« Ma mère me regarde, commence à m’insulter, me traiter de tous les noms », le témoignage éprouvant d’Anthony, victime d’homophobie familiale
Les insultes et agressions homophobes, parce que la sexualité d’autrui est différente de la nôtre… Beaucoup de personnes LGBTQ ont connu ça, au moins une fois dans leur vie. Les remarques des inconnus, les insultes de « ses amis » , les agressions physiques dans la rue… Une insécurité constante. Et parfois, l’horreur homophobe s’invite à la maison. Quand le foyer familial se transforme en enfer anti-gay. Anthony, 21 ans, témoigne.
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Homophobie : de la rue à la maison, il n’y a qu’un pas !
Avouer son homosexualité à sa famille, c’est toujours plus délicat. Dans une société où anti-gay et pro-gay se confrontent en permanence, on est toujours plus ou moins angoissé lorsqu’on se retrouve face à nos parents pour dévoiler sa sexualité. On dit toujours que les amis, c’est un peu différent. Ils ont notre âge et nous connaissent parfois mieux que notre propre famille. Et pourtant, le regard d’un père ou d’une mère peut changer du tout au tout lorsque la personne qu’on leur présente est finalement du même sexe. Certains l’acceptent difficilement, d’autres n’en n’ont que faire. Mais dans certains cas, l’homophobie s’invite dans le foyer, et transforme le cocon familial en un enfer permanent. Insultes homophobes, reproches, menaces de mort. L’enfant est perçu comme un monstre, un insecte qu’il faut exterminer, broyer sous les insultes. Depuis 16 ans, le Refuge accompagne des jeunes victimes d’homophobie familiale. Depuis sa création, 7 500 jeunes ont bénéficié d’un accompagnement social et d’un hébergement temporaire. Parmi ces jeunes, Anthony a décidé de raconter son histoire touchante, éprouvante et déconcertante à visage découvert. Non pas pour se montrer fier et fort, mais peut être pour donner la force aux jeunes de vivre malgré le rejet de leur famille. Le jeune homme s’est confié face à la caméra pour France 3, et son témoignage a été relayé sur le site de FranceInter. Voici son histoire.
Anthony, 21 ans, victime d’homophobie familiale
21 juin 2018 : Anthony, 21 ans, est mis à la porte par ses parents. La raison ? Son homosexualité. Ce Perpignanais a bénéficié de l’aide du Refuge et vit depuis un an dans un appartement, avec d’autres jeunes victimes d’homophobie familiale. Avant son départ de la maison, Anthony a vécu un calvaire. Après l’annonce de son homosexualité, son quotidien a véritablement changé. Entre insultes et moqueries, le jeune homme est même obligé de dormir dans le garage. « Je rentre du boulot et je vois mon lit dans le garage […] En fait, on n’a qu’un père et une mère sur Terre. Quand ils vous disent, c’est ça, ou on te met dehors » se souvient Anthony. Le garage deviendra donc sa nouvelle chambre pendant quelques mois, avec une porte cassée et une vitre manquante. Froid, stress, insultes et fatigue deviennent son quotidien, et Anthony tombe de plus en plus malade et ne parvient pas à se soigner : « Mon médecin dit que ce n’est pas normal, mais je n’ose pas, même à mon médecin, avouer que je dors dans le garage ».
Papa, maman, je vous aime ! Pourquoi pas vous ?
Que pensez-vous d’un enfant qui dort dans un garage, car il aime les hommes ? De l’amour à la haine, il n’y a qu’un coming-out. « Mon frère de 18 ans qui me regarde avec un grand sourire et me dit ‘je n’ai pas envie de dormir avec une tapette, je n’ai pas envie que tu me fasses des attouchements’ et ma mère me regarde, commence à m’insulter, me traiter de tous les noms, ‘sale pédé, tu vas te faire sodomiser à droite à gauche’ . En clair, elle me dit que je ne suis qu’une sale pute, un moins que rien. Elle me colle une paire de claques » confie Anthony. Des insultes qui se répéteront chaque jour, à chaque retour du travail, à chaque fois qu’il croise un membre de sa famille… Et pourtant, ce jeune homme ne demandait qu’à vivre sereinement sa sexualité auprès de sa famille. « Si je l’ouvrais, on me disait ‘tu l’as bien cherché’… Mais j’ai cherché quoi ? Qu’on me donne de l’amour. Qu’on ne m’éduque pas comme un extra-terrestre » . Un extra-terrestre ? Le terme est mal choisi quand on sait que ces êtres mythiques font l’objet de fascination et de recherches. Non, Anthony aurait pu aller beaucoup plus loin dans l’image qu’il renvoyait à ses parents. Un monstre, un rat qui doit vivre dans un garage insalubre et mal isolé.
« Au revoir, adieu, à jamais »
Quand on lit ces lignes, on penserait presque à une fiction. Sordide et irréaliste pour tous parents aimant leurs enfants, malgré leurs choix parfois différents. Et pourtant, Anthony est une véritable personne qui n’a pas pu compter sur le soutien de sa famille. Après des mois de calvaire, Anthony est définitivement mis à la porte par ses parents. L’enfer continue ? Ou il s’achève enfin ? Ce jour-là, Anthony décide de dire au revoir à sa vie de famille cauchemardesque, pour se reconstruire. « J’ai regardé mon père, je lui ai dit ‘Au revoir, adieu, à jamais, j’ai plus envie de te voir’ . Et ma propre mère, j’essaie de lui dire ‘Au revoir maman, tu vas me manquer maman’, et elle me sort ‘J’en ai rien à foutre de ta gueule, tu peux mourir' » . Des mots durs ? Non ! Des mots cruels qu’une mère a explicitement dit à son fils pour une question d’homosexualité. Mais aujourd’hui, Anthony va de l’avant et dit avoir tiré un trait sur sa famille. « Ils pourront essayer de me dire de revenir à la maison, qu’ils ont changé, ils ont déjà essayé avec ma soeur, mais elle a été maline, elle a coupé tout contact aussi » .
Le Refuge est ouvert à tous les jeunes LGBTQ contraints de quitter leur famille après des insultes ou agressions physiques homophobes. Mais si votre famille ne vous aime pas assez pour vous accepter, ne pensez pas que personne ne vous aimera. Créez votre propre famille, votre propre vie… Vous le méritez.