Drame de Brétigny : la SNCF avait été prévenue du mauvais état de la voie
Christian Brochet, 77 ans et résidant depuis 1966 à Brétigny aurait pu être le sauveur des victimes du drame si la SNCF n’avait pas ignoré ses courriers. Car en Novembre 2010, soit 2 ans et 7 mois avant l’accident, Christian, ancien technicien dans l’industrie mécanique qui a dirigé pendant quinze ans un atelier familial installé à Antony (Hauts-de-Seine) où ses treize salariés fabriquaient des pièces métalliques pour la SNCF, son plus gros client, envoie un courrier d’alerte à la SNCF :
» Monsieur, j’emprunte assez fréquemment le RER en gare de Brétigny. Donc, je prends le train habituellement sur le quai de la voie 2, et l’autre jour, quelle ne fut pas ma stupeur, en regardant les rails, de constater […] 36 anomalies liées à la fixation du rail le plus proche de moi. »
Cette voie est empruntée largement par les trains RER qui ne roulent pas vite en gare. Mais des trains rapides passent aussi sur cette voie. Alors? Où est l’entretien qui doit assurer un bon service et la sécurité? Ce que j’ai vu n’est qu’une petite portion de voie. Que penser du reste du réseau? »
Ce à quoi la SNCF répondra :
« Je tiens à vous assurer qu’il n’y a aucun défaut d’entretien sur cette zone. Cet état est connu, surveillé et respecte toutes nos normes : il n’y a aucun risque de sécurité. Une intervention a toutefois été programmée […] pour rétablir l’efficacité des attaches. »
Outré, Christian répondra :
« L’absence constatée de ces fixations constitue une faute grave et peut mener à une catastrophe. «
Puis la SNCF n’a rien répondu et n’a manifestement pas non plus fait l’effort de surveiller les dires de Christian.
Une négligence qui aura coûté la vie à 6 personnes.
Christian interrogé par Le Parisien explique : » Je connais l’exigence de la SNCF sur la qualité des pièces métalliques qu’elle commande. A l’époque, les produits étaient régulièrement et minutieusement contrôlés en laboratoire. Pour moi, s’il y a eu défaillance, il faut regarder du côté de la maintenance des voies. Il y a eu négligence et le courrier de la SNCF montre que c’était même assumé. »