Puppy yoga : Adieu aux séances de câlinothérapie ?
Le « puppy yoga », cette nouvelle tendance venue tout droit des États-Unis, fait fureur depuis quelques mois aux Pays-Bas. Le concept ? Pratiquer du yoga entouré d’adorables chiots et joueurs.
Si ces séances de câlinothérapie ont rapidement conquis le cœur des amoureux des animaux, elles soulèvent également des questions sur le bienêtre des petites boules de poils. Le ministre néerlandais de l’Agriculture, Piet Adema, envisage même d’interdire cette pratique.
Alors, le « puppy yoga » est-il vraiment une bonne idée ? Plongeons dans les coulisses de ce phénomène pour en comprendre les enjeux.
Un bizness florissant porté par l’engouement du public
Depuis son arrivée en Europe, le « puppy yoga » connait un triomphe fulgurant. Aux Pays-Bas, et particulièrement à Amsterdam, les séances affichent complètes.
En France, l’entreprise Pawsitive Yoga a réussi l’exploit d’ouvrir douze agences en seulement six mois, preuve de l’engouement du public pour ce concept novateur. Mais qu’est-ce qui fait le succès du « puppy yoga » ?
Pour une quarantaine d’euros, les participants ont droit à une session intégrale : 20 minutes de yoga, suivies de 30 minutes de détente en compagnie des chiots.
Le tout ponctué, bien sûr, de nombreux égoportraits avec les petites stars à quatre pattes. Les entrepreneurs mettent en avant les bienfaits de ces moments privilégiés pour la socialisation des canidés. Âgés de huit à douze semaines, ces derniers seraient ainsi aidés dans leur développement grâce aux interactions avec les humains.
Un argument qui ne convainc pas tous les spécialistes, si le grand public est séduit par le « puppy yoga », certains professionnels émettent des réserves quant à cette pratique.
C’est le cas de Jacques Delle Cave, véto à Menton, qui affirme au média du Parisien qu’un chiot n’a pas besoin de ces séances pour se sociabiliser, tant qu’il a une bonne mère et qu’il est entouré.
De plus, quelques entreprises revendiquent utilisées des chiots âgés de seulement six à huit semaines, soit avant leur primovaccination. Une pratique qui soulève des questions sanitaires et qui inquiète les vétérinaires.
Les arguments marketing employés par certains studios de « puppy yoga » font également bondir les professionnels. Pour eux, manipuler un bébé chien n’est pas l’équivalente à un contact imposé.
Les chiens, même les plus jeunes, ont besoin de moments de tranquillité et doivent pouvoir venir d’eux-mêmes vers les humains. Forcer les interactions, comme cela peut être le cas lors des séances de « puppy yoga », peut être source de stress pour les animaux.
Le bien-être des chiots au cœur des préoccupations
Face à ces interrogations, le ministre néerlandais de l’Agriculture, Piet Adema, a décidé de s’emparer du sujet. Selon lui, les chiots utilisés pour le « puppy yoga » sont souvent réveillés alors qu’ils ont un besoin crucial de sommeil pour se développer correctement.
Une investigation menée par l’Agence néerlandaise de contrôle des produits de consommation (NVWA) a d’ailleurs dévoilé que les envies des chiots n’étaient pas suffisamment prises en compte au cours des séances.
Ces préoccupations ne sont pas nouvelles. Au Royaume-Uni, une enquête journalistique avait déjà mis en lumière des dérives inquiétantes liées au « puppy yoga ».
Des chiots perturbés dans leur sommeil, voire privés d’eau pour éviter les accidents, avaient été filmés en caméra cachée. Des révélations choquantes. Qui a suscité l’indignation du public et poussé la Société royale pour la prévention de la cruauté envers les animaux à appeler au boycott de cette pratique.
Vers une prise de conscience collective
Alors, faut-il interdire le « puppy yoga » ? Si l’engouement pour ces séances de câlinothérapie est compréhensible. Il est essentiel de ne pas perdre de vue les besoins concrets des chiots. Derrière l’apparente mignonerie se cache parfois une réalité moins glamour. Où le sommeil et la tranquillité des petits toutous peuvent être compromis au nom du bizness.
L’interdiction envisagée par le ministre néerlandais de l’Agriculture témoigne d’une prise de conscience grandissante des enjeux éthiques liés à cette pratique. Elle pourrait faire des émules dans d’autres pays, où les amoureux des bêtes s’interrogent de plus en plus sur le bienfondé du « puppy yoga ».
Le « puppy yoga », s’il accomplit le bonheur des amateurs de séances de câlins avec des boules de poils, soulève des questions légitimes sur le bienêtre animal. Les chiots, êtres vivants et sensibles, ne sont pas des accessoires de mode ou de divertissement. Ils ont des besoins spécifiques. Comme celui de dormir et de grandir à leur rythme, auprès de leur mère et de leur fratrie.
Plutôt que de céder à la tentation du « puppy yoga », pourquoi ne pas privilégier des exercices respectueux du développement des chiots ? Les éleveurs responsables et les refuges proposent des moments de socialisation adaptés, où les interactions se font en douceur. Dans le respect de l’animal.
Finalement, la meilleure façon de pratiquer le « puppy yoga » n’est-elle pas simplement de laisser les chiots être des chiots.
Tout en leur offrant l’amour et l’attention nécessaire pour devenir des chiens équilibrés ? Une question qu’on doit se poser, pour le bien-être de nos amis à quatre pattes.