Le témoignage de ce journaliste de LCI, agressé par des Gilets jaunes à Rouen, fait froid dans le dos
Les Gilets jaunes se sont réunis samedi pour leur neuvième journée de revendications partout en France. Si la mobilisation générale chutait depuis plusieurs semaines, elle est repartie à la hausse lors de cet acte 9. Le ministère de l’Intérieur a ainsi décompté plus de 84 000 personnes présentes dans les rues samedi, contre seulement 32 000, le 29 décembre dernier pour l’acte 7. Hués et menacés depuis plusieurs semaines sur les rassemblements, de nombreux journalistes ont encore été pris à partie par des Gilets jaunes. Envoyé spécial à Rouen pour couvrir la manifestation pour LCI, Hugo Blais a été pris pour cible avec son équipe de tournage. Les images de son agression, largement relayées sur Twitter, font froid dans le dos. Le journaliste revient sur cette séquence dans les colonnes de Libération.
L’équipe de tournage de LCI violemment agressée en plein centre-ville de Rouen
Hugo Blais travaille à LCI depuis trois ans en tant que journaliste-reporter d’images pigiste. Envoyé sur le terrain à Rouen, le cameraman était accompagné par un autre journaliste de la chaîne. Suite aux diverses agressions subies dernièrement par les reporters sur le terrain, chaque équipe de tournage est désormais suivie par des gardes du corps. Lors d’un premier passage sur la place de l’Hôtel-de-Ville, théâtre de leur future agression, les deux journalistes et leurs agents de sécurité sont directement pris à partie en fin de matinée. « Bonjour, au revoir, dégagez » leur lance un petit groupe d’une dizaine de personnes. Mais la situation se crispe davantage en début d’après-midi au retour de leur pause-déjeuner.
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Les journalistes de LCI obligés de s’enfuir pour échapper aux coups
« Il y avait plus de monde, peut-être 150 à 200 personnes. A notre arrivée, nous nous sommes fait huer. » raconte Hugo Blais dans Libération. « Seule la caméra était visible, il n’y avait aucun logo qui nous rendait identifiables. Des huées, on est rapidement passé aux insultes, puis à des jets de projectiles. Ça va très vite, tu vois une bouteille de bière se fracasser contre le sol, ça devient oppressant et en dix secondes, tu es entouré sans comprendre ce qui se passe. » Les agents de sécurité ordonnent aux journalistes de LCI de s’enfuir au plus vite. « Pendant ce temps-là, mon agent se retrouve débordé, frappé au sol, comme on le voit sur la vidéo. L’agression s’arrête parce qu’il y a des manifestants qui s’interposent, qui le relèvent et l’exfiltrent. »
« Un tel déferlement de haine, ça fait flipper »
Les quatre membres de l’équipe de tournage se retrouvent à l’écart du cortège, près des CRS. Sonnés, ils se refont le scénario de leur agression. « Il n’y a pas eu d’événement déclencheur : on était en train de marcher dans le rassemblement, on faisait le tour de la ville, on attendait les ordres de la rédaction. La caméra était éteinte, on n’a répondu à aucune provocation. Je ne comprends pas comment on passe des insultes, auxquelles on s’est habitués ces dernières semaines, à un tel déferlement de haine. Ça fait flipper. » Le journaliste de LCI revient notamment sur les coups portés sur son garde du corps. « L’agent a pris beaucoup de coups. Mais il s’est bien recroquevillé, comme il est entraîné à le faire dans ces cas-là. Il s’en sort avec des ecchymoses sur le visage et un nez fracturé. Il a été emmené à l’hôpital, dont il est ressorti l’après-midi même. Ce n’est pas facile de voir mon agent de sécurité prendre des coups pour moi. Lui, il dit que c’est son boulot mais bon… Les coups visaient les journalistes. » La haine des journalistes semble se densifier semaine après semaine. « La seule chose rassurante dans tout ça, c’est d’avoir reçu beaucoup de soutien de la part des confrères. » conclut Hugo Blais.