Daniel Auteuil frappé de plein fouet par le handicap
Qu’on se le dise, Daniel Auteuil a plusieurs cordes à son arc. Sur la scène d’un théâtre, d’un studio ou d’un concert ou bien devant les caméras, il s’adapte et rebondit tel un caméléon. Souvent récompensé par ses pairs pour son travail d’acteur, il n’a vraiment pas à rougir de sa belle carrière.
Pourtant, en coulisses, cela n’a pas toujours été facile pour lui de tirer son épingle du jeu. Forcé de faire plus d’efforts que ses confrères, il s’accroche à sa bonne étoile.
Aussi, bien des décennies après ses premiers pas sur scène, quand il est frappé par le handicap, il est déjà bien trop tard pour faire demi-tour. Nous allons vous en relever l’impact sur son quotidien, mais également sur son parcours.
Une scolarité pas comme les autres
Dans la famille de Daniel Auteuil, on adore le contact avec le public. Face à la passion dévorante de ses parents pour le chant lyrique, le petit garçon n’a pas le choix que de les partager avec les fans ou les techniciens. A l’époque de leur succès, ils ont pour habitude de sillonner les routes pendant six longs mois. Une fois la tournée des opéras achevée, ils retournent dans leur havre de paix d’Avignon ou à Nancy.
On l’a compris, dès son plus jeune âge, Daniel Auteuil enregistre sagement la mécanique bien huilée d’un spectacle. Chose curieuse, sa mère va même lui offrir un petit rôle dans une version de Madame Butterfly. Dans ces circonstances, dans le secret de son âme, il va conserver une affection, mais également un respect, pour tous ces artistes pas comme les autres.
Question études, Daniel Auteuil a du mal à trouver sa voie. Entre deux déménagements, il mulplie les redoublements, mais aussi pas mal de renvois. Histoire de rassurer ses parents, et d’avoir au moins un diplôme en poche, il commence, mais ne va jamais terminer un cursus de géomètre.
Daniel Auteuil, un perfectionniste
Au théâtre
A sa majorité, tout va basculer. A l’époque, les manifestations étudiantes de mai 68 défraient la chronique. Ayant l’impression de tourner en rond à Avignon, il plaque tout et se pose ses valises à Paris. Se voyant déjà en haut de l’affiche, il tente à plusieurs reprises d’accéder au prestigieux Conservatoire national d’arts dramatiques. Hélas, malgré tous ses efforts, il échoue le concours. À l’instar d’Isabelle Nanty, le cours Florent est une révélation pour Daniel Auteuil.
Au début des années 70, il se sent prêt à passer de la théorie à la pratique. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il réussit haut la main les auditions pour une comédie musicale, Godspell.
Fasciné par la signature vocale de son camarade Dave, mais hilare de sa piètre qualité de jeu, il décide de l’aider à progresser. Et inversement. Très vite, les deux hommes deviennent inséparables. Force est de constater qu’un demi-siècle plus tard, ils se considèrent aujourd’hui comme deux frères.
Juste avant le passage à la décennie 80, Daniel Auteuil reçoit sa première récompense. Lorsqu’il apprend cette bonne nouvelle, il la partage avec son partenaire, le comédien François Périer. Sur scène ou bien dans les loges, il boit les paroles et conseils de son mentor. C’est l’évidence, avec le prix Gérard Philippe en poche, l’élève a dépassé le maître.
Puis au cinéma
Dans le même temps, Daniel Auteuil découvre l’univers fabuleux des plateaux de cinéma. Sur le tournage de « L’agression », malgré ses difficultés, il est conscient de sa chance de donner la réplique à la belle Catherine Deveneuve. Des années plus tard, il en fait un portrait élogieux. « J’ai toujours eu pour elle une espèce de vénération, d’admiration qui fait qu’elle est. »
Lorsque Daniel Auteuil lit le scénario des « Sous-doués », nul doute qu’il a l’impression de faire un bon dans le passé. Ce lycéen qui adore faire la fête et profiter de la compagnie des femmes au lieu d’étudier, c’est son portrait craché.
