Se lancer comme freelance du web pendant la crise du Covid-19, bonne idée ?
Interview de Nicolas COUTABLE, consultant web indépendant par Clément CHAPUSOT.
[© Andrew Neel – Unsplash]
Se mettre à son compte est déjà un beau défi, s’installer en tant qu’indépendant et traverser la crise sanitaire encore plus ! Les métiers du numérique sont-ils épargnés ?
Je reçois beaucoup de questions de mon entourage et de mon réseau sur la santé de ma petite entreprise. Comme beaucoup d’entrepreneurs après 1 an de crise sanitaire j’imagine. « Ouvrir sa boite » ne rime déjà pas avec stabilité en temps normal !
En me lançant en tant qu’indépendant en création de site internet début 2019. J’ai eu une année pour me préparer sans le savoir à la crise qui allait venir. En plus, je ne suis pas restaurateur, je ne vais pas me plaindre !
Indépendant, freelance : une mode de ces dernières années ?
Les chiffres le disent en tout cas mais plutôt que « de ces dernières années » je dirais plutôt que c’est une question générationnelle. Aujourd’hui à 20 25 ou 30 ans quand on a des compétences on ne cherche plus à les mettre à disposition d’un patron. Mais plutôt à les mettre à disposition de ses clients.
C’est ce qui ressort partout autour de moi. Et pour ceux qui ont un patron, c’est rarement le plan final. Le statut de freelance étant idéal pour se lancer, les chiffres ne m’étonnent pas vraiment.
Freelance à travers la pandémie, c’est compliqué comme statut ?
On parle beaucoup des étudiants qui vivent leurs belles années en confinement ou en cours à distance. C’est vrai que c’est triste. Même s’ils s’en sortiront très bien j’en suis sûr.
Mais alors que les plus jeunes doivent s’adapter à une « scolarité covid » les un peu moins jeunes doivent adapter leur début de carrière et leur goût pour l’entreprenariat.
On se doute bien que selon le secteur et le client type ça n’aura rien à voir. Mais beaucoup d’indépendants sont soit dans le service, soit, comme moi, dans le numérique. Ça aide par les temps qui courent.
Les métiers du web résistent-ils à la crise ?
Le web, c’est vaste, mais globalement pour la création de site internet et le webmarketing je dirais oui, ces domaines sont plutôt épargnés pour le moment ! Disons déjà qu’il est plus facile de télé-travailler. Les entrepreneurs, TPE et PME ont revu leurs priorités et pensent plus au digital et à leur présence sur internet. Beaucoup de boutiques se sont lancées dans l’E-commerce.
Sur le plan économique pour les mois et années à venir, j’attends la suite sans être pessimiste mais comme tout le monde, je ne sais pas !
Se lancer dans le web à son compte pendant la crise sanitaire est-il une bonne idée ? En tout cas, si c’était déjà un projet de vie avant, je ne conseille pas de le repousser.
Quelle est l’histoire de Nc-webstudio ?
C’est la mienne ! « Nc » pour mes initiales et « webstudio » pour évoquer les services d’agence web que je propose. Nc-webstudio c’est mon agence web en freelance.
J’ai commencé par bidouiller des sites internet il y a longtemps. Jusqu’à ce que ça tape dans l’œil de mon oncle, qui gérait le site internet d’un syndicat. De fil en aiguille j’ai fini par m’installer en indépendant en 2019. Les parcours atypiques sont un peu la norme en freelance.
Quels sont concrètement les services web que tu proposes ?
Je me présente comme un consultant web. J’accompagne mes clients sur internet. Dans la pratique j’imagine des directions artistiques, je fais de la création et de la refonte de sites vitrines professionnels et du E-commerce.
Comme le site internet d’une entreprise touche à la communication, je fais également beaucoup de conseil. Il faut se mettre à la place de la cible des clients, convaincre !
Enfin, être consultant web c’est être pédagogue, former, instruire. C’est la partie que je préfère : transmettre.
Qui est ton client type ?
Je n’exerce pas dans un domaine en particulier, j’ai travaillé pour beaucoup d’entrepreneurs et de petites entreprises, le monde éditorial, l’univers de la musique, la formation… Mon client type, comme pour beaucoup d’indépendants, est surtout défini par sa taille.
Je travaille avec des entrepreneurs, TPE et PME qui souhaitent mettre en place une stratégie de communication sur internet basée sur un site web moderne. Les collaborations freelance – petites entreprises marchent très bien. Les gérants de TPE et PME sont très débrouillards et aiment les partenariats souples et rapides. Sans trop de contraintes administratives.
Tes clients ont-ils été impactés par la crise du covid ?
J’ai ressenti selon les secteurs plus ou moins d’impact. Mais globalement, j’ai surtout été impressionné par la résilience et l’ingéniosité des entrepreneurs et des décisionnaires dans tous les domaines. Toujours prêts à créer des occasions et tirer parti de la situation. Peut-être que c’est parce que je suis optimiste et que je travaille avec des gens qui le sont aussi, mais ça me donne confiance pour l’avenir des petites entreprises Françaises.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui s’installe en freelance ?
Il y a tellement de choses à dire et j’en ignore tellement d’autres. Faites vos recherches comme pour n’importe quelle entreprise : est-ce que vous apportez quelque chose de recherché ? Y’a-t-il de la demande ? Clarifiez vos arguments ! N’ayez pas peur d’essayer.
Il est très important de ne pas travailler sans une rémunération qui vous convienne. Au risque de revenir très vite au statut de salarié ou de perdre votre motivation. Il ne faut pas oublier que le statut d’indépendant reste très précaire. Incertain, du moins.
Un mot pour finir ?
On n’entend pas beaucoup parler des petites structures dans le contexte actuel, à part dans quelques secteurs, et j’aimerais personnellement féliciter tous les freelances et toutes les petites entreprises qui se sont lancés ou se sont accrochés en 2020 et continuent de le faire en 2021 !