Caméléon, immature : Le profil psychologique et psychiatrique de Jonathann Daval dévoilé !
Avant la reprise de l’interrogatoire de Jonathann Daval, interrompu hier suite au malaise de l’accusé, un expert psychiatre et un expert psychologue ont été interrogé par la Cour d’assises pour dresser le profil de Jonathann Daval.
La personnalité caméléon de Jonathann Daval
Jeudi 19 novembre, le procès de Jonathann Daval, accusé d’avoir tué sa femme Alexia, reprend à la Cour d’assises de Vesoul. La cour interroge Tony Arpin, expert psychologue, qui a mené une expertise sur l’accusé, le 2 juin 2018. Jonathann Daval plaidait alors l’homicide involontaire. Tony Arpin revient sur l’enfance et l’adolescence de Jonathann Daval. La mort de son père qui le marque, Jonathann est surprotégé par sa mère, l’expert évoque même une relation incestuelle, un terme psychologique, pour décrire cette relation mère-fils.
Pendant l’adolescence, Jonathann Daval ressent un mal-être, car il est notamment moqué par les autres, à cause d’un corset qu’il porte pour sa scoliose. De cette période, Jonathann Daval conserve une mauvaise image de lui-même. « C’est une personnalité fragile, clivée. Une personnalité très immature, mal-construite » . Il fait preuve de réactions puériles et agressives. Jonathann Daval n’existe qu’à travers l’autre, il apprécie le fait d’être dans un cocon, que ce soit avec sa mère, ou les parents d’Alexia. Sa personnalité fait qu’il ne supporte pas l’idée de la rupture. « Il faut considérer Jonathann Daval comme un enfant. Il est incapable de prendre des responsabilités d’adulte. Quand il le faut, il fuit » .
Tony Arpin, dans son expertise psychologique, révèle la personnalité de Jonathann Daval : « c’est une personnalité caméléon avec un aspect assez manipulateur qui a pour but de préserver son image » . Pour garder cette image, l’accusé utilise, d’après le psychologue, deux mécanismes. Le premier : le mécanisme de protection pour le meurtre, « il désigne un complice ou un autre responsable de ses actes ». Le deuxième mécanisme est celui du clivage : il fait comme si deux personnalités coexistaient en lui, et quand l’une agit, l’autre disparaît.
L’explication du mode opératoire du meurtre
Tony Arpin rapporte à la cour d’assises les termes utilisés par Jonathann Daval pour parler d’Alexia et l’explication du meurtre, version qui date de 2018. « Il décrit Alexia comme une personne agressive, insomniaque (…) Alexia prenait des somnifères. Elle aurait eu des crises. Elle le traitait alors de « sous-homme », le frappait » . Puis Tony Arpin revient sur le soir du meurtre d’Alexia. « À 23h30, elle commence à s’énerver. Il aurait dû la contraindre en l’allongeant sur le lit et en appuyant sur elle pour qu’elle se calme. Dans la nuit, il se rend compte de ce qu’il a fait ».
L’expert psychiatre, Joffrey Carpentier, a lui aussi mené une expertise de Jonathann Daval, en 2018. Il amène un éclairage psychiatrique à la manière dont a procédé Jonathann Daval pour tuer sa femme. « L’étranglement est une façon de faire taire la personne, d’annihiler sa capacité de parole. Le visage c’est la capacité à entrer en contact avec la personne, c’est son identité et là, c’est ce qui a été touché » . Joffrey Carpentier apporte également un avis sur la crémation du corps d’Alexia Daval. « C’est comme si Alexia Daval lui refusait sa capacité à être un homme, la crémation aux parties génitales peut donc être analysée (par ce prisme-là) ».
Le psychiatre confirme également le portrait dépeint par son confrère psychologue concernant la personnalité de Jonathann Daval. Il explique pourquoi Jonathann Daval possède cette personnalité dite caméléon. « Il y a une dimension de contrôle et de toute puissance : je suis quelque chose que vous ne savez pas et donc je garde le contrôle. Tant que je sais quelque chose que vous ne savez pas, je suis quelqu’un d’important ».
L’interrogatoire de Jonathann Daval reprend jeudi 19 novembre, dans l’après-midi.
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