Mathieu, 24 ans, se suicide après une greffe ratée en Turquie
Désireux d’améliorer ce qu’il considère comme un défaut, Mathieu, 24 ans, va avoir recours aux services d’une clinique turque spécialisée dans le cadre d’une greffe de barbe. Une démarche qui se soldera par son suicide au mois de juin dernier.
Mathieu, 24 ans, se laisse tenter par une greffe à 1 300 euros
Les arnaques sont courantes dans le domaine de la chirurgie esthétique. Très prisées, les interventions de greffe sont scrutées à la loupe par les hommes et les femmes désireux d’augmenter leur pilosité. Si elles sont courantes et presque toujours réussies, cela n’empêche pas quelques charlatans de s’infiltrer dans le système, quitte à ruiner le quotidien des patients.
Mathieu, 24 ans, en a fait l’expérience. Complexé par son absence de pilosité au niveau du menton, l’étudiant économise pour se payer une greffe de barbe en Turquie. Le choix de la destination se justifie par des prix attractifs : il ne devra débourser que 1 300 euros contre quatre fois plus en France.
Euphorique, le jeune homme prend la direction de la clinique qu’il a contactée au préalable. Dans ses bagages, il emporte les 1 300 euros qu’il devra remettre à son chirurgien en liquide. Une fois la greffe effectuée, Mathieu s’envole pour la France dès le lendemain. Malgré la douleur, il a hâte de voir le résultat de cette greffe providentielle.
Son chirurgien était un agent immobilier
Interrogé par BFMTV, le père de Mathieu se souvient de ses impressions au moment de la repousse des poils. « Les poils, quand je l’ai vu, étaient perpendiculaires au plan cutané. Il n’y avait aucune gradation dans l’orientation des poils et quand ç’a recommencé à pousser, il ressemblait à un hérisson, c’était ingérable », raconte-t-il.
Et l’aspect esthétique n’était pas le seul obstacle auquel il a été confronté. En plus de ne pas apprécier ce qu’il voit dans le miroir, le jeune homme est en proie à la douleur. « Il souffrait, il avait mal. Des brûlures et des douleurs : il ne dormait plus », indique encore son père.
L’opération a été réalisée de la manière suivante : le médecin a prélevé 4 000 bulbes à l’arrière de son crâne pour ensuite les implanter au niveau de la barbe. Or, il en a perdu un millier « par mauvaise manipulation ». Face à ces ratés, Mathieu se questionne et entame des recherches. C’est alors qu’il apprend que celui qui l’a opéré est en réalité un agent immobilier !
Dysmorphophobie et désespoir
« Ça arrive souvent. Même si ce n’est pas un agent immobilier, il y a des assistants de chirurgiens qui le font. Ils n’ont aucun diplôme en particulier. Il s’était fait avoir et ne s’en remettait absolument pas », raconte encore son père.
Face au désastre, Mathieu fait appel à un médecin en France. Ce dernier tente de rattraper le coup. « Au début du mois de mai, il a été réopéré, il a enlevé tous les poils qu’on lui avait implanté pour les remettre au niveau du crâne. Il a amélioré à peu près 90-95 %, mais lui a dit que les bulbes qui avaient été détruits à l’origine ne pourraient pas être remplacés ».
Une nouvelle qui anéantit le jeune homme. Malgré cette opération et une amélioration manifeste de son apparence, Mathieu souffre de dysmorphophobie. Un trouble qui se caractérise par des pensées obsédantes sur une imperfection de son corps. « Il est rentré dans un cercle infernal duquel il ne pouvait plus s’échapper. Rien ne laissait supposer qu’il allait passer à l’acte », se souvient le père de l’étudiant.
Et alors que ses parents le pensaient remis, Mathieu met fin à ses jours au mois de juin, soit trois mois après sa greffe. Un drame dont ils ne se relèveront pas. Le décès de Mathieu est d’ailleurs l’occasion pour le père de famille de faire de la prévention. Face aux journalistes de BFMTV, il dissuade ceux qui envisagent une greffe de se rendre en Turquie et les invite à « économiser pour se payer une intervention digne de ce nom ».