréeurs de Lyon qui n’ont rien reçu contrairement à leurs collègues ». Il se souvient également de l’exemple de cette femme qui habite dans l’Oise et qui travaille dans le département du Val d’Oise. Elle n’a pas eu droit à la prime pour la simple et bonne raison qu’elle a du garder ses enfants une fois que l’Oise a été confiné. Le secrétaire général du SCID qualifie ces mesures de discriminatoires. Selon lui elles créent des une rupture d’égalité entre les travailleurs.
Des congés forcés qui empêchent de toucher entièrement la prime
Chez le groupe Casino, la direction aurait annoncé qu’elle s’alignerait sur la concurrence afin de fixer le montant de la prime. Pourtant, les témoignages de plusieurs salariées parlent de conditions d’attribution de la prime douteuses. Ils étaient plusieurs à voir leurs vacances tomber durant la période de confinement. Par conséquent, au moment de l’annonce du confinement, ils ont voulu reporter ces vacances. Ce à quoi la direction à répondu par la négative. Ainsi ils se sont vus obligés de prendre plusieurs jours voire plusieurs semaines de congés forcés. De ce fait la prime de 1 000 euros est mystérieusement passée à 600 euros pour Harold.
A Boulogne-Billancourt, un autre salarié de la même enseigne s’est vu obligé de prendre plusieurs jours de congés après avoir contracté le virus. Eh bien au moment de recevoir la prime, il a pu voir que ses congés maladie avaient été soustraits et qu’elle n’était plus au montant de 1 000 euros.
Le cas particulier des franchises
Dans le cas des franchises la situation est encore plus complexe. En effet, elles avaient le choix ou non de verser la prime à leurs salariés. Et la plupart des franchises étant gérées par des indépendants, tout reposait sur le bon vouloir. De quoi se sentir floué après cette annonce de prime faite en grande pompe par le gouvernement. Les salariés de la grande distribution sont pour la plupart mécontents et regrettent que l’attribution ait été faite sous conditions. Notez que les entreprises ont jusqu’au 31 août pour verser pour verser ou non ce bonus à leurs salariés.
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Source: France Inter