La base sous-marine nucléaire française hyper-vulnérable
Sur le papier, le base opérationnelle de l’île Longue est le fleuron de la dissuasion nucléaire française. Chaque sous-marin peut contenir l’équivalent de 960 bombes d’Hiroshima, la zone s’étend sur près d’1,10 km2 (461 terrains de football) et compte près de 14 missiles nucléaires chargés sur les sous-marins pouvant frapper à n’importe quel endroit de la planète. La base de l’île Longue est la défense préventive absolue de la France. Et pourtant, le Télégramme a prouvé par une enquête que c’est en réalité une vraie passoire, très peu sécurisée et vulnérable au possible.
Passage en revue des failles de sécurité qui rendent ce site ultrasensible fragile.
DES CONTRÔLES SOMMAIRES
Il n’y a pas de contrôle biométrique (digital ou rétinien) à l’entrée de la base. Il suffit d’un simple badge équipé d’une bande magnétique pour pénétrer le site. Et les personnes quittant leur emploi à la base ne rendent pas toujours ce laisser-passer ! L’accès des véhicules se fait sur simple présentation d’un bout de papier aux informations basiques qu’un « enfant de 12 ans pourrait reproduire » selon le Télégramme. Il n’y a pas de badgeuse entre le parking et la zone de vie du personnel militaire, ce qui rend tout attentat suicide ou prise d’otage extrêmement facile. Et le contrôle des camions qui rentrent sur le site n’est pas sytématique, et ceux qui sont entrepris sont très sommaires en raison de l’affluence (3 000 entrées et sorties par jours) et de l’absence de scanner pour véhicule.
Par ailleurs, la base est vulnérable sur internet. On peut la visualiser sur internet simplement avec Google Map, comme le montrent les captures d’écran ci-dessous, et les données personnelles (identités et coordonnées) du personnel clé est accessible.
DES DÉFAILLANCES TECHNIQUES GRAVES
Renforcer les contrôles serait déjà un début, mais ce n’est pas le seul problème de sécurité du site. Des insuffisances matérielles mettent en danger sureté de la base face à tout type d’attaque…
LES FAILLES ELECTRIQUES
La ligne d’alimentation électrique du site n’est nullement protégée, car les pylônes sont parfaitement accessibles. La base est dépourvue de générateur de secours, ce qui pose un grave de sécurité en cas de coupure. Des coupures électriques sont d’ailleurs fréquentes à cause du manque d’approvisionnement de la base, ce qui a pour effet de déclencher l’ouverture des sas de sécurité.
OBSOLESCENCE ET MANQUE DE MATÉRIEL INADMISSIBLE
Les clôtures sont en « mauvais état » et « rapiécées avec les moyens du bord » selon des témoignages rapportés au Télégramme, de même que les portails et barrières qui restent souvent levées. Les badgeuses sont en fin de vie, et certaines sont même démantelées pour apporter des pièces détachées à d’autres.
L’équipement du personnel est dérisoire. Les gilets pare-balles sont obsolètes, les véhicules non protégés et dépourvus de système de transmission individuels, et un canot pneumatique de 6 place à vitesse moyenne est le seul moyen d’intervention maritime dont disposent les militaires en cas d’intrusion par la mer. Enfin, la base est peu approvisionnée en armes et ces dernières se sont pas adaptées : des fusils à pompes ne sauraient être très efficaces en cas d’attaque effective…
La base est d’ailleurs sans défense en cas d’attaque lourde. Des missiles anti-aériens sont présents, mais dénués de batterie ce qui les rend inutilisables. Pas très pratique… Et aucun système n’est capable de stopper un bateau lancé à pleine vitesse sur le site (à part les ogives nucléaires, mais bon on doute que ce soit une éventualité acceptable…)
UNE MAUVAISE PROTECTION SANITAIRE QUI MET LA BRETAGNE EN DANGER
Sur un site abritant tout de même 14 missiles nucléaires en fonction, il est normal de trouver des alarmes radiologiques (qui détectent les radiations). Alors, rassurez-vous, elles marchent ! (Ouf). Et elles se déclenchent même régulièrement sur le passage des camions. Mais elles ne sont nullement prises en compte… Lorsqu’elles sonnent, on se contente de les désactiver, pour « ne pas bloquer le flot des camions ». Logique.. (?).
UN PERSONNEL PEU FORMÉ
Toutes ces défaillances ne sont même pas contre-balancées par une formation exceptionnelle du personnel en charge du site… Bien au contraire !
Sur les 115 gendarmes maritimes du site, une bonne partie sont volontaires, c’est à dire qu’ils ont juste reçu 3 mois de formation (là où un gendarme en reçoit 12…). Les commandants qui dirigent ces unités volontaires ne sont pas spécialisés dans la sécurité de sites sensibles. La base de l’île Longue est très souvent la première affection des fusiliers marins (qui sont 230 sur place), ils sont donc sans expérience et leur réaction face à une attaque est imprévisible. Petite anecdote dévoilée par le Télégramme : En Août 2012, la protection du site a été assurée par des réservistes ayant seulement à leur actif… 15 jours de formation. Et enfin, les 40 vigiles (agents privés) de la base ne sont ni formés, ni armés, et les procédures et consignent d’alerte leur sont inconnues.
Un reportage accablant qui, on espère, fera un peu bouger les autorités afin de moderniser un site capital pour la protection de la nation, et qui pourrait détruire plusieurs régions et contaminer la France entière si il était visé par des ennemis bien armés…
source : Le Télégramme