« Pendant que j’y étais, j’ai enlevé votre utérus » : une enquête dénonce la stérilisation forcée de femmes autochtones
Entre 1980 et 2019, des femmes autochtones ont subi des opérations forcées dans plusieurs hôpitaux québécois. Pour la première fois de l’Histoire, le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF) a réalisé une étude sur la stérilisation imposée aux inuits et aux femmes des premières nations.
Ce rapport a été lancé en 2021, à la suite de la mort tragique d’une autochtone ostracisée, Joyce Echaquan, au Québec. L’enquête a révélé de nombreuses victimes avec des témoignages troublants.
Mise en lumière d’un racisme systémique
Suzy Basile, auteure de la recherche, souhaite alerter les autorités sur le racisme solidement encré des québécois envers les autochtones. Grâce à ce rapport, de nombreuses victimes de violences obstétriques et d’avortement forcés ont pu s’exprimer, elles sont plus d’une vingtaine à avoir témoigné.
« On savait qu’il y avait des cas au Québec, mais il n’y avait rien d’écrit. On voulait faire connaître la situation pour que ça cesse »
Suzy Basile, pour Le Devoir
Dans la plupart des cas, les femmes autochtones ne parlent anglais qu’en deuxième ou troisième langue, par conséquent, elles ne le comprennent pas bien. En allant voir des médecins, les victimes de violences gynécologiques n’ont, à aucun moment, pu bénéficier d’un interprète. Ainsi, il y a plusieurs femmes qui n’étaient absolument pas au courant de ce qu’on allait leur faire en les opérant.
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Les témoignages autochtones choquants
L’auteure du rapport a expliqué à la presse les évènements terribles qui s’étaient déroulés dans ces salles d’opérations québecoises.
« Dans plusieurs des cas, elles se sont senties forcées, imposé et dans plusieurs des cas, elles étaient en travail, en train d’accoucher ou sur le point d’accoucher ou venaient d’accoucher et là on les poussait, on insistait pour qu’elles acceptent une ligature. Quand on leur disait, parce que pour certaines, ça s’est fait sans qu’on leur dise »
Une des 22 femmes victimes de ces violences gynécologiques a témoigné sur ce sujet. Dans son cas, les médecins n’ont pas respecté la notion de consentement, menant à une ligature des trompes non désirée.
« J’ai développé une infection de la vessie et le chirurgien est venu me voir environ trois jours après l’opération pour me dire : ‘Et bien, pendant que j’y étais, j’ai décidé d’enlever votre utérus’. C’est la première fois qu’on m’en parlait »
Même si l’enquête n’a permis d’identifier qu’une vingtaine de victimes, il y en aurait beaucoup plus, d’après les chercheurs. La pandémie de la Covid a pu accélérer les violences et empêcher l’accès à certaines ressources. À l’heure actuelle, le gouvernement est appelé à reconnaitre le racisme systémique québécois, qui a amené à ces atrocités.
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