Le train est-il un mode de transport fiable ?
En 1938, l’État français et les compagnies de chemins de fer se rapprochent pour fonder la Société Nationale des Chemins de Fer Français.
85 ans plus tard, la SNCF s’est imposée dans le quotidien des Français comme l’un des modes de transport les plus fiables, rapides et pratiques pour les déplacements nationaux.
Mais face aux tensions sociales dans l’entreprise, à la dégradation du réseau, et à la fermeture des « petites lignes », se pose la question de son avenir.
Le gouvernement insuffle une orientation réformatrice, autour d’évolutions sociales et tarifaires, et d’investissements dans le renouvellement du matériel, qui ne vont pas sans critiques.
Des grèves qui paralysent le réseau ferroviaire
Fin 2022, les grèves en opposition à la réforme des retraites ont causé l’annulation de deux TGV sur cinq, au moment des fêtes de fin d’année. De nombreux voyageurs y ont perdu du temps, de l’argent, et n’ont pas pu rejoindre leur famille pour les réveillons.
Les grèves se suivent et se ressemblent à la SNCF, sans notable amélioration du climat social. En mars 2023, ce sont encore deux TGV sur trois, et un RER sur deux qui se retrouvent annulés, au grand dam des passagers.
L’expression avait fait polémique dans les médias : face à des grèves répétées, mal expliquées, les voyageurs se sentent « pris en otage » d’un mouvement qui ne cherche pas leur accord.
Sur ce problème interne, s’ajoutent les conséquences d’un réseau vieillissant. En avril dernier, l’État a signé avec la SNCF un contrat de performance, décrié par le Sénat et par l’Autorité de régulation des transports, qui a pour conséquence de fermer progressivement les lignes à faible affluence.
Des internautes ont publié la carte de ce futur réseau ferroviaire, où les amputations apparaissent nettement. Tensions sociales, vieillissement du réseau, et politique tarifaire critiquée… la SNCF ne semble pas prête aux investissements nécessaires pour relever ces défis.
Des petites lignes essentielles aux ruraux
Ce sont ces lignes, souvent essentielles aux habitants ruraux, qui sont les premières victimes du manque de moyens. Moins entretenues, plus dégradées, elles finissent par être interdites à la circulation, puis coupées du réseau.
C’est une grave question d’intégration du territoire et d’égalité sociale, qui s’ajoute à celle de la désertification rurale, des difficultés d’accès aux soins ou aux services publics de base. En filigrane, apparaissent les nouvelles priorités de la SNCF : alors qu’à l’origine, elle devait connecter l’ensemble du territoire, elle semble désormais favoriser les lignes les plus rentables et les plus fréquentées, dans une logique de plus en plus privée.
Aujourd’hui confrontée à un dilemme entre le maintien de ses services traditionnels et l’innovation technologique, la SNCF doit faire des choix décisifs.
Des voyageurs de moins en moins satisfaits
Les grands perdants de ces évolutions sont les voyageurs. Une étude de l’Observatoire National de la Consommation de 2019 a mis en lumière un taux de satisfaction voyageur d’à peine 59%, avec de nombreuses plaintes quant aux prix et à l’opacité des tarifs.
En comparaison, les compagnies aériennes affichaient, sur la même période, des taux de satisfaction de 80%.