Quelque temps plus tard, le réalisateur avoue en riant que le comédien lui a menti sur son âge afin d’intégrer le casting. La suite de l’aventure, on la connait sur le bout des doigts. Malgré ce petit arrangement avec la réalité, sa performance dans les deux volets séduit les jeunes de l’époque et traverse même les générations. A chaque diffusion, il pulvérise des records d’audience.
Six ans plus tard, il émeut la France entière en enfilant le costume d’Ugolin. Le tournage de cette fresque de Marcel Pagnol, il ne peut pas l’oublier à bien des égards. Et pour cause, à l’origine, c’est Jacques Villeret qui était pressenti.
Cependant, face au refus catégorique du monstre sacré Yves Montand, la production contacte Daniel Auteuil. Très vite, la magie opère sous les yeux ébahis de ses partenaires. Non seulement, son amour pour sa femme, Emmanuelle Béart, crève l’écran. En plus, cerise sur le gâteau, il obtient son premier César.
Qu’on se le dise, Daniel Auteuil sait aussi nous faire rire que pleurer. Preuve étant, lorsqu’il lit ses répliques du film Le huitième jour, il accepte sans une once d’hésitation ce rôle d’homme pétri de préjugés sur les handicapés. Encore une fois, sa bienveillance et son empathie illuminent les écrans. Comble de bonheur, les deux acteurs principaux vont obtenir le prestigieux Prix d’interprétation masculine au 49e Festival de Cannes.
Quand Patrice Leconte lui annonce qu’il remplace Jean-Pierre Marielle au pied levé, l’équilibre de Daneil Auteuil vacille. Or, comme un vrai professionnel, il ne laisse rien paraître de son stress. Du reste, de l’avis des spécialistes, le fait que « La fille sur le pont » soit en noir et blanc, et non pas en couleurs, ajoute une dose de mystère. Ravi d’avoir un second César à son palmarès, le comédien s’apprête à franchir un pas important.
Une double reconversion
Comme nous l’avons évoqué au-dessus, Marcel Pagnol a « porté chance » à Daniel Auteuil. Quand il parle de cet auteur marseillais, il n’a que des compliments à faire. Selon lui, il a tous les ingrédients pour « rendre les gens heureux tout en donnant plein de raisons d’espérer» C’est pourquoi, lorsqu’il annonce qu’il va avoir à la fois la casquette de réalisateur et d’acteur principal dans « La fille du puisatier », ses fans l’attendent au tournant. Ils ne vont pas être deçus du voyage !
Hélas, le passage aux années 2000 ne porte pas chance à Daniel Auteuil. D’une part, à l’exception de « L’Adversaire » librement adapté d’un fait-divers, ses films ne sont pas franchement salués par la critique. De plus, ses fans ressentent une certaine lassitude, comme s’il était enfermé dans sa zone de confort. Preuve étant, sans qu’on se l’explique, il refuse de jouer dans « Bienvenue chez les Ch´tis » ou encore dans « Intouchables ».
La chanson, la seconde passion de Daniel Auteuil
À l’instar de nombreux collègues, la pandémie a eu un impact sur le moral de Daniel Auteuil. Privé de tournage, il prend une décision fracassante. Ayant une pensée émue pour ses parents, il va retravailler sa voix et faire une pause avec les caméras. Aussi, après un an de travail à retravailler musicalement des poèmes de son choix, le 1er mai 2023 marquant un tournant. Sur scène, mais aussi devant les caméras de Culturebox, le comédien se transforme en pianiste et chante des extraits de Guillaume Apollinaire et Arthur Rimbaud.
Et pour l’accompagner dans sa mission un peu dingue, mais ô combien courageuse, il sollicite l’aide de deux artistes au cœur d’or. L’envoutante Première dame Carla Bruni et le leader de Louise Attaque Gaëtan Roussel sont aux premières loges de ce beau succès.
