Après 30 ans dans le couloir de la mort, il est enfin reconnu non coupable des crimes dont on l’accusait
Antony Ray Hinton a été libéré de prison en 2016. Condamné à mort en 1986, il a passé 30 ans derrière les barreaux pour des crimes qu’il n’a jamais commis. Malgré les incohérences lors de son procès, il a été condamné. Il a attendu son tour dans le couloir de la mort, jusqu’à son ultime recours devant la Cour suprême des États-Unis. Regardez la vidéo pour découvrir sa terrible histoire.
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Anthony Ray Hinton se trouvait à une vingtaine de kilomètres du lieu de l’agression
Vers minuit, dans la nuit du 25 au 26 juillet 1985, deux événements se sont produits en même temps, à une vingtaine de kilomètres l’un de l’autre, en Alabama. Ce soir-là, à 23 heures 57, Anthony Ray Hinton, 29 ans à l’époque, a pointé pour démarrer son service de nuit dans le dépôt d’un supermarché où il travaillait. Il a pointé sa fin de service à 4 heures du matin. Vers minuit 30, cette nuit-là, alors qu’Anthony Ray Hinton travaillait à l’entrepôt depuis une demi-heure, dans un autre coin de la ville de Birmingham, Sidney Smotherman, le patron d’un restaurant a été victime d’un accident de voiture alors qu’il rentrait chez lui. Un homme lui est volontairement rentré dedans en voiture, puis l’a menacé avec une arme et lui a demandé de faire demi-tour vers son restaurant, arme contre la tempe. Une fois dans le restaurant, le braqueur tire dans la tête de Sidney. Il est laissé pour mort mais survit.
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Il est arrêté sur base d’une identification sur photo
Plus tard, lors de l’enquête, la police propose plusieurs photos de suspects à Sidney Smortherman afin qu’il identifie le braqueur qui a tenté de le tuer. Il désigne Anthony Ray Hinton. La même année, quelques mois auparavant, des autres gérants de restaurants sont morts dans les mêmes circonstances, dans la même ville. Il n’en a pas fallu plus pour que la police relie les trois affaires et comme Sidney avait désigné Anthony Hinton comme coupable, les autres affaires lui ont été imputées. La police est arrivée chez lui pour l’arrêter pour une tentative d’homicide et deux homicides. Chez lui, ils ont trouvé un pistolet de calibre 38, qu’ils ont immédiatement pris pour l’arme du crime. C’est là qu’a commencé le calvaire d’Anthony Ray Hinton, qui allait avoir pour domicile une cellule d’1,5 m sur 2 m, pour les 30 prochaines années de sa vie.
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Il est condamné à mort pour deux homicides et une tentative de meurtre
Anthony Ray Hinton n’était pas très fortuné et a dû se contenter d’un avocat commis d’office par l’État. L’expert en balistique qui a étudier l’affaire était un homme peu sûr de lui, qui n’avait qu’un œil. Lors du procès, l’expert a lu son rapport et a affirmé que les traces de balles retrouvées dans les trois affaires ne correspondaient pas à l’arme d’Anthony Ray Hinton. Mais le tribunal n’a pas suivi le rapport de l’expert, jugeant celui-ci un peu bancal, à cause de sa pauvre vision. Pas de chance pour Anthony Ray Hinton, il connaissait aussi un ancien employé du restaurant de Sidney Smotherman. Il avait eu un différend avec cet homme, pour une histoire d’ex copine. C’est cet homme qui aurait influencé Sidney Smotherman pour qu’il reconnaisse Anthony Ray Hinton sur les photos. Le tribunal n’a pas tenu compte qu’Anthony Ray Hinton avait pointé à l’entrepôt 30 minutes avant l’agression du restaurateur, qui se trouvait à une vingtaine de kilomètres de là et qu’il aurait été impossible pour Anthony Ray Hinton de rouler jusque-là en si peu de temps. Peu importe le résultat du détecteur de mensonge qui a indiqué qu’Anthony Ray Hinton disait la vérité. Peu importe le rapport balistique qui invalidait la correspondance de l’arme. Face à un jury populaire composé d’hommes blancs, dans l’État d’Alabama, Anthony Ray Hinton a été condamné à la peine de mort en décembre 1986.
