« Un plausible scandale sanitaire » : des bébés nés malformés dans l’Ain
L’information est passée sous silence. Depuis 10 ans, 3 communes françaises ont vu naître des enfants présentant des malformations. Ce jeudi 4 octobre a été publié un rapport très alarmant.
Des naissances et des malformations.
Les chiffres sont ahurissants. Entre 2009 et 2014, sept bébés sont nés sans bras ou sans mains aux alentours d’un petit village de l’Ain. Un taux, anormalement élevé, qui s’est reproduit en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Dans l’Ain, Le Remera (REgistre des Malformations En Rhône-Alpes) a recensé 7 bébés nés avec une « agénésie transverse des membres supérieurs« . Tous dans une zone de 17 kilomètres. Un nombre de malformations 50 fois plus élevé que la normale.
Ce phénomène a un nom. Il s’appelle le Cluster : une accumulation de cas inhabituels. Il en va de même en 2007/2008 pour Mouzeil, à 15 km de Nantes avec les cas de 3 bébés puis, en 2015, à Guidel, près de Lorient où 3 enfants sont nés sans main ou bras entre 2011 et 2013.
Une mère alerte sur les malformations
C’est Isabelle Grassin, la mère de l’un d’entre eux, qui s’inquiète. Elle est médecin elle-même et se renseigne par ses propres moyens. Suite à d’autres signalements similaires,; une enquête est diligentée auprès des trois familles de Guidel. Mélainda Mostini, la maman de Léo, 7 ans, explique que' »on a eu la visite d’un médecin qui nous a posé une multitude de questions sur nos habitudes alimentaires, sur notre façon de consommer les médicaments ou encore les produits d’entretien et il n’y a eu aucun facteur commun à ces trois familles« .
Contactée par Franceinfo, elle explique que très rapidement se pose la question de l’environnement. « les engrais, les pesticides. Il y a peut-être quelque chose qui s’est passé à cette période sur la commune« .
Santé Publique France : des malformations liées au hasard.
En 2016 a eu lieu une réunion nationale entre tous les services concernés. Une réunion très agitée selon Franceinfo puisque les participants n’étaient pas d’accord entre eux.
Santé publique estimait alors que les malformations étaient liées au hasard. De l’autre côté, le Registre des Malformations de Rhône-Alpes et sa directrice, Emmanuelle Amar, a expliquée que « exactement la même malformation, ça ne s’est jamais passé dans l’histoire des malformations ». « La probabilité que ça soit lié au hasard est plus qu’infitniésimale. On est face à un plausible scandale sanitaire. »
Pour Anne Gailly, directrice des maladies non transmissibles er des traumatismes à Santé publique France, « nous, on n’investigue pas sur l’utilisation des pesticides parce que ce n’est pas notre métier et notre mission. Par contre, ce qu’on fait, on s’interroge possiblement sur l’impact des animaux puisqu’on sait que c’est un modèle de départ. Si on apprend qu’il y a un certain nombre de malformations également dans le monde animal, à ce moment là, effectivement, ça peut ouvrir possiblement des questionnements … mais ce n’est pas le cas. »
Sauf que selon Franceinfo, c’est bien le cas. Des malformations sur les veaux, dans la même zone.
Le Registre aurait aimé en savoir plus sauf que pour cela, il faut des moyens. Et qu’il a été privé du soutien financier de la région à la rentrée et qu’il vient d’apprendre qu’il risquait de perdre celui de Santé publique France et allait devoir fermer ses portes d’ici la fin de l’année.