Ses trois enfants, la bataille de Daniel Auteuil
Aurore, la digne héritière de Daniel Auteuil
De son amour avec sa consœur, Anne Jousset nait Aurore. Du reste, elle semble avoir hérité du don de ces deux parents. En septembre dernier, il confie son noble objectif aux téléspectateurs d' »En aparté ». Tout comme ses maîtres, il tente de « lui enseigner comment on peut s’investir dans des rôles de manière plus légère, sans souffrir.» Or, lorsqu’il la met en scène dans une reprise de Molière, il se rend à l’évidence. Il n’a rien à lui apprendre tant elle semble « faite » pour ce métier !
Nelly
Vous avez toujours cru que Daniel Auteuil était tombé sous le charme d’Emmanuelle Beart sur le plateau de Claude Berri ? Erreur ! L’année qui a précédé le tournage de « Manon des sources », il accepte de jouer et chanter la musique du film au titre ô combien symbolique « L’amour en douce ». Quand il la regarde, il a les yeux qui brillent. Et la réciproque est vraie.
De l’avis d’un membre de l’équipe technique, les deux acteurs tentent tant bien que mal de rester discrets sur la naissance de leur romance…mais ne trompent personne ! « Ils allaient se promener tous les deux et étaient toujours planqués quelque part. Le metteur en scène rouspétait, il les cherchait partout, il nous demandait où ils étaient« .»
Suivra un second tournage, un mariage et l’arrivée de Nelly au milieu des années 90. Hélas, lorsqu’Emmanuelle Beart décide de rompre, le conte de fées se transforme en cauchemar éveillé. Survenue lors de la préparation du film « Le placard », cette triste anedocte du réalisateur Patrice Veber ne laisse aucun fan de l’acteur indifférent. « La nuit, Daniel se réveillait avec la télécommande dans la main, il se croyait que c’était la main d’Emmanuelle.»
Aujourd’hui, Nelly a bien grandi et fait la joie de ses parents. Mariée au fils d’une ministre de la santé, mais aussi petit-fils de la génialissime Simone Veil, Daniel Auteuil peut à présent dormir sur ses deux oreilles. Ses filles sont en sécurité, il va pouvoir profiter de chaque seconde en compagnie de sa dernière charmante épouse et se consacrer à l’éducation de leur fils.
Le cas particulier de Zachary
Comme vous l’avez constaté, Daniel Auteuil adore les femmes, et plus particulièrement celles qui ont une appétence pour l’art. Aussi, après trois ans de relation, il se remarie avec la belle (et la jeune) Aude. Épanoui comme jamais, il balaie d’un revers de la main toutes les critiques sur leur différence de générations ! Et pour faire taire les jaloux, il aime dire qu’ils ont le « même âge« , mais ignore lequel !
Lorsqu’il devient papa d’un petit garçon en 2009, Daniel Auteuil est fou de joie. Sauf que son petit bonhomme va lui en faire voir de toutes les couleurs. Comme lui, il a des difficultés à l’école. Au lieu de le laisser sombrer, il lui tend la main. Il ignore encore que le verdict des médecins va le faire chanceler.
Un air de déjà-vu pour Daniel Auteuil
Et pour cause, atteint de dyspraxie, le jeune homme est maladroit et se repère mal dans l’espace. En somme, il a besoin de beaucoup plus de concentration qu’un autre enfant du même âge. Plus le temps passe, plus les doutes de Daniel Auteuil se confirment. Vu qu’il lui a transmis cet handicap invisible, il va tout faire pour réparer les dommages collatéraux.
Au micro de France Bleu, il va encore plus loin dans la confidence et raconte les effets dévastateurs sur son moral. « On croit être un crétin donc on doit l’être et on perd confiance en soi. Et on devient, si on est curieux, on devient un autodidacte. Moi par exemple, si on m’avait pris au conservatoire d’art dramatique, je n’aurais pas attendu presque 40 ans avant de jouer une pièce classique. Je pensais que je n’y avais pas le droit»
Scolarisé dans une école spécialisée, le jeune adolescent semble maintenant beaucoup plus serein que son génie de père en son temps. Peu importe ses choix dans le futur, on lui souhaite les mêmes succès en tout cas !