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Il raconte le calvaire du couloir de la mort dans un livre
Avant de procéder aux exécutions, les condamnés à mort peuvent vivre des années dans le couloir de la mort. Ils vivent dans des cellules minuscules. Ils sont escortés six fois dans la semaine à la douche. C’est à peu près le seul moment où ils quittent leur cellule. Le seul contact humain qu’ils ont est avec les gardes qui les font traverser les couloirs. Ce sont aussi les mêmes qui actionneront les décharges. Jusqu’en 2002, en Alabama, la chaise électrique était le moyen en vigueur pour exécuter les prisonniers, passant à cette date à l’injection létale. En 30 ans, Anthony Ray Hinton a compté 54 codétenus qui ont été exécutés. Les condamnés à mort étant considérés comme les pires prisonniers de l’établissement pénitentiaire, leurs conditions de vie sont terribles. Le petit-déjeuner est servi à 3 heures du matin, le déjeuner à 10 heures et le diner vers 14 heures.
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Il attend son tour pendant 30 ans, dans des conditions de vie extrêmes
Tellement sous le choc, Anthony Ray Hinton n’a pas ouvert la bouche pendant 3 ans, lorsqu’il était en contact avec des employés de la prison. Il avait droit à la visite de sa mère et d’un ami, une fois par mois. Sa mère et son ami devaient faire un voyage de 7 heures en voiture, aller-retour, pour se rendre à la prison… jusqu’à ce que sa mère soit trop âgée pour se déplacer. Après quelques années, Anthony Ray Hinton a eu le droit d’entrer en contact avec d’autres condamnés à mort et à rejoindre un club de lecture. Là, il s’est lié d’amitié avec un prisonnier, Henry Hays. Cet homme blanc devenu son ami, était un ancien membre du Ku Klux Klan, en prison pour le meurtre sous torture d’un garçon noir. Le jour où Henry Hays est passé sur la chaise électrique, tous les prisonniers, même noirs, lui ont rendu hommage, sans faire de différence, comme ils avaient l’habitude de le faire à chaque exécution.
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La Cour suprême des États-Unis finit par le invalider le jugement
Un à un, les prisonniers ont entendu leur nom. Ils devaient être prévenus un mois avant la date d’exécution. Une fois ce préavis prononcé, l’issue était inévitable. Au bout de 15 ans, après différents procès en appel, un avocat de renom s’est intéressé au cas d’Anthony Ray Hinton et a décidé de le défendre. Bryan Stevenson était un peu l’ange gardien des condamnés à mort, ayant l’habitude de défendre les cas les plus désespérés. Pendant les 15 années suivantes, il a utilisé tous les recours possibles pour faire annuler la condamnation. Au bout de trente ans, en 2015, l’affaire est remontée jusqu’à la Cour suprême des États-Unis, l’instance judiciaire la plus importante du pays, et la Cour a reconnu l’erreur de jugement.
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Il vit à présent reclus chez lui
Il a finalement pu retrouver sa petite maison, dans sa ville natale. Depuis 2016, il y vit tranquillement et discrètement. Il n’est pas sorti assez vite de prison, sa mère étant décédée en 2013. Il a décidé d’écrire un livre pour raconter son histoire. The Sun Does Shine raconte son calvaire et les conditions extrêmes de survie des condamnés à mort. Il y liste aussi les 1200 personnes qui attendent leur exécution actuellement, partout aux États-Unis. Selon lui, un sur dix aurait eu une condamnation injustifiée. Il a réclamé 1,5 million de dollars de dommages à l’État d’Alabama, qui lui ont été refusés, n’ayant pas réussi à prouver son innocence.
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Crédits : New York Times, Reuters, AL.com/Landov, Redux