Retraite à 64 ans : Qui sera le plus pénalisé ?
Les femmes seront les plus pénalisées par le report de la retraite à 64 ans. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a reconnu que le recul de l’âge légal leur serait défavorable dans un premier temps…
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La retraite à 64 ans ajoute une nouvelle inégalité hommes/femmes
Selon les premiers chiffres qui sont sortis, la réforme préparée par le gouvernement Borne va pousser 50 000 Français à décaler leur départ à la retraite cette année. Si elle est votée en l’état, le recul de l’âge légal touchera plus durement les femmes que les hommes. Une étude d’impact a été transmise au gouvernement ce lundi 23 janvier. C’est aussi ce jour que le texte de loi était présenté en Conseil des ministres.
Le recul de l’âge légal de départ à 64 ans plus une accélération de l’allongement de durée de cotisation obligera les hommes à travailler 5 mois de plus. Le chiffre monte à 7 mois en moyenne pour une femme !
Une femme née en 1972, travaillera 9 mois de plus en moyenne. Un homme, né la même année, en travaillera 5 de plus. Et l’écart hommes-femmes se creuse pour la génération née en 1980. En effet, une femme travaillera 8 mois de plus, contre 4 pour les hommes.
Celles qui pouvaient partir, dès 62 ans, à taux plein grâce aux trimestres acquis lors de la naissance de leurs enfants devront attendre l’âge légal. Donc, 2 ans de plus pour partir. Cela concerne, selon les chiffres de la Drees, 123 000 femmes chaque année.
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Olivier Dussopt, ministre du Travail, réagit
Olivier Dussopt, qui n’avait pas accompagné Emmanuel Macron en Espagne, a été interrogé sur le sujet à la fin du Conseil des ministres. Le ministre du Travail a admis qu’un recul de l’âge légal de départ a pour conséquence cette inégalité entre les hommes et les femmes. Il met en garde néanmoins sur une étude qui est issue de « documents encore provisoires » .
Le ministre d’Élisabeth Borne explique l’impact du recul de l’âge légal sur les femmes : « Aujourd’hui, un certain nombre d’assurés femmes partent à la retraite de manière un peu anticipée par rapport aux hommes – en âge effectif et pas en âge légal de départ – du fait du bénéfice des majorations de durée de cotisation au titre de la maternité » . Pour lui, cette inégalité devrait être moindre qu’attendue.
La pension minimale et les congés parentaux
La pension minimale à 1 200 euros brut pourrait être ce qui permettra de rétablir l’égalité entre les sexes. Elle bénéficiera en grande partie aux femmes, qui sont « le plus souvent celles qui ont des carrières hachées » . Selon l’étude d’impact, les femmes vont voir leur retraite augmenter de 1% à 2.2%. Celle des hommes augmentera de 0.2% à 0.9%.
Dernier lot de consolation : les congés parentaux seront maintenant pris en compte pour celles qui ont commencé à travailler avant 20 ans (dans la limite de 4 semestres). Plus de femmes pourront alors bénéficier d’un départ anticipé au titre du dispositif carrière longue. Une révolution ? Pas vraiment. Cela ne devrait concerner que quelque 2 000 femmes en moyenne chaque année.
Pour l’instant, pour ce qui est de la réforme des retraites, l’exécutif refuse de faire machine arrière. Et cela, malgré la forte mobilisation des Français dans les rues ce 19 janvier dernier. Un mouvement qui sera reconduit ce 31 janvier